Observation dominical(m)e

Assis sur une des quatre chaises en tissu noir installées dans le hall d’entrée de mon immeuble, j’observe les allées et venues des résidents en ce dimanche matin.

Il est 9h26. Le silence règne dans le hall de ma résidence. Deux tables rouge laqué meublent la pièce et contrastent avec la froideur de l’ascenseur en inox sur ma droite, et des 64 boites aux lettres noires recouvrant, du sol au plafond, le mur à ma gauche. La première de ces deux petites tables carrées, celle qui est la plus éloignée de moi, contre l’immense baie vitrée accueillant la porte d’entrée de ce hall, est nue, dépourvue de tout objet qui d’habitude l’habille. En revanche, la seconde, juste devant moi, est ensevelie sous une pile désordonnée de prospectus pour les derniers fast-food ouverts dans le quartier, au milieu desquels trois exemplaires du dernier magazine de la ville de Nanterre, le numéro 448, s’y confondent.

Le briseur de solitude

Il est 9h42. Un homme entre essoufflé. Avec lui, le froid extérieur s’immisce, en quelques secondes, dans la pièce de dix de mètres carrés à peine. L’homme d’une vingtaine d’années s’essuie les pieds sur l’immensurable tapis noir tenu en place par deux énormes plantes artificielles dans leur pot anthracite. Ses lunettes rondes sont embuées, son long manteau mouillé. Dehors, il pleut. Il ôte ses lunettes, me regarde en plissant les yeux, l’air suspicieux. « Bonjour, je peux vous aider ? », demande-t-il visiblement troublé par ma présence. Je le rassure et lui explique l’exercice d’observation qui est le mien. Un sourire se dessine sur son visage désormais apaisé. Il me souhaite une bonne journée, monte dans l’ascenseur qui se referme aussitôt bruyamment.

Léo Potonnier

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