Samedi 12 décembre 2020. Bullion, petite commune de 2000 habitants à 50 kilomètres au sud-ouest de Paris. C’est le jour du marché ! Instauré en 2015 puis officialisé en 2020, ce rendez-vous incontournable du week-end est une aubaine pour les habitants du village et des alentours, entre volonté de consommer local et lassitude des grandes surfaces.

11 heures. Le parking de la boulangerie s’est transformé en place de marché. L’odeur du pain chaud flotte dans l’air. En 2015, c’est le boulanger du village Julien Broussard, qui lance le défi d’instaurer un petit marché une fois par semaine. A l’époque, deux stands s’installent sur le bord de la route mais, en septembre 2020, la Mairie l’officialise en privatisant un espace dédié et en faisant appel à davantage de commerçants. En cette froide journée de décembre, quatre stands répondent à l’appel : Marc le maraicher, Davy le fromager ainsi qu’Alison qui vient vendre ses sachets de thé pour la première fois. Enfin, la remorque de « Truck de Oufff !  » s’est parée d’une guirlande, les fêtes de fin d’année approchent. Ses deux occupants, Ludivine et Romain, arborent leur bonnet de Père-Noel et sont prêts à vendre leurs plats préparés.

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Au centre de la place, un petit cercle se forme entre le Maire du village Xavier Caris, deux de ses adjoints et un gendarme. « Le marché est un vrai moment de convivialité, on retrouve le lien social que l’on avait perdu depuis des années. », déclare fièrement Monsieur le Maire, à l’origine de l’agrandissement du petit marché. « Je ne vais pas le remercier, mais le Covid a vraiment été moteur pour retrouver l’esprit de village d’antan. ». En regardant les stands qui l’entourent, il confie « On cherche à offrir des produits locaux aux habitants ».

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Marc, fièrement entouré de ses dizaines de cagettes débordantes de fruits et légumes, rie avec deux femmes qui semblent être des habituées. Il débat avec elles en se demandant depuis combien de temps il vient au petit marché de Bullion, « Non non ça ne fait que deux ans ! A l’époque, c’est le fromager qui m’a dit de venir, il m’avait indiqué qu’il n’y avait plus de marchands de légumes. ». Il pointe du doigts un gros fruit rond et lisse, « J’essaye de vendre des variétés rares et originales, là j’ai des pomelos et des navets marteaux, ainsi que des produits bio. ». Marc fait 85 kilomètres de route pour se rendre à Bullion et compte bien continuer, « En ce moment il y a beaucoup de monde qui vient, je ne sais pas si c’est parce que les gens veulent manger plus local ou par simplicité parce que c’est à côté de chez eux », s’interroge-t-il.

Claude-Michèle N., l’une des deux femmes devant son étale, lui répond « Plus local ! ». Habitante de Bonnelles, le village voisin, elle vient au marché tous les samedis matin depuis sa création. « Les grandes surfaces me gonflent ! », atteste-t-elle, « Ici c’est mieux que ce qu’on peut y trouver, je préfère discuter avec le commerçant et poser des questions sur les produits. En fait, je ne fais pas confiance aux grandes surfaces. ». Soulagée de sa déclaration, elle se tourne de nouveau vers Marc et sélectionne avec soin les produits qu’il lui propose. Juste avant de quitter le stand, elle évoque l’application mobile Illiwap, c’est ainsi que la commune notifie les habitants de l’actualité du village, « C’est vraiment génial, toutes les semaines je reçois la liste des commerçants que je trouverai sur le marché ».

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Du côté de Davy Colin, le stand lumineux éclaire cette matinée grisâtre et présente des spécialités normandes : divers fromages, des sots de crème et du jus de pomme parmi tant d’autres produits plus appétissants les uns que les autres. Philippe L. attend patiemment son tour dans une queue d’une dizaine de clients. Parisien la semaine et Bullionnais le week-end, pour lui « C’est l’occasion de rencontrer des personnes que l’on ne voit pas tous les jours ». Cet homme, à l’imperméable et aux cheveux poivre et sel, a décidé de rester au village pendant toute la durée du confinement, « Je profite encore plus du marché depuis le confinement, on a tout le temps devant nous, d’habitude quand je ne viens que le week-end je ne prends pas forcément le temps de venir ici. ». Enfin, il s’accorde avec Claude-Michèle N. en déclarant « C’est quand même plus sympa de venir ici qu’en grande surface ».

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Philippe L. salue Monsieur le Maire et lance « Il y a moins de monde aujourd’hui, sûrement la météo ». Xavier Caris acquiesce et se tourne vers le gendarme qui l’interpelle « A quand la viande et la charcuterie ? ». Agrandir le marché, c’est ce que souhaite le Maire à tout prix. « A terme, on aimerait créer quatre à cinq manifestations annuels avec un marché plus étendu, une dizaine de stands. Ce serait bien pour les fêtes comme la Fête des Mères ou la Saint-Valentin pour créer une émulation. On essaye aussi d’organiser des évènements comme aujourd’hui avec le stand de thé. »

Enza Michaux

@enzamcx