Éloge de la lecture à l’UNESCO

Le hall Ségur s’est transformé en lieu d’échange entre le public et les associations et maisons d’édition présentes. © Léo Potonnier

Samedi 18 janvier 2020 s’est tenue la quatrième édition de la Nuit de la Lecture lors de laquelle bibliothèques, librairies, établissements scolaires et universitaires, lieux culturels, centres sociaux, etc. accueillent un public bibliophile. Et cette année, pour la première fois, l’UNESCO a répondu à l’appel du ministre de la Culture Franck Riester. Récit.

Il est tout juste 16 heures au cœur du VIIème arrondissement de Paris, place de Fontenoy, lorsque les portes vitrées de l’entrée de l’imposante Maison de l’UNESCO s’ouvrent. Très vite, des dizaines d’enfants et d’adultes s’y faufilent, après un passage obligatoire sous le portique de détection de métaux. A l’intérieur, les organisateurs de ce rendez-vous prononcent, chacun leur tour, un discours de bienvenue et présentent le programme de la soirée. « Cette année, l’UNESCO a choisi de placer cet événement sous le thème de la “Lecture sans frontières“ afin de rendre hommage à tous ceux qui font de la lecture une occasion de rencontrer l’autre », précise Armelle Arrou. La cheffe de la section des événements spéciaux invite ensuite les enfants présents à rejoindre l’atelier de contes africains. Cet atelier est animé par Fati Bado de l’association Bolodiou. Elle propose notamment des cours de danse africaine et des spectacles contés en région parisienne.

Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, s’est félicitée du succès de cette soirée sur Twitter.

L’inclusion par la lecture

Au pied des immenses colonnes de béton brut du hall Ségur, des stands sont installés. L’UNESCO a invité dix institutions qui œuvrent en faveur de la lecture pour l’inclusion. Parmi elles, La Voix de l’Enfant. Depuis 1981, cette fédération de 80 associations membres intervient dans 103 pays et est connue pour sa lutte contre toutes les formes de maltraitance infantile. « Nous menons également des actions ayant pour objectif de faciliter l’accès à l’éducation via la scolarisation et la culture. Nous avons d’ailleurs noué un partenariat avec la maison d’édition L’école des loisirs fin 2019 », ajoutent Virginie et Isabelle, respectivement chargée de communication et chargée de projet à La Voix de l’Enfant. 

Lectures de textes sur la tolérance

Une centaine de Parisiens est restée suspendue aux lèvres des intervenants. © Léo Potonnier

Les enfants ne sont pas les seuls à pouvoir s’évader un instant ce soir. Un public averti d’une centaine d’hommes et de femmes prend place dans la salle de conférence attenante. Assis sur des coussins ou sur des petits tabourets, il écoute dans un silence absolu des extraits d’œuvres littéraires qui lui sont lus. Raisonnent alors les dialogues de La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière et les vers du poème de Louis Aragon, La Rose et le Réséda, interprétés avec passion par l’acteur, producteur et réalisateur Frédéric Darie. Même les quelques enfants qui sont encore présents cessent de lire les livres qui, jusqu’à présent, les avaient happés. Ces textes posent la question de la religion, de « Celui qui croyait au ciel ; celui qui n’y croyait pas » et portent un beau message de tolérance.

Le comédien Frédéric Darie a su captiver son auditoire. © Léo Potonnier

Des écrivains de renom présents

Il n’y sans doute personne de mieux placé pour parler d’un livre que son auteur lui-même. C’est pourquoi l’UNESCO a convié quatre éminents écrivains à se prêter au jeu, dont l’écrivain juif Marek Halter. L’homme distingué de la Légion d’honneur est venu présenter son dernier essai intitulé Pourquoi les Juifs ?, paru le 16 janvier dernier aux éditions Michel Laffon. Intarissable sur le sujet, il confie nouer une relation passionnelle avec les livres. « J’appartiens à une culture où les livres sont sacrés. Le judaïsme interdit de brûler ou de jeter un livre. Nous considérons les livres au même titre qu’une vie humaine », explique-t-il. 

L’écrivain Marek Halter est intervenu pour présenter son dernier livre. © Léo Potonnier

Quand on l’interroge sur le pouvoir des livres et leur place dans notre société, il répond un brin nostalgique mais toujours optimiste : « C’est vrai que l’objet livre perd de son importance. Les habitudes de lecture et le langage changent avec le digital et les réseaux sociaux. On passe à une autre littérature, avec des phrases plus courtes. Il faut aujourd’hui trouver de nouvelles stratégies, de nouveaux supports, pour intéresser le lecteur. » Et Marek Halter de conclure : « Dans tous les cas, le livre reste l’outil privilégié de la transmission ; il y a aussi l’oral certes, mais il finit toujours par être retranscrit. » 

Marek Halter s’est livré à une séance de dédicaces lors de laquelle le public s’est montré reconnaissant. © Léo Potonnier

Cette première participation de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) à la Nuit de la Lecture est un succès au vu de la fréquentation. En effet, 550 personnes ont fait le déplacement et en sont ressorties ravies. Les organisateurs se disent « très contents de cette expérience » et espèrent pouvoir la reconduire l’année prochaine.

Léo Potonnier

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