Fin de journée

Vendredi 30 octobre à 18h00 le confinement est annoncé. Ne pouvons donc plus sortir, je me suis retrouvée confinée avec mon ami Thomas. Le temps est pluvieux, et il y a une faible luminosité. Je suis donc allée dans le salon observer comment il s’occupait en cette période de vide.

18h00, Villemoisson sur Orge, temps pluvieux.

Dans la maison dans l’angle de la rue, tout est calme. Un homme vêtu d’un grand pull gris trop large pour lui est seul assis à la table dans le salon et joue sur son ordinateur. Ses cheveux blonds lui tombent dans les yeux sans pour autant le déranger. La lueur blanche de l’écran éclaire partiellement son visage sans expression et se reflète dans ses grands yeux bleus.. Il s’agit de Thomas, ami des propriétaires de la maison. Seuls les claquements du clavier sont audibles et se perdent dans les couloirs de la grande maison.

Le son de la pluie

En tendant un peu l’oreille, Thomas pourrait entendre le clapotement lointain de la pluie sur les tuiles. Le salon comprend de grandes baies vitrées sur tout sa longueur, laissant largement entrer la lumière grisâtre du jour déclinant qui assombrit la pièce. Soudain, de nouveaux sons viennent perturber la tranquillité de la scène. Le son étouffé à peine audible des pattes molletonnées du chat s’approchent à mesure que l’animal descend l’escalier. Mais une fois que ses pattes touchent les dalles de marbre froides du sol, le son s’estompe. L’animal arrive dans le salon et se dirige silencieusement vers les jambes de Thomas pour se frotter contre lui. Thomas tourne la tête et se penche pour le caresser, son pelage est doux. Thomas se lève, faisant lourdement grincer la chaise brisant soudain le calme pesant qui jusque-là régnait. Il se dirige vers un coin plus reculé dans la salle à présent presque entièrement plongée dans l’obscurité. Il s’approche d’un objet lourd et massif : un piano droit. Il ouvre le clapet dissimulant le clavier et enlève la douce bande de tissu protégeant les touches. A l’instant où celles-ci sont visibles, Thomas sourit. Il s’assoit sur le siège en cuir qui grince légèrement sous son poids. Il frôle doucement les touches du bout de ses doigts comme s’il s’agissait de précieuses et fragiles reliques. Puis soudain, il joue. Le son du piano résonne faisant fuir le chat en courant. A présent, dans la pénombre, une mélodie adynamique s’élève, serpente et rempli la maison d’une douce mélancolie.

Ariane Million

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