L’Université Paris Dauphine est dotée d’une bibliothèque riche en ressources et services. Toutefois, est-elle à la hauteur pour accueillir les nombreux étudiants dauphinois ?
Etre étudiant à l’Université, c’est entamer un combat (plus ou moins acharné) dans l’optique de réussir son année. Dans la pratique, ce « combat » se traduit par rester assis sur une chaise des heures durant. Une majorité d’étudiants de l’Université Paris Dauphine ne passe généralement pas une journée sans s’assoir sur l’une des chaises vert pomme de leur tendre bibliothèque universitaire, qu’ils ont coutume de dénommer « BU ». Bien qu’y étudiant tout le long de l’année, j’ai pendant une semaine observé et interrogé les étudiants et le personnel au sein de la « BU » dauphinoise.
La bibliothèque d’étude se situe au 6ème étage de l’établissement Paris Dauphine. Y accéder peut parfois être le résultat d’un lent périple dans un ascenseur qui, entre midi et deux, en plus d’être bondé, s’arrête à tous les étages. Une fois à l’entrée de la BU, il suffit de sortir sa carte étudiante, la passer sur le lecteur de carte, entendre un « bip » et enfin, passer le tourniquet.

Le tourniquet
L’équipe des professionnels qui travaillent à la bibliothèque se trouve à l’entrée. Murielle Giraud, adjointe responsable du service politique documentaire fait partie de l’équipe. Un BAC +3 d’étude d’histoire en poche, elle travaille au sein de la bibliothèque depuis Septembre 2017. Sa mission principale est « l’achat de livres, de périodiques ou de bases de données ». Murielle Giraud m’informe que l’équipe professionnelle de la bibliothèque est constitué d’une « quarantaine de personnes aux profils variés ». Cette équipe se catégorise en trois catégories : A, B et C. La catégorie A représente l’équipe responsable de service, constituée des conservateurs bibliothécaires. La catégorie B comprend les catalogueurs, qui rentrent les données dans le portail numérique et qui s’occupent des acquisitions et de la signalisation de la qualité de nouveaux documents. Enfin, la catégorie C correspond aux magasiniers dont le rôle est d’accueillir le public et de s’occuper de l’entreposage des livres.
Un manque de place
Une fois passé l’accueil de la bibliothèque, les étudiants ont le choix entre deux allées principales. L’une, à gauche, « coté Boulogne » dirigée Nord-Ouest, l’autre, à droite, « coté Paris », dirigée Sud Est. Il ne reste plus qu’à trouver une place ! La BU de Dauphine, est pleine à craquer aux « heures de pointes » : entre midi et quinze heures, (ces heures peuvent varier selon les périodes de partiels). Bien que la BU ait une capacité de 723 places de lecture, il arrive parfois de ne trouver aucune place. Pour remédier à ce problème, Esprit Do, une fédération d’association dont le but est de représenter les étudiants dauphinois auprès de l’administration, avance différentes solutions sur son site Internet. D’abord, Esprit Do propose la « création d’une plateforme indiquant les salles vides dans Dauphine », afin que les étudiants puissent trouver une alternative face au manque de place dans la bibliothèque. Ensuite, Esprit Do soumet l’idée d’autoriser l’accès des Master 1 à la bibliothèque de recherche (2ème bibliothèque réservée initialement aux Master 2) afin de « libérer des places […] pour les licences ». Toutefois, ces solution n’ont pas encore vu le jour.
Ressources
La bibliothèque comporte des endroits prisés de tous : les salles de travail en groupe au nombre de 17. Pour être utilisées, ces dernières doivent être réservées au préalable sur le site Internet de la bibliothèque. Aux tailles variables, ces salles sont le fruit d’un « investissement mobilier » fructueux. Certaines sont par exemple équipées d’un « dispositif de partage et de visualisation d’écrans de portables proposé par le fournisseur MediaScape » (rapport de l’Université 2015 de la Bibliothèque de l’Université Paris-Dauphine). C’est salles de travail sont un bon moyen de se retrouver en groupe pour travailler. Quand j’interroge une Lucie, en L2, sur le sujet, elle me répond : « Dès que j’ai un exposé, je réserve une salle de travail, c’est très efficace. Par contre il faut toujours réserver à l’avance.»

