Ces entreprises qui bichonnent leurs employés pour augmenter la productivité

Ces entreprises qui bichonnent leurs employés pour augmenter la productivité

13 décembre 2017 Mieux vivre au travail 0

Donner du pouvoir aux salariés, organiser des soirées raclettes ou des tournois de ping-pong, certaines entreprises françaises chouchoutent leurs employés. Derrière ces politiques orientées vers le bien-être des travailleurs, se cache la nécessité d’attirer les meilleurs éléments et d’augmenter la productivité.

Tous les vendredis matin, les salariés de BlaBlaCar se rassemblent dans les locaux de leur entreprise pour un petit-déjeuner. Au milieu du mobilier aux couleurs chatoyantes, ils dégustent croissants et baguettes payés par la boite. A grand renfort de jus d’orange et autre café, la start-up française met les bouchées doubles pour conserver le fameux « esprit startup », malgré la forte croissance du nombre de salariés de l’entreprise de covoiturage. Depuis sa création, BlaBlacar cumule les prix, tels que « Great Place to Work » ou « Happy At Work », distinguant les bonnes conditions de travail des salariés.

Ces labels récompensent notamment les innombrables initiatives lancées pour les employés. En plus des croissants du vendredi matin, les employés de la startup peuvent bénéficier de cours d’anglais gratuits, de covoiturage gratuit, d’un séjour de ski de quelques jours offert par BlaBlacar…etc. « Ces dépenses sont un investissement stratégique. Cela permet de gagner en  productivité, car un salarié qui se sent bien, travaille mieux », estime Kevin Deniau, le manager en relations publiques de l’entreprise. BlaBlacar tient également à communiquer à tous les salariés, lors de « BlaBlaTalk », les informations internes de l’entreprise de la façon la plus transparente possible pour que chacun se sente impliqué. « On est tous dans le même bateau », pense Kevin Deniau.

Impossible de savoir si c’est efficace

 

Derrière ces méthodes de management venues tout droit de la Silicon Valley, se cache des impératifs économiques. Tout d’abord, augmenter la productivité des salariés : « Ils peuvent travailler dans quasiment toutes les positions selon celle qui les rend les plus efficace », indique Kevin Deniau. Le second objectif est d’attirer les meilleurs éléments possibles pour l’entreprise. « Il y a une pénurie de talents dans notre secteur d’activité », ajoute le responsable des relations publiques de BlaBlacar. Loin d’être gratuit, s’assurer du bien être des employés sert avant tout à gagner plus d’argent.

Cependant, il est difficile de mesurer les impacts réels de ces politiques. L’entreprise de covoiturage refuse de divulguer le moindre chiffre lié au nombre de salariés qui choisissent de quitter l’entreprise ou qui ont des maladies professionnelles tel que le burn-out. Motus et bouches cousues aussi pour les sondages annuels distribués aux employés sur les conditions de travail.

Payer pour le label

 

Lorsqu’on se penche sur les palmarès des labels comme « Great Place to Work », on se rend compte que la majorité des entreprises appartiennent au secteur de l’économie numérique. En 2012, 146 entreprises de plus de 50 salariés ont concouru, soit environ 1% des entreprises de cette taille. Et pour faire partie de ce classement, il faut payer une somme conséquente, au minimum 3900 euros.

Petits déjeuners gratuits, chasses au trésor dans des vignobles, apéro hebdomadaire : AB tasty, un fabriquant de logiciel classé 4ème au « Great Place To Work », a adopté les mêmes recettes que BlaBlaCar. Et leur « Chief Happiness Officier », un salarié chargé d’instaurer une bonne ambiance au sein de l’entreprise, veille au grain. La responsable des ressources humaines de l’entreprises, Adeline André, admet que ces activités ont pour but de promouvoir « la marque employeur ». En bref une opération de communication pour soigner l’image d’une entreprise et attirer les salariés. Selon Adeline André la méthode a porté ses fruits : « Nous recrutons beaucoup et avons peu de départs ». Cependant comme BlaBlaCar, AB Tasty refuse de divulguer le moindre chiffre. Difficile de confirmer que les salariés sont véritablement heureux et plus productifs au travail lorsqu’ils sont accueillis le matin avec des croissants.

David Simantov Levi