Tous les vendredis soirs, l’équipe 2 du Tennis Club de Suresnes se retrouve pour préparer la saison 2019-2020 avec comme seul objectif en tête la remontée dans la division supérieure.
C’est un vendredi soir d’hiver, à 20H, au moment où le froid commence à geler les doigts que les joueurs de l’équipe 2 du Tennis Club de Suresnes (TCS) viennent s’entrainer coûte que coûte. Quand le club house ferme ses portes, et que les derniers enfants de l’école de tennis quittent les courts, ils sont les seuls résistants sur la terre battue propre au TCS. Le club est d’ailleurs bien atypique. Au beau milieu des maisons sur les hauteurs de Suresnes, la petite grille verte avec écrite « TC SURESNES » est peu évidente à remarquer. Pourtant quand on pousse ses portes, on découvre un espace bien entretenu, entouré de verdures. Il y a d’abord un premier court, le court n°1, sur la droite, sous une immense bulle blanche salie par la poussière de la terre battue. Puis après une longue allée de graviers, c’est une sorte de grand hangar désaffecté en tôle vert qui abrite deux autres courts. C’est sur ces courts-là qu’a lieu l’entrainement tous les vendredis.
Des blessures à répétitions après une saison difficile
Cette fois-ci, l’équipe est décimée. Au moins trois joueurs manquent à l’appel dont un pour une blessure assez sérieuse au genou, et deux autres, exténués de leurs semaines, préfèrent ne pas se rendre à l’entrainement. Il ne reste plus que Dorian Leprince, 26 ans, professeur à l’école de Tennis, classé 15 et numéro 1 de l’équipe, et Jérôme Rabaste, 33 ans, jardinier paysagiste à son propre compte, dans l’équipe depuis une dizaine d’année. Deux profils très différents, c’est la force de cette équipe. Âgés de 44 à 19 ans, les joueurs se retrouvent tous les vendredis depuis la fin de l’été et ce malgré une saison dernière un peu décevante. Bien installé en Division Régionale 2, l’équipe a rétrogradé en Régionale 3 après une saison marquée par les absences de certains cadres, et une relégation cruelle à la dernière journée à la différence de sets gagnés.
Une remontée pour sortir de la crise?
« Cette année, l’objectif est bien évidemment la remontée » comme le confie Antoine, capitaine de l’équipe depuis maintenant 12 ans.
L’objectif est clair et primordial pour une équipe qui est devenu championne départementale en 2012 et dont les ambitions de rejoindre l’équipe une en première division régionale sont affichés au grand jour. Face, à ces blessures à répétitions, le choix des joueurs par le capitaine va être capital pour la tentative de remontée.
Absent le vendredi, il laisse chaque année les entraînements sous le contrôle de Dorian. Pull a capuche rouge, jogging noir et écharpe autour du cou ce soir, il ne s’est pas encore échauffé. Avant de commencer c’est bien le froid qui remplit ce hangar bien peu isolée. Jérôme arrive lui aussi dans la foulée, exactement dans la même tenue, par hasard, que son partenaire. Une boite de balle tout neuve est ouverte dans un bruit semblable à l’ouverture d’une boite de conserve. Les balles bien jaunes remplacent sur le court les vieilles balles usées qu’on donne aux enfants pendant toute la semaine. L’entrainement peut doucement démarrer.
Un entrainement dans des conditions particulières
Après une dizaine de minutes d’échauffement où ils plaisantent sur la technique de revers de Jérôme qui revient d’une blessure au poignet, ils enlèvent toutes leurs couches de vêtements pour se retrouver en short, t-shirt sous ces 5 petits degrés. « Les choses sérieuses peuvent commencer » lance Dorian. La pluie commence à tomber sur le toit et les claquements sur la tôle résonne sur tout le court. Quelques petites gouttes s’échappent du toit et s’écrase sur les bords du court. Le vent fait trembler la tôle qui entoure le court. Le ciel va bientôt leur tomber sur la tête! Imperturbable, les deux joueurs sont habitués à une situation récurrente en hiver au club.
Après quelques séries où ils comptent tranquillement les points, ils commencent à s’entrainer au service pour entamer un set. Les premiers services partent bien, Dorian se trouve trop relâché ce soir « en match je réfléchis trop » lance-t-il à son partenaire de l’autre côté du filet. C’est le leader de l’équipe. L’année dernière, il a remporté tous ses matchs de simple mais c’était insuffisant pour aller chercher le maintien. Cette année la donne est différente pour lui. La dernière fois que l’équipe 2 était descendu, il n’avait perdu en moyenne que 2 jeux par match. Il devra aller chercher la remontée en gagnant les doubles. Jérôme sait, de son côté, que ce sera plus compliqué cette saison. Il attend avec sa compagne un heureux événement qu’il souhaite, bien sûr, plus tard, qu’il ou elle prenne sa place en équipe.
Les premiers jeux défilent dans ce set d’entrainement en faveur de Dorian. Jérôme lève les bras au ciel tout sourire quand il arrive à gagner son premier jeu « Vamos, c’est le tournant ça » lance-t-il en rigolant même si on l’a bien plus entendu râler sur ses nombreuses fautes. L’atmosphère est bien détendu ce vendredi. A chaque changement de côté, ils viennent finir les derniers bonbons restants de Dorian qui était destinés à ses élèves. « Bien sûr que c’est pour moi plutôt que pour les enfants » plaisante Dorian. Boom, le préparateur des terrains, vient, lui aussi, réchauffer le court par sa bonne humeur en déboulant en gilet jaune pour leur souhaiter un bon weekend. Après un dernier point disputé, le premier set est conclu par Dorian, le doigt pointé vers le ciel pour chambrer son partenaire. Le stress du début de saison semble bien loin.
Une saison encore loin dans les esprits
Après 1h40 d’entrainement, c’est Pierre-Yves Jousset qui débarque sur sa trottinette électrique. Blessé depuis 2 semaines au mollet, il vient uniquement pour le restaurant post-entrainement habituel du vendredi. Son arrivée pousse les deux sportifs à s’arrêter. Après un petit tour d’essai de la nouvelle trouvaille de Pierre-Yves, un petit débrief prend place dans les vestiaires sombres, remplis d’appareils de musculation laissés à l’abandon. « Qui va jouer cette année ? » lance Pierre-Yves. « C’est au capitaine de décider » lui répond Dorian. L’objectif de la remontée est évident dans toutes les têtes. Le seul problème est la surface sur laquelle ils vont jouer. L’équipe est toujours en difficulté, hors de ses bases, surtout sur des surfaces différentes de la terre battue où ils ont l’habitude de jouer. Loin des émulations d’une saison encore longue, le sujet est vite clos et le choix du restaurant prend vite bien plus d’importance. Objectif remontée ou non, ce n’est surement pas par un régime qu’ils prépareront leur saison.
Victor Cousin
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