Élie Chouraqui devant l’objectif du Studio Harcourt

©Léo Potonnier

En mars dernier, le réalisateur Élie Chouraqui avait rendez-vous chez le Studio Harcourt pour se faire tirer le portrait. Une première pour celui qui a pourtant une longue et riche carrière artistique.

« Je suis enfin une star ! », plaisante Élie Chouraqui à la pause-café dans les loges du prestigieux Studio Harcourt. Il aura fallu attendre le mardi 3 mars 2020 pour que le réalisateur, producteur et scénariste franco-israélien obtienne son célèbre portrait en noir et blanc griffé Harcourt. « Je ne me voyais pas les appeler », ironise celui qui a également produit la comédie musicale Les Dix Commandements. « Comme pour l’immense majorité des personnalités passées par notre studio, la prise de contact se fait par l’intermédiaire d’une autre personnalité ou d’une connaissance », explique Agnès Brouard, chargée de la valorisation des collections chez Harcourt. Et Élie Chouraqui n’a pas dérogé à la règle. Présentant une émission hebdomadaire sur i24news, c’est suite à un reportage réalisé par une de ses collègues ici, au 6 rue de Lota, au cœur du XVIème arrondissement parisien, qu’il s’est vu proposer cette séance photo. Le rendez-vous était alors pris.

Dans le hall, le célèbre portrait de Carole Bouquet est exposé. ©Léo Potonnier

Le maquillage, une étape obligatoire

Alors que côté studio les assistants lumière règlent les derniers détails, le modèle du jour Élie Chouraqui, ponctuel et accompagné de son assistant-manager artistique Maurice, est invité à monter les marches de l’imposant escalier habillé d’un épais tapis rouge. A l’étage, il est conduit en loges. Après avoir déposé sa doudoune noire au vestiaire, il fait la connaissance de Pauline, la maquilleuse qui s’occupera de lui tout au long du shooting. « Étant le premier contact avec le client, notre rôle est très important. Nous devons le mettre à l’aise et instaurer une confiance », précise-t-elle. Pour ce qui est d’Élie Chouraqui, la tâche semble aisée. 

Avant la séance photo, Pauline matifie le teint d’Élie Chouraqui. ©Léo Potonnier

A peine assis sur le fauteuil, le réalisateur confie : « j’étais à New-York hier, je suis complètement décalé ». Ce à quoi Pauline, forte de son expérience, lui assure : « vous avez très bonne mine ! » Celle qui se dit penser en noir et blanc quand elle maquille procède alors à une unification du teint et un simple poudrage, tout en prêtant une attention particulière aux contrastes qui pourraient apparaitre sur la photographie monochrome. « Ce maquillage très matifiant fait aussi partie du cachet Harcourt. Le but est d’éviter toute brillance pour permettre ensuite au photographe d’être libre de jouer avec la lumière », explique Pauline avec passion. 

Un studio studieux

Le photographe justement, le voilà. Alors que le dernier coup de pinceau est donné, Nicolas fait irruption dans la loge maquillage et se présente à Élie Chouraqui. Ayant débuté chez Harcourt en tant qu’assistant lumière en 2014, il fait partie désormais de la poignée de photographes indépendants sollicités par le Studio. Nicolas invite le réalisateur et son ami-assistant à entrer dans la pièce attenante. Une seule porte sépare la loge rouge, dorée et lumineuse, du studio aux murs gris et sans fenêtre. Une discrète musique d’ambiance est perceptible, tantôt couverte par le craquement du parquet à chevrons sous les pas d’une des sept personnes présentes ce jour-là dans cet espace d’une vingtaine de mètres carrés. 

