Les collégiens confrontés au passé au Mémorial de la Shoah

© Nathalie Darbelley

Inauguré en 2005, le Mémorial de la Shoah constitue un lieu différent pour chacun : celui de la découverte, de l’apprentissage, du recueillement, de la mémoire.

 

Les visiteurs de ce mardi 6 mars 2018 livrent leurs impressions de leur passage au Mémorial de la Shoah, musée de la mémoire du génocide juif situé dans le 4ème arrondissement de Paris.

Découvrir la réalité de la Shoah

Laurence et Clément sont à leur première visite du mémorial et ils contents de voir cette histoire en vrai

Clément et sa mère se rendent pour la première fois au Mémorial. Ils sont étonnés, particulièrement face au mur des noms. Ce mur répertorie les noms de 76 000 Juifs déportés depuis la France vers les camps de concentration et d’extermination. La quasi-totalité d’entre eux ont été tués, seuls 2 500 ont survécu à leur déportation. Pour Laurence, ces noms écrits si petits sont à la fois fous et pesants.

« C’est bien mieux de voir ce mur en vrai que de le regarder à la télévision !», Clément

Le mur des noms recense année par année les déportés juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale

 

Des étudiants en BTS (brevet de technicien supérieur) Commerce International sont également présents  pour une visite. Au début du circuit, Arnaud ne sait pas où il se trouve. Il suit le mouvement de sa classe et apprend qu’il est au Mémorial de la Shoah. Pour lui, cela n’a rien de très impressionnant.

Maxime est plus impressionné par le lieu où il se trouve qu’Arnaud

Prendre conscience de l’histoire

Contrairement à son camarade, Maxime trouve ce lieu marquant. Le nombre de victimes a même quelque chose d’effrayant selon lui. Les cours d’histoire ne rendent pas vraiment compte de l’ampleur du génocide. Il est difficile d’en prendre conscience uniquement à travers les chiffres donnés dans une salle de classe.

 

Emma, Héloïse et Marie sont en deuxième année d’un BTS Tourisme à Paris. Elles suivent un atelier pour pratiquer en tant que guides accompagnatrices. Si elles sont toutes les trois impressionnées par le mur des noms, Emma est la plus touchée. C’est la première fois qu’elle vient et pour elle,

« on sait mais quand on voit, ça devient la réalité », Emma

Marie, à l’inverse, se sent habituée avec les nombreuses plaques commémoratives dans les différentes communes.

Des lieux d’apprentissage

Etienne, Bilal et Billal sont venus avec leur classe pour approfondir l’étude du génocide juif

Bilal, Billal et Etienne, élèves en terminale scientifique, viennent de Bourgogne pour passer l’après-midi au Mémorial de la Shoah. Bien que ce soit la première fois qu’ils s’y rendent, Etienne pense avoir davantage appris au Mémorial National de la prison de Montluc à Lyon. C’était effectivement la première fois qu’il se rendait à un musée appréhendant les enjeux de la Seconde Guerre mondiale. Il se souvient avoir été ému notamment à la visualisation d’un extrait du procès de Klaus Barbie, officier en charge de la police de sûreté allemande basé à Lyon. Au Mémorial de la Shoah parisien, les jeunes garçons se confrontent plus aux chiffres.

« Ne pas oublier »

Alessia et Sandrine vont aller chercher leur nom de famille sur le mur des noms

Pour Sandrine, ce mémorial constitue un lieu de recueillement. Elle a du sang commun avec des victimes de la Shoah comme son oncle. Aujourd’hui décédé, il avait réussi à revenir des camps. Sa fille Alessia vient pour la première fois. Elle a souhaité venir par intérêt et affection pour cette période historique. Elle note le nombre de noms de famille identiques sur le mur de noms. Il s’agissait bien de catégories de personnes stigmatisées. Sa mère ajoute :

« Et il s’agit uniquement des victimes françaises ! », Sandrine

Leur nombre total est encore plus important : on trouve 600 000 noms au mémorial de Yad Vashem en Israël.

