Les dauphinois de retour à l’université

Le mardi 3 novembre 2020, il est 17h07. Les étudiants en seconde année de la licence Science des Organisations de l’Université Paris-Dauphine, reçoivent la confirmation par mail de la tenue d’examen en présentiel la semaine du 30 novembre. Un mois plus tard, le vendredi 4 décembre. Il est 9 heures, les premiers élèves commencent à entrer dans l’université pour leur dernier examen de la semaine : l’épreuve de sciences politiques.

Près de huit mois après le début du premier confinement, les dauphinois de seconde année retournent sur le campus pour quatre jours d’examen en présentiel. Entre gel hydroalcoolique, masque et distanciation social, ce grand retour se fait dans des conditions bien particulières.

Le vendredi, trente minute avant leur examen de sciences politiques, les 500 élèves envahissent le campus. La cour et le hall se remplissent. Différents groupes se forment. Sur les escaliers droits, deux filles masquées se remémorent quelques dates à la dernière minute: « tu te souviens de la date des lois constitutionnelles ? ». A contrario, les étudiants dans la cour, semblent eux beaucoup plus détendus. Certains fument une cigarette, d’autres se font des embrassades. « j’ai tellement hâte de finir cette épreuve » lance Victoire élève en L2. Sentiment d’ailleurs partagé par ses camarades qui acquiescent tous immédiatement.

Un examen dans des conditions particulières

Les minutes passent, le nombre d’élèves dans la cours diminue, le stresse monte. Il est 9h50, la cour est vide. Les étudiants montent dans les amphis, les retardataires courent dans les escaliers. Dans l’amphithéâtre Edgar Faure, l’ambiance est toute autre. Quelques étudiants se munissent de leur gel hydroalcoolique, d’autres utilisent celui situé au bout de leur rangée. Les trousses s’ouvrent et se ferment. Les sacs descendent d’une rangée. Les sujets passent de table en table. Les voix se calment. « Il est 10h pile vous pouvez commencer ». Les élèves dissertent alors pendant deux heures sur la place du parlement sous la Vème République. 

« Il ne reste plus que 5 minutes vous ne pouvez plus sortir de la salle ». Le ramassage des copies est rigoureux et la sortie des élèves du grand amphithéâtre se fait par zone. Le tout en essayant de respecter les distanciations sociales. 

L’amphithéâtre Edgar Faure accueille près de 300 étudiants pour l’épreuve. Du gel hydro alcoolique est disponible au bout de chaque rangée.

« J’aimerai que Dauphine et le gouvernement se rendent compte que le distanciel depuis mars n’est plus vivable pour nous. »

Léa, 19 ans, étudiante en deuxième année de LSO

« Les circonstances ne sont pas vraiment celles que l’on espérait »

Charles, 19 ans, vient de Colmar pour passer ses épreuves: « Je suis content d’être revenu à Paris car j’ai pu retrouver mes amis mais les circonstances ne sont pas vraiment celles que l’on espérait ». Charles est mitigé sur son retour à l’université et dénonce un manque d’empathie du corps enseignant sur les sujets d’examen. Les élèves semblent tous perturbés par l’épreuve de macro-économie qui s’est déroulée la veille. 

Le ressenti des étudiants sur cette semaine est assez unanime. « Je trouve que cette semaine ressemble plus à une semaine de partiels qu’a une semaine de contrôles continus » déplore Victoire. Les dauphinois de seconde année ont effectivement dû passer six matières en quatre jours. Alors que les années précédentes les épreuves étaient étalées sur tout le premier semestre. 

Le besoin d’écoute des étudiants

C’est après de nombreuses négociations entre syndicats étudiants et administration que cette décision a été prise. Mais les étudiants n’ont pas réussi à obtenir gain de cause. Les demandes d’examens tenus à distance et la notation de devoirs maisons ont été rejetées par l’université. Les étudiants ne se sont donc pas sentis écoutés par la Présidence et alertent sur leurs conditions de travail. Léa, 19 ans, « J’aimerai que Dauphine et le gouvernement se rendent compte que le distanciel depuis mars n’est plus vivable pour nous. On a tous l’impression d’être livré à nous même. Et je pense que cela se ressentira sur nos notes d’examens. ». Les paroles de Léa sont finalement assez représentatives de la pensée générale des étudiants interrogés qui déplorent un manque de considération de leur situation. 

Solène Gautier

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