Montres en vitrine, horloges au mur, et pendules modernes à chaque recoin… Depuis le mois de décembre, c’est dans un univers calme et paradoxalement hors du temps que la manufacture Utinam de Besançon propose à ses clients d’entrer « dans la peau d’un horloger ». Sous les consignes bienveillantes d’un professionnel, Marie, étudiante en médecine, a pour mission d’assembler une montre. Une expérience unique pour promouvoir un artisanat local.
15h24. Les aiguilles des pendules de la manufacture horlogère Utinam de Besançon indiquent la même heure. Il est temps pour Marie, étudiante en médecine, d’enfiler sa blouse et de s’essayer aux gestes du métier d’horloger. Ce mardi 31 décembre, la jeune femme de 19 ans est venue participer à l’atelier « Dans la peau d’un horloger ».
Montage d’une montre à quartz, d’un mouvement automatique ou assemblage d’un mécanisme de pendule… Depuis le mois de décembre, l’Utinam propose des stages d’initiation à l’horlogerie.
Un travail minutieux
Cet après-midi de Saint-Sylvestre, c’est au tour de Marie de jouer les apprentis d’un jour. Entourée du tic-tac apaisant des nombreuses pendules de la boutique, la jeune femme reproduit minutieusement les gestes d’assemblage initiés par Christophe Pourcelot-Martins, horloger de la manufacture bisontine. Couvre-doigts aux mains pour ne laisser aucune trace, l’objectif est de disposer le cadran et les différentes aiguilles. Roue des heures, roue de minuterie, brucelles, potence… « L’horlogerie n’est pas si simple, il y a des protocoles à respecter et un outillage spécifique à utiliser. C’est un savoir-faire unique », souligne l’artisan du temps qui a travaillé près de trente ans en Suisse et qui ajoute : « l’atelier permet de réaliser et de comprendre une des opérations horlogères, mais il en existe beaucoup d’autres ».

Après trente ans d’expérience en Suisse, c’est à l’Utinam que l’horloger Christophe Pourcelot-Martins transmet son savoir-faire aux stagiaires.
Après une demi-heure de travail minutieux et attentif, l’étudiante a reconstitué le mécanisme d’une montre à quartz. « Ce n’était vraiment pas si facile » confie-t-elle, sourire aux lèvres et blouse sur les épaules, « mais ça reste une expérience très intéressante ».
Concevoir soi-même sa propre montre
Située face au Musée du Temps de Besançon, c’est en 2015, entre les murs en pierres de Chailluz, que la manufacture Utinam s’est édifiée comme le temple de l’horlogerie comtoise contemporaine. A l’intérieur, ce sont des montres de créateurs suisses, franc-comtois et parisiens en édition très limitée qui sont données à voir aux curieux. Les douze pièces numérotées de la montre mécanique au cadran en météorite, fabriquées par la manufacture, témoignent de cette exclusivité. Mais, au-delà d’une simple boutique, c’est une expérience que l’Utinam souhaite faire vivre aux clients qui franchissent la porte. « A l’origine c’est une idée de Philippe Lebru [fondateur et unique propriétaire de la manufacture Utinam, NDLR], mais elle a été partagée par toute l’équipe », explique Nathalie Bonduaeux, manager de la marque, des boutiques et de l’atelier Utinam. « Nous souhaitons que l’Utinam soit le fer de lancement de l’expérience client en horlogerie ». Dès le mois de janvier, la manufacture proposera des stages d’assemblage payants. « Le but, c’est que les gens repartent avec une montre qu’ils ont conçue eux-mêmes », indique Nathalie Bonduaeux.
Comme Marie, de nombreux apprentis d’un jour se sont mis dans la peau d’un horloger depuis la mise en place de ces ateliers. Qu’ils aient moins de quinze ans ou qu’ils soient retraités, qu’ils soient Bisontins ou touristes de passage, tous repartent avec une loupe oculaire à l’effigie de l’Utinam et un diplôme d’horloger d’un jour. Un bon moyen de redorer les couleurs de la capitale horlogère.
Suzanne Bouaouli
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