Ce samedi 2 novembre, les coeurs ne sont pas à la fête à la gare d’Aix-en-Provence. Les quelques voyageurs du trajet Marseille-gare de Lyon tentent de s’occuper en attendant le train salvateur qui les ramènera à la capitale.
Signe de la fin des vacances, le ciel bleu disparaît derrière les nuages noirs. Malgré la température de 18°, la gare d’Aix-en-Provence est glaciale. Même l’odeur de pain chaud du stand Paul n’y change rien. Une dizaine de voyageurs se pressent devant l’étalage de sandwichs jambon beurre pâlichons pour y trouver du réconfort. En face de cette boulangerie, cinq voyageurs sont assis sur des bancs en bois design. Une quarantenaire brune, toute de bleu vêtue, de la doudoune bleu canard au basket Nike en passant par les lunettes essaye, sans succès, d’empêcher ses deux jumeaux de se disputer. Les têtes blondes, dans leurs deux marinières délavées, ne peuvent s’empêcher de coller leurs doigts gras sur le distributeur Selecta rouge. Les couleurs violettes de la pub du paquet de chamallow choco du distributeur a attiré leurs regards. « maman on veut des bonbons » s’écrient-ils. La mère exténuée trouve un peu de répit grâce au train gris vétuste qui passe sur la voix trois. Il fait vibrer les bancs et émerveille les deux enfants.

Une annonce SNCF vient rompre ce début de calme dans la gare : « les voyageurs à destination de paris gare de lyon, départ prévu à 12h16 sont invités à se présenter porte nord ». Dès lors, une horde d’enfants, sortie de nulle part se jette vers le quai. La petite colonie de six bambins est plus ou moins encadrée par un homme âgé, habillé en noir des pieds à la tête arborant fièrement une moustache grise et une chevalière dorée à son majeur. Les doudounes rouge, roses, bleue et noires qui courent offrent aux voyageurs un méli-mélo de conversations et de pleurs. « oh non il fait tout gris, tout moche. Il pleut » s’exclame une petite à la doudoune rose et aux deux couettes blondes. En effet, de grosses gouttes s’écrasent sur les baies vitrées de la gare. C’est définitivement la fin des vacances.

Salomé Ferraris
Be the first to comment on "La grisaille de la gare"