Le centre-ville de Rueil-Malmaison se réveille, dimanche matin, après l’effervescence des « gilets jaunes » de la veille.
C’est bien à cet endroit-là, sur la place de l’Eglise, hier, que les manifestants avaient bloqué la circulation et la fin du marché. Aujourd’hui tout est bien plus calme, et plus vide surtout. Même la fontaine, au cœur de la place, s’est vidée de son eau depuis la veille. Les lumières du sapin électrique de Noël qui la surplombent sont éteintes et amplifient le côté sombre de ce dimanche bien pâle. Les traces des jets d’eau du marché de la veille sont encore bien visibles au sol tandis qu’une dizaine de pigeons s’attroupent autour des quelques déchets de légumes verts qui jonchent le sol.
Les magasins qui entourent l’Eglise sont presque tous fermés. Les seuls résistants encore ouverts sont vides et à peine éclairés. Une devanture bleu électrique attire l’attention, la vendeuse habillée tout en noir semble bien seul au fond de la boutique, attendant d’un air désespéré un client. Un bruit crissant, à s’en boucher les oreilles, arrive lentement au loin. Ce sont les petites roues du vélo rouge d’un enfant qui ne tournent plus et raclent le sol. Son air innocent, criant à son père de le regarder tandis qu’il pédale à toute vitesse, égaye cette matinée bien grise.
Au loin, les couleurs vives du drapeau national et des fleurs au pied du monument aux morts donnent encore un peu plus de vie au quartier. Deux scooters noirs arrivent du coin de la rue dégageant le même bruit de moteur trafiqué que des moto-cross. Une odeur de gaz d’échappement pollue alors toute la place et remplace le doux parfum de baguettes de la boulangerie qui vient à peine d’ouvrir. Les cloches de l’Eglise sonnent pour annoncer 10h. Un nouveau dimanche ordinaire peut commencer.
Victor COUSIN
Be the first to comment on "Un lendemain difficile"