9 novembre, 17h06, gare Montparnasse, train direction Le Mans.

Dans le train peu éclairé aux sièges bleu turquoise, un groupe de 3 jeunes femmes d’une vingtaine d’années s’installent dans un carré. Après avoir déposé leur sac de voyage pas plus large qu’un bagage cabine, la grande brune à veste en cuir demande « ça ne vous dérange pas si je me mets dans le sens de la marche ? je suis facilement malade. » et s’assoit près de la fenêtre après le hochement de tête de ses copines.

Chacune s’installe confortablement. La plus petite se met à lire Désolée, je suis attendue d’Agnès Martin-Lugand pendant que la plus âgée des trois commence à réviser ses cours de droit. Le Code Civil qu’elle dépose sur la table mesure entre 5 et 10 centimètres de hauteur. La couverture rouge est abimée et un tampon sur la tranche indique que l’ouvrage provient de la bibliothèque de la fac de droit d’Assas à Paris.

Le train se remplit petit à petit. Un homme d’une quarantaine d’année aux cheveux grisonnants tenant la main de son garçon de 5 ans s’adresse au groupe de filles : « Excusez-moi mesdemoiselles mais il me semble que c’est ma place ». Le petit garçon fixe intensément l’étudiante en droit avant murmurer qu’il s’appelle Julien et qu’il aimerait bien aller sur ses genoux. Amusées et attendries, les trois amies rangent leurs affaires, prennent leur veste à la main et s’en vont à la quête d’un nouveau carré.

Sacha Nicourt