Une salle de travail
L’emprunt de livres
L’espace entre les deux allées principales de la bibliothèque est complété par des tables de travail, et par de nombreuses rangées d’étagères sur lesquelles des livres de toutes sortes sont entreposés. Quand je demande à Max, un étudiant en Licence 2, s’il a l’habitude de rechercher des livres, sa réponse est négative : « Non, souvent je trouve les informations dont j’ai besoin sur Internet, même si j’imagine que parfois les livres peuvent être plus complets ». Toutefois, Adrien, un autre étudiant en Master dit : « depuis que j’ai mon mémoire à rendre, j’ai saisi que les meilleures informations que je trouve, ou en tout cas les plus précises, sont dans les bouquins. D’abord, je regarde sur le site Internet de la BU ce qu’il y a à dispositions, et ensuite je vais chercher ce qu’il me faut ». Une dernière étudiante de L2 que j’interroge, Lisa, m’explique qu’elle emprunte rarement de livres, mais lorsqu’elle fait la démarche, « c’est souvent pour chercher des manuels » qui lui permettent d’avoir un deuxième énoncé d’un cours qu’elle n’a pas compris. Quand j’interroge Murielle Giraud concernant l’emprunt de livres, elle confirme que les « manuels sont beaucoup demandés, tandis que les livres pointus peuvent être quant à eux consultés une fois tous les dix ans. » Elle poursuit en évoquant le succès de la mise en place de livres électroniques. En effet, le portail électronique de Dauphine, nommé « Odyssée » comprend un riche panel de ressources numériques contenant « des documents des bibliothèques d’étude et de recherche, ainsi que de nombreux articles, ebooks et chapitres d’ouvrage ». Le « rapport d’activité 2015 de la bibliothèque de l’université Paris Dauphine » démontre d’ailleurs que le nombre de prêts en bibliothèque d’études est passé de 48 931 en 2011 à 29 905 prêts en 2015. Le rapport explique ces résultats par le succès de la mise en place d’e-books, expliquant que les « es chercheurs (ou étudiants) trouveraient en numérique les livres dont ils ont besoin et délaisseraient l’emprunt des exemplaires imprimés ».

Livres entreposés
Services
Toutefois, les ressources numériques sont si nombreuses et variés, que l’on pourrait s’y perdre. Murielle Giraud m’informe alors que la Bibliothèque « propose des formations aux étudiants et aux enseignants ». Ces dernières portent sur une présentation de la bibliothèque, des documents proposés et de la base de données numérique. Ces formations visent à permettre une utilisation optimale de l’ensemble des ressources proposées par la Bibliothèque.
J’apprends également grâce à Murielle Giraud l’existence de rendez-vous individuel proposés aux étudiants. Ce service, intitulé « Coach My Doc! » offre aux étudiants une « aide pour leurs recherches documentaires ». Ainsi, en tant qu’étudiant, si tu as une thèse ou un projet à faire, un bibliothécaire pourra t’épauler et trouver pour toi des ressources documentaires en rapport au sujet de ton projet.
Le service communication de la bibliothèque a également innové en proposant « un jeu de piste » aux étudiants. Je rencontre Assel, étudiante en L2, qui a participé à cette activité au début de l’année. « Le jeu de piste se déroulait par étapes. Il y avait des énigmes, comme des messages codés, à partir desquels on devait effectuer des recherches sur la plateforme numérique pour ensuite retrouver les ouvrages qui correspondaient aux énigmes. Le but étant de trouver l’ouvrage avant l’équipe adverse ». Quand je demande à Assel son avis sur cette initiative, elle me répond qu’elle « aime beaucoup l’idée, que ça incite à prendre en main les plateformes de la BU et savoir s’en servir concrètement ». Elle rajoute que « le personnel de la bibliothèque était très cool et encourageant ».
Discipline
Lieu de travail, la BU est pour la plupart du temps une « zone » silencieuse. Toutefois, des incidents sonores peuvent faire lever de leur cahier les têtes des étudiants, et quelquefois les faire sourire. Des écouteurs mal branchés qui font résonner une douce musique des années 80 ; l’ouverture d’une vidéo snapchat ou encore, un charmant son de hoquet. Bien que ces bruits soient insignifiants, ils arrivent que la BU soient emprunte de période de troubles où chuchotements et gloussements viennent rompre la paix intellectuelle des étudiants. Les hauts parleurs viennent alors réprimander les dissidents. Quand j’interroge Murielle Giraud concernant son avis sur la discipline à la bibliothèque, elle me répond souriante qu’elle trouve les « étudiants agréables ». Depuis qu’elle travaille à la bibliothèque (depuis Septembre 2017) aucun n’étudiants n’est venu directement à elle pour se plaindre du bruit.En revanche, elle poursuit en évoquant « le tableau à post-it ». Si toi aussi, étudiants dauphinois, tu n’avais jamais prêté attention à ce tableau, mais que tu sais où il se trouve (à l’entrée de la BU, sur la gauche), sache qu’il est pourtant mobilisé par un rare nombre d’étudiants. Murielle Giraud m’informe que ces « post-it » se plaignent particulièrement de la propreté des toilettes de la BU.

Le tableau « Post-It »
Fermeture
La BU se vide de ses habitants au fur et à mesure que les aiguilles de l’horloge de l’entrée avancent. Vers dix-huit heure trente, quelques lampes de bureau sont allumées par-ci par-là et donne un air chaleureux à la bibliothèque. « Coté Défense » les immeubles du quartier des affaires étincellent, « coté Paris », la Tour Eiffel scintille. A vingt heure, les membres du personnel de la bibliothèque ont fini leur journée de travail et laisse leur place aux « moniteurs étudiants ». La plupart sont « de jeunes étudiants, payés par l’Université », m’informe Murielle Giraud. A 20h30, la BU s’est déjà dégarnie d’une bonne moitié d’étudiants. Seuls ceux qui resteront jusque vingt et une heure trente pourront remarquer le personnel du ménage qui balaie le sol marron et qui passe un coup de chiffon sur les tables en bois. Passé vingt et une heure quarante-cinq, les étudiants commencent à sortir : pour certains, le travail continue une fois arrivés chez eux.

Vue de nuit sur la Défense
Andréa Martel,
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