Le street fishing, aussi appelé pêche urbaine, attire chaque année plus de 8 500 adhérents à Paris et dans la petite Couronne. Quais de Seine, Canal Saint-Martin, Bassin de la Villette sont autant d’endroits où vous risquez d’apercevoir des pêcheurs parisiens tirer sur leur canne à pêche à l’affût de carnassiers. Pourtant, le confinement a pesé sur cette pratique parfois collective.
Ce matin le ciel est couvert et la température n’excède pas les dix degrés Celsius, pourtant Jérôme est bien là, avec sa canne à pêche et son sac à dos. Encore aucune prise pour l’instant, le froid rend les poissons plus paresseux ; ils se cachent et sont donc plus difficiles à attraper. « Cela rend le jeu encore plus palpitant » me raconte Jérôme. La trentaine, web designer, il ne pêche que depuis deux ans mais s’est déjà bâti une petite réputation dans le milieu du street fishing. Grâce à son compte Instagram avec près de 5 000 abonnés, il est parfois contacté par des agences de presse et des marques pour tester du matériel. « Je ne m’attendais pas à autant d’entrain » s’exclame-t-il « tous les pêcheurs urbains ont un compte Instagram, pour partager leur passion ! ». Grâce à l’application pour les amoureux de la pêche Fishfriender, Jérôme a pu rencontrer d’autres adhérents. Régulièrement, ils organisent des sessions collectives avec des licenciés de tout âge.

« Un sport convivial »
Aujourd’hui sur le Bassin de la Villette, Jérôme pêche seul, mesure de distanciation oblige. Pourtant, il est interrompu à plusieurs reprises par des passants intrigués, enfants comme grands-parents. Ils discutent un peu et observent les gestes techniques du pêcheur. « La pêche facilite le contact ! Avec les passants mais aussi avec les autres pécheurs ». Le street fishing est une pratique active de la pêche, pendant une heure ou deux, les pêcheurs se déplacent. Il est donc fréquent de rencontrer d’autres passionnés. « C’est un sport convivial ! ». Les jeunes et les femmes sont de plus en plus nombreux à pratiquer cette discipline. Ceux-ci bénéficient de tarif préférentiel sur leur permis de pêche, de 21 € à 35 € au lieu de 78 € à l’année.
C’est ce mélange entre sport, rencontres et plein air qui a manqué à Jérôme lors du premier confinement. Malgré les demandes de la fédération (AAPPMA), les préfets ont refusé la pratique de la pêche. « c’était dur » raconte Jérôme « la pêche c’est un peu comme une addiction ». Tous les festivals de pêche et les compétitions ont été annulés à cause de la Covid-19, accentuant le sentiment de frustration.

Des répercussions sur le long terme
Depuis le 28 novembre, le street fishing peut reprendre avec la limite des trois heures et 20 kilomètres. Mais les répercussions du confinement se sont déjà fait ressentir. Sur les trois magasins parisiens spécialisés dans la pêche, la boutique la plus ancienne est au bord de la fermeture, nous confie Jérôme.
Seule note positive liée au confinement : le passage des péniches s’est fait plus rare, réduisant le bruit et les remous. La fédération a eu la bonne surprise d’observer deux phases de reproduction au lieu d’une en mars et avril. Les poissons sont donc plus actifs, surtout le matin. Jérôme me montre les piliers du pont, c’est là que se cachent perches, sandres et brochets. S’il en attrape un, il le relâchera avec précaution car il pratique le « no kill ».
Apolline Greiveldinger
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