20h, 7 rond-point des Champs-Élysées à Paris, le commissaire-priseur Francis Briest s’apprête à débuter une vente aux enchères d’oeuvres contemporaines estimées à des prix qui dépassent la bar des 100 000 euros pour la plupart. Après s’être rendu le dimanche à l’exposition, les acheteurs s’apprêtent à enchérir pour obtenir l’oeuvre de leur souhait. Mais l’obtiendront-ils au prix souhaité? Vont-ils dans le cas échéant enchérir sur d’autres oeuvres jusqu’à en acheter une même si celle ci n’est pas le premier choix? Leur but est-il de repartir avec une peinture coûte que coûte?
Lundi 3 décembre 2018 se tient dans les locaux d’Artcurial au 7 rond-point des Champs-Élysées à Paris une vente aux enchères d’œuvres contemporaines d’après-guerre. De Andy Warhol à Fernand Léger en passant par Robert Combas, de nombreuses sculptures et tableaux sont à vendre. La notoriété de ces artistes se reflète dans le prix de réserve de leurs œuvres qui peut parfois atteindre jusqu’à 1 million d’euros. Mais qui sont ces acheteurs prêts à dépenser une fortune dans tableau parfois pas plus grand qu’une feuille A4 ? Sont-ils tous des passionnés et fervents amoureux du savoir-faire pictural ?
Exposition préalable des oeuvres
Le dimanche 2 décembre de 14h à 18h à lieu l’exposition préalable des œuvres. Cette exposition permet aux potentiels acheteurs de découvrir les œuvres vendues et de les analyser plus longuement. Dans un bâtiment à trois étages au style haussmannien sont exposés plus d’une cinquantaine de tableaux et sculptures. Parmi elles Le rêve de le mariée de Marc Chagall peint en 1980, une huile et encre de Chine sur carton entoilé estimé entre 200 000 et 250 000 euros.
Les visiteurs
Les visiteurs ont des profils en somme assez différent, nous y avons interrogé un jeune homme en manteau long d’une trentaine d’années pour qui « l’art c’est magnifique et malheureusement de nos jours accessible que par cercle restreint de bourgeois ». Plus loin deux amies cette fois ci âgées d’une peu plus de 70 ans se baladent et commentent une oeuvre en céramique de Lucio Fontana estimée entre 800 000 et 1 200 000 euros : « oh non je n’aurais jamais les moyens et je trouve ça délirant de mettre autant d’argent dans une oeuvre d’art, mais il est vrai que c’est un bon moyen de payer moins d’impôts et dans ce cas là l’argent est plus utile et plus appréciable à regarder dans une sculpture que dans une banque. ».
Les acheteurs
Nous réussissons enfin à rencontrer des potentiels acheteurs. La femme accompagnée de son mari et de son enfant de 10 ans pose un ordre d’achat sur un tableau de Jules Perahim, en quelques mots elle ne sera pas présente à la vente du lendemain mais souhaiterait renchérir jusqu’a 5000 euros. « Et le safran il est où ? » demande-t-elle avant de se diriger vers une autre pièce. Elle continue sa visite et pose plusieurs ordres sur environ 4 oeuvres. Après multiples tentatives d’approche c’est son mari qui accepte de répondre à quelques unes de nos questions en restant toujours très vague, ils semblent être une famille qui aime l’art et qui aime le collectionner.
Lundi 3 décembre, 20h, début de la vente
La salle se remplit. 30 personnes sont assises sur les chaises en plastique noir disposées dans la salle du deuxième étage. Face à eux, le commissaire-priseur, le crieur et des commissionnaires. Les enchères débutent, dès la troisième oeuvre deux acheteurs dont l’un qui surenchérit par téléphone se dispute l’oeuvre. L’homme de 70 ans accompagné de sa femme et de son fils remporte l’enchère et son oeuvre est adjugée à 300 000 euros. Pendant plus d’une heure, la moitié des oeuvres ne partent pas et pas plus de 3 acheteurs se disputent les autres. Au vu de leurs enchères chaque personne présente qui souhaite acheter a une oeuvre et un prix bien précis en tête.
L’art, une passion.
L’art reste au final une passion pour la plupart des acheteurs qui disent « acheter des oeuvres d’art pour le sentiment qu’elles leur confèrent, que celles ci soient chères ou non ». Les acheteurs n’ayant pas obtenu l’oeuvre qu’ils souhaitaient acheter ont préférés repartir les mains vides plutôt qu’avec une peinture de second choix. Sur 3o personnes, une seule femme enchérit sur plusieurs oeuvres avant de finalement remporter une vente.
Sacha Nicourt
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