Voyage en terre confinée

Il est dimanche 1er novembre, 10h17, je suis dans le train qui s’apprête à partir de Bruxelles en direction de Paris afin de rentrer chez moi à la suite de l’annonce du confinement par le président Emmanuel macron.

J’entends le contrôleur à l’accent belge nous disant que le train sera vide aujourd’hui : c’est le dernier jour pour pouvoir rentrer en France. Il scanne mon billet, regarde ma dérogation pour sortir du territoire avec un air amusé quant à la raison de mon déplacement. Créer une case « je rentre chez moi » était sûrement trop dur pour le gouvernement. Je suis assise à la place 72, voiture 5. Une femme s’approche de moi, elle me dit qu’elle est à la place 71 côté fenêtre mais il est hors de question que je me laisse abattre ! Je lui propose de se mettre à l’une des nombreuses autres places vides. Au même moment j’entends les portes coulissantes de ma voiture s’ouvrir de manière bruyante. Un homme a du mal à avancer avec tous ses bagages qui l’encombrent. L’un d’eux a une forme intrigante. J’attends qu’il passe devant moi afin de le regarder mieux, j’ai l’impression qu’il est enroulé d’aluminium. L’homme s’avance et se rapproche de mon siège. C’est en effet un bagage enroulé d’aluminium, drôle de concept. Heureusement une nouvelle petite tête attire mon attention. Elle se trouve sous le siège devant le mien. Je sens la petite tête se poser sur ma chaussure. Intriguée je regarde à qui elle appartient. Des grands yeux marrons me fixent, yeux qui appartiennent à un chiot d’à peine 5 mois. Il est beige, le poil encore tout ébouriffé : il n’y a pas de doute, c’est un bébé Golden Retriever. Il a l’air paisible, à moitié endormi sur ma chaussure, me regardant du coin de l’œil, sûrement en train d’espérer que sa maîtresse ne le fasse pas bouger de sa position. Alors qu’une bonne odeur de croissant et de café commence à se répandre dans le train, je ressens de légères secousses. Secousses qui deviennent de plus en plus fortes : je regarde par la fenêtre et le paysage commence à défiler devant mes yeux. Le voyage vers le confinement commence.

Paola Cartolano


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