Le samedi après-midi, jour de repos, est devenu depuis l’annonce de Macron, le premier week-end avant une série de journées confinées à Paris. Dans une chambre d’enfant, face à un pré, l’envie de s’évader prend les tripes comme pour nier la pandémie nous touchant.
Si on lève les yeux de l’ordinateur du bureau, une immense fenêtre donne sur le pré du voisin. Un rayon de soleil sort de sa cachette, derrière un nuage, traverse les vitres et illumine la chambre.
De cette chaleur réconfortante, le bruit des cliquetis frénétiques sur le clavier du Macbook s’estompent peu à peu. Les bourdonnements des écouteurs s’arrêtent, le silence s’impose. Les lueurs du soleil pénètrent peu à peu la chambre et éclairent les innombrables peintures sur les murs. Des dessins d’enfants, John Lennon, des poésies, des acteurs, tous ces rêves accrochés au mur sont mis en lumière par ces doux rayons ensoleillés.
Après quelques secondes, le vent se lève et un souffle pénètre la chambre entre les fenêtres mi-closes. Il suffit de se pencher, au dessus du bureau, et d’éteindre l’ordinateur pour apercevoir le romantique pré aux couleurs verts-orangés. Le vent est calme, les branches des sapins dansent en harmonie avec les courants d’air, comme apaisés par un souffle maternel.
Soudain, des pies écrasent leur pattes sur la mousse des tuiles en briques rouges du voisin. Elles se dandinent, flânent. Les pies sont libres, survolent le confinement. L’herbe verte fraichement tondue semble n’avoir jamais été aussi belle, elle regorge de l’humidité de la brise du matin. Il suffirait juste d’ouvrir la porte en bois verte, au pied du mur et donnant sur le pré pour s’évader… Un hennissement se fait entendre à plusieurs mètres. Dans le reflet des vitres, vers ce même cri lointain, des corbeaux volent. Ils réalisent une ronde autour de l’église abandonnée. Seulement des colonnes de pierres en partie détruites persistent. La fenêtre donnant sur le pré se trouve à mi-chemin entre l’église macabre et délabrée et de l’autre côté un pré où l’on ne pourrait même pas rester plus d’une heure.
Pencher la tête à gauche et des canetons se trouvent au bord du ruisseau. Ils semblent si paisibles, ils nasillent et se laissent porter par les courants. Il n’y a plus de fleurs, juste des feuilles mortes jaunies par le temps. Enfin, les oiseaux s’envolent dans cette nature mi-morte et les cliquetis frénétiques sur le Macbook reprennent leur cadence.
Ines Chartois
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