De nombreux projecteurs sont dispersés dans le studio installé dans un immeuble haussmannien du XVIe arrondissement. ©Léo Potonnier

Au milieu, sur une caisse drapée d’un tissu noir, Élie Chouraqui s’assoit. « Ne bougez pas, on s’occupe du reste », lance le photographe. Nicolas et Alexis l’assistant lumière ajustent les volets des neuf projecteurs. « Regardez sur votre gauche Elie ! Euh… je peux vous appeler par votre prénom ? », demande prudemment Nicolas. Une première série de prises de vue est effectuée en dix minutes. Quelques secondes de pause, le temps de déplacer les projecteurs, remplacer l’assise et changer de tenue : il troque son t-shirt noir, contre un autre t-shirt noir mais manches longues cette fois-ci. Puis, debout, l’ancien volleyeur d’1m90 enfile un gilet en maille côtelée, noir, toujours, et met ses lunettes rondes pour une vingtaine de photographies. 

Debout, Élie Chouraqui prend volontiers la pose. ©Léo Potonnier

Entre chaque prise de vue, un balai incessant se joue autour d’Élie Chouraqui. Nicolas, Alexis et Pauline travaillent main dans la main. « Ouvre un petit peu plus le volet de droite », « juste un point de lumière sur l’épaule gauche », « marque un peu plus la capuche », « fais-moi une diagonale en partant d’en haut à droite, s’il te plait Alexis », peut-on entendre par exemple. « Les lumières latérales lui allaient particulièrement bien. Elles lui donnaient beaucoup plus de caractère. D’ailleurs, les lumières de face ne lui allaient pas du tout », constate le photographe en fin de séance.

Pauline ajuste un pli du t-shirt tandis qu’Alexis règle les spots. ©Léo Potonnier

Complicité, productivité et efficacité

La séance ne durera qu’une heure contre deux à l’accoutumée. « Elie savait ce qui peut être intéressant car il a l’habitude de diriger des acteurs », avance Nicolas pour expliquer cette efficacité. En effet, tout au long du shooting, une véritable complicité artistique proactive s’est créée entre le photographe et son modèle. Nicolas n’a cessé d’encourager et de féliciter Élie Chouraqui. Impossible de compter le nombre de « très bien ! », « parfait ! », « c’est beaucoup mieux ! » ou autres « joli ! ». Enchanté, le photographe s’est même laissé aller à un surprenant « je veux de l’amour, de la gloire et de la beauté », provoquant le rire dans le studio. « On dirait moi derrière la caméra : ‘alors c’était très bien mais on va quand même la refaire’ », plaisante celui qui recevait ce flot de louanges.

Capter un regard et le souligner avec un écrin de lumière. ©Léo Potonnier

De son côté, le réalisateur a lui aussi été force de proposition, soumettant une pose : « il y a un truc que je fais aussi souvent », ou bien indirectement, en adoptant une attitude instinctive et naturelle entre deux poses. « Quand il bouge, il y a des choses qui se passent, on guette l’accident. De cet accident, on va capter une intention nouvelle », commente Nicolas. 

Nicolas le photographe garde toujours un œil sur les moindres faits et gestes de son modèle. ©Léo Potonnier

Il est midi et la séance s’achève avec quelques prises de vue supplémentaires en duo avec son ami Maurice. Élie Chouraqui retourne en loges sous les applaudissements après avoir félicité toute l’équipe. « On a beaucoup de belles images, le choix va être compliqué », se réjouit le photographe après un bref coup d’œil sur son appareil photo. Pauline lui demande alors : « vous voulez que je vous démaquille ? ». Elle procède à un rapide dépoudrage. Le photographe en profite pour lui expliquer les prochaines étapes. Ils conviennent d’un rendez-vous fin mars lors duquel vingt clichés seront présentés (le planche-contact). Ce jour-là, une unique photo sera sélectionnée et envoyée à l’équipe d’employés spécialisés dans la retouche. Un mois plus tard, une fois cette étape essentielle réalisée, le cliché sera recadré au format 24x30cm, imprimé puis remis en main propre à Élie Chouraqui, une des 40 personnalités à qui le Studio Harcourt offrira un mythique portrait en noir et blanc en échange d’un accord d’image. Une recette qui fait le succès de la marque depuis 86 ans.

Élie Chouraqui est rejoint par son assistant manager Maurice pour quelques prises de vue supplémentaires. ©Léo Potonnier

Léo Potonnier

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