REPORTAGE – La gare Montparnasse est en chantier pour trois ans. Nouveau confort, nouveau design, ainsi résume le slogan de cette nouvelle campagne de travaux. Entre la hausse du nombre de voyageurs et les mutations que rencontrent le ferroviaire, les défis sont nombreux. La gare est-elle prête pour un nouveau départ ? Réponse sur place.

« Le TGV numéro mille huit cent cinquante-trois à destination de Bordeaux-Saint-Jean va entrer en gare voie une ». Ce samedi soir gare Montparnasse, c’est le train-train habituel. Une centaine de voyageurs se presse de rejoindre la voie une, comme si de rien était. Et pourtant beaucoup de choses ont changé. Ce n’est que le début.

Depuis juin dernier, 130 ouvriers s’activent sur le chantier titanesque de la gare Montparnasse. Ils ont jusqu’en 2020 pour donner une cure de jeunesse à la gare, qui vieillit mal. Objectif affiché : rendre la gare « plus lumineuse et plus attractive », selon les mots prononcés sur BFM par Valérie Verhaeste, la directrice du projet. Ce chantier prend place dans un environnement en pleine mutation.

Nouveaux temps, nouvelles habitudes

Premier bouleversement en avril 2017 lorsque des portiques de sécurité débarquent dans les gares. Apparus dans un contexte lié à une recrudescence du terrorisme, ils ont changé les habitudes des voyageurs. Désormais, « il faut s’y prendre à l’avance » explique Eva qui fait la queue pour accéder à la voie une. Si elle dit comprendre ces mesures anti-fraude, elle explique arriver désormais « vingt bonnes minutes » avant le départ de son train.

Le cas d’Eva est loin d’être isolé. Avec elle, de plus en plus de voyageurs s’attardent en gare alors qu’ils ne faisaient que passer auparavant. C’est ce qu’explique Denis, au comptoir du Starbucks qui vient d’emménager face aux quais. « Les gens ne viennent pas seulement prendre le café ici, ils ont le temps en attendant leur train. […] Et puis depuis pas longtemps il y a aussi ceux qui restent pour faire les boutiques ».

Cachez ce béton que je ne saurais voir

L’occasion de faire un tour du côté des quelques nouveaux commerces : Swatch, Jeff de Bruges, et même Levi’s : voilà la vieille gare Montparnasse transformée en galerie haut de gamme. Dans un coin, une vaste baie vitrée donnant sur la tour homonyme surplombe une salle d’attente plus que design.

Le contraste avec la partie ancienne est saisissant. Quelques mètres plus loin, c’est un enchevêtrement de fils et d’échafaudages en tout genre, le tout se profilant sur le gris terne d’un béton omniprésent. Rien à voir avec les grands panneaux de verre aux angles arrondis qui embrassent désormais le visiteur. Un autre monde, une autre époque surtout, pour cette gare reconstruite dans les années 60.

« Faites comme chez vous »

Julie, hôtesse d’accueil du salon grand voyageur, y voit surtout une volonté d’être plus accueillant, alors qu’ « on attend 90 millions de visiteurs en 2020, soit 20 millions de plus qu’actuellement ». « Les décos de Noël rendent la gare plus chaleureuse, ça donne envie de faire un tour. Les voyageurs doivent se sentir comme chez eux », abonde son collègue Thomas.

Quelques mots qui prennent tout leur sens alors qu’à deux pas un piano en libre-service côtoie canapés et TV branchée sur BFM. Le tout pour satisfaire les inconditionnels de l’information comme les amoureux de Chopin.

Monique applaudit chaleureusement le dernier morceau joué par un amateur. Est-elle satisfaite par tous ces nouveaux services ? « Si seulement les trains partaient à l’heure », soupire-t-elle. Une chose est sûre, Monique n’est pas prête à passer Noël gare Montparnasse.

Raphaël Tabusse