Le Mémorial des enfants participe au projet « Un visage sur un nom » © Mémorial de la Shoah

Interrogées au sein du Mémorial des enfants, Alessia ne distingue pas adultes et enfants. Cette pièce est recouverte de photographies d’enfants, où sont également inscrites leurs dates de naissance et celles de leur départ pour les camps. D’après Alessia, les adultes se rendaient compte de l’atrocité de ce qu’ils subissaient alors que les enfants n’avaient pas nécessairement conscience de leurs conditions de vie.

« La discrimination pouvait ne plus être spécifique et orientée. », Alessia

Elle cite, bien qu’elle sache qu’il s’agisse d’une fiction, le film La vie est belle. Dans cette comédie dramatique, le père Guido fait croire à son fils Josué que la vie dans le camp de concentration est un jeu pour gagner un char d’assaut. Pour Alessia, l’information la plus marquante de sa visite au musée est celle de la collaboration. La jeune fille ne pensait pas que la participation française avait eu un impact si grand sur le génocide juif.

 

Pour Elena, professeure d’espagnol à Orléans, c’est la porte de la baraque n°6 l’endroit le plus remarquable du mémorial. En effet, l’entrée en bois de ces bâtiments, où résidaient les déportés dans les camps de concentration, est installée au sein du musée. Des lettres et des photographies sont consultables à côté. Sa collègue Sandrine ajoute que cela est d’autant plus prenant, sachant que la majorité des déportés de cette baraque étaient originaires de Beaune-la-Rolande, dans le département du Loiret, où elles habitent. Sandrine est affectée par le mur des noms. Elle s’est mise à lire et se sentait obligée de ne plus arrêter.

Les deux enseignantes apprécient beaucoup l’exposition temporaire « Beate et Serge Klarsfeld, les combats de la mémoire (1968-1978) ». Ancien rescapé, Serge Klarsfeld milite avec son épouse pour la reconnaissance de la Shoah et de la responsabilité de ceux qui l’ont mise en œuvre. Elena déplore la reconnaissance du travail de Beate Klarsfeld, effacée comparée à son mari, à deux jours de la journée des droits des femmes, le 8 mars. Elle explique que Serge Klarsfeld a initié sa femme à son histoire. Et  celle-ci est allée au-delà des espérances de son époux dans son travail.

Elena et Sandrine, enseignantes à Orléans, viennent approfondir les lieux de leur prochaine sortie scolaire

Les professeures préparent au mémorial une prochaine visite scolaire. Il y a un besoin de ne pas oublier et ceci au niveau international. En Espagne, la loi sur la mémoire historique, particulièrement pour reconnaître les victimes du franquisme, est adoptée en 2007. En Amérique Latine, le communisme laisse place aux dictatures argentine, chilienne ou uruguayenne. Ces pays ont abrité de nombreux nazis. Recherchés par Beate et Serge Klarsfeld, ils ont pu être jugés, dans l’optique de poursuivre le combat à l’encontre des crimes contre l’humanité.

Une place où travailler

Joël Abécassis, réalisateur s’intéressant à la religion juive, apprécie la simplicité d’une visite au mémorial

Joël Abécassis, réalisateur pour Les chemins de la foi, série d’émissions religieuses diffusée sur France 2, tourne un de ses quatre épisodes « Judaïca ». Après des rencontres avec Serge Klarsfeld et des spécialistes de la Shoah, l’auteur s’intéresse désormais à son mémorial. Avec l’écriture d’un roman sur la Seconde Guerre mondiale, l’exposition temporaire lui apprend peu. Toutefois, il apprécie le couloir où l’on trouve de petites télévisions diffusant divers témoignages, ainsi que la crypte.

La crypte, au premier plan et la porte de la baraque n°6, au fond © JC Boussiquet

On y trouve une flamme au sein d’une étoile de David en marbre, tombeau symbolique des six millions de Juifs morts sans sépulture. Cette petite lumière a quelque chose d’impressionnant pour le réalisateur. Le Centre de documentation reste un endroit génial pour l’auteur : il y trouve des livres, en cas de manque d’inspiration. Le Mémorial de la Shoah constitue pour Joël Abécassis avant tout un endroit calme pour travailler.

Lisa Guinic

 

c’est bien tourné bien construit. il faudrait que ce soit un peu plus vivant. côté enrichissement vous pouvez trouver de nombreuses ressources à integrer (youtube, data etc)

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