Quand Nathalie Loiseau plaide pour une renaissance européenne

photo : R.Tabusse

Nathalie Loiseau donnait samedi 29 mars son premier meeting de campagne, alors qu’elle vient d’être investie tête de liste LREM-MODEM-Agir. Une entrée en matière qui a une valeur de test alors que ses débuts de tête de liste ont été critiqués en coulisses jusque dans les rangs de la majorité. Objectif: tourner la page des Gilets Jaunes et lancer la campagne-éclair des européennes.

Samedi en début d’après-midi, cap sur les docks de Paris. C’est là-bas que la désormais ex-ministre des Affaires Européennes Nathalie Loiseau tient le meeting inaugural de sa campagne européenne. Sur les invitations, un seul mot: « Renaissance », la bannière choisie par la majorité présidentielle pour fédérer tous ses soutiens, du canal historique de La République En Marche en passant par le Modem et Agir, le petit dernier regroupant des anciens des Républicains. Ce rendez-vous est un véritable test pour Nathalie Loiseau, qui doit répondre aux critiques concernant sa candidature: entre les soupçons d’insincérité dus à sa déclaration aux allures faussement improvisées sur France 2, et les procès en technocratie envers l’ancienne directrice de l’ENA, les défis sont nombreux. Mais surtout, elle doit parvenir à embrayer le pas sur l’exécutif, alors que le Grand débat touche à sa fin.

Les militants affluent vers les docks de Paris, à Aubervilliers (Photo : R.Tabusse)

Le meeting doit commencer dans plus d’une heure et la foule est déjà compacte. Il faut franchir pas moins de cinq barrages filtrants dont deux palpations pour arriver à bon port. Et dans la queue, ça râle: « Je ne pensais pas qu’on allait à EuroDisney » peut-on entendre.  A vrai dire, on croirait presque entendre les paroles d’Aznavour: « Vers les docks où le poids et l’ennui me courbent le dos ». Mais l’ambiance reste relativement bon enfant, le soleil aidant: beaucoup plaisantent et crient à la cantonnade dans cette foule hétérogène. Pour autant, certains semblent comme absents, une journaliste de C dans l’Air confiant « galérer à trouver des jeunes ». Pas très loin, des badauds tentent d’estimer la moyenne d’âge: « 40 ans ».

Une liste hétéroclite

Dans la salle, c’est une toute autre atmosphère: on croirait rentrer dans une salle de concert. Au milieu, l’estrade est comme un ring sur laquelle s’apprêtent à monter les candidats.  Des tubes comme RunAway résonnent aux quatre coins du hall, histoire de chauffer à blanc les militants, venus en nombre: quelque 3000 étaient présents, selon des organisateurs.

Le hall a des allures de salle de concert, ou bien de combat de catch, au choix (Photo: R.Tabusse)

Ceux-ci sont dans l’ensemble cléments avec Nathalie Loiseau. La plupart l’estiment « compétente », comme Michèle, 63 ans, qui l’a vue quelques jours auparavant à Saint Germain en Laye. Si elle la juge « peu charismatique », elle estime que « ça se travaille ». François, 38 ans, ne la connaît pas, mais est surtout venu défendre des idées et veut envoyer « le maximum de députés pro-européens, progressistes, et écologistes » au Parlement européen.

Tout commence avec la présentation de la liste, soignée et détaillée, comme un contrepied au fiaso qu’a été la présentation officielle de Stéphane Séjourné quelques jours plus tôt. Puis les discours de candidats s’enchaînent les uns après les autres. Le grand écart est à son comble lorsqu’apparaissent tour à tour Pascal Canfin, ancien DG de WWF et Xavier Fournier, ancien président des Jeunes Agriculteurs. « Ca ne va pas plaire aux vegans », s’amuse un miltant. Pour autant, c’est le seul candidat qui prononcera des propositions détaillées, en l’occurence sur la PAC.

L’écologie comme fer de lance

Nathalie Loiseau fait alors une entrée triomphale, devant la quasi-totalité du gouvernement. Apparue fatiguée sur les plateaux TV, elle semble comme requinquée dans un tailleur rouge vif. Malgré des moments poussifs, elle se prête à l’exercice avec détermination. La voilà qui enfile les petites phrases assassines: « Le recyclage, c’est bon pour la planète, pas pour la politique », dit-elle en vantant les mérites de sa liste. De fait, il sera beaucoup question d’écologie. A telle point que Judith, 65 ans, militante Modem des Yvelines, trouve que cette thématique « est plus importante que ce qu'[elle] avait perçue », et demande à ce que l’on précise la question des « réfugiés ».

Ce qui n’empêche pas ses adversaire d’être clairement désignés: il s’agit de « faire barrage aux nationalismes », comme l’explique avant elles les candidats. A ce propos, la tête de liste n’est pas moins tendre: « Ne les sifflez pas, battez-les ».

Nathalie Loiseau termine son meeting par un discours à la tribune, dans laquelle elle appelle à une Renaissance européenne. (Photo: R.Tabusse)

Ce meeting aura laissé l’impression d’une performance en demi-teinte, à l’image de la salle: à l’avant, dans les gradins et dans le champ des caméras, des militants convaincus, enthousiastes et prompts aux applaudissements; et à l’arrière, une salle qui marmonne dans un lourd chuchotement de fond. A l’image d’un discours qui est parvenu à révéler la pugnacité de celle qui l’a prononcée tout en laissant sur sa faim ceux qui voulaient entendre des propositions concrètes.

Raphaël Tabusse

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