Parenthèse automnale

Les jours se suivent et se ressemblent en cette période automnale. Mercredi 28 octobre. La météo peu clémente plonge la maison dans l’obscurité. Les cours à distanciel battent leur plein, la lumière blanche de l’écran d’ordinateur devient de plus en plus aveuglante. 13h45. A quelques heures de la tant attendue allocution du Président Emmanuel Macron sur un possible reconfinement, une promenade dans la campagne francilienne s’impose.

Bullion, 50 kilomètres au sud-ouest de Paris. C’est l’automne, le ciel se colore de gris. La promenade débute par une longue route goudronnée. Très étroite, elle est entourée par la forêt et ses impressionnants arbres. Hauts d’une quinzaine de mètres, ils arborent leurs couleurs d’automne. Un câble téléphonique se confond dans leurs branches, laissant penser que ce chemin mène à des habitations. La route devient de plus en plus étroite. Le vent se lève, quelques feuilles se détachent de leurs branches et virevoltent lentement jusqu’à heurter le goudron. Le calme règne, seul le bruit lointain des voitures se fait entendre par moment. A mesure qu’il s’estompe, c’est le son du vent et des feuilles qui l’emporte. La route est maintenant cabossée et jonchée de châtaignes, rares doivent être les voitures qui l’empruntent au quotidien.

Au bout d’un kilomètre, la forêt laisse place à une vallée, la route s’incline peu à peu et se borde de prairies d’un vert éclatant, étonnant pour cette saison. En l’absence d’arbres, le vent s’intensifie. En bas de la vallée, trois maisons en pierre et un hangar en taule occupent l’espace. Sous l’auvent de la première, se dresse une pile de bûches et un petit chat, blanc tacheté de noir, qui attend sagement. Ce lieu-dit prend un air de village de montagne, coupé du monde et hors-du-temps, en témoignent le petit pont en pierre qui traverse la rivière et le son éclatant de la cascade qui se trouve un peu plus loin. Le chemin, désormais en terre, mène à un immense pré parsemé d’une cinquantaine de moutons. Ils broutent calmement l’herbe, l’un d’eux lève la tête et bêle. Puis soudain, au bout du pré, la route départementale se dessine et un imposant SUV noir passe à vive allure. La promenade touche à sa fin et la vie reprend son cours.

Enza Michaux

@enzamcx

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