Plongée au coeur d’une université parisienne en temps de pandémie.

Lundi 30 novembre 2020, premier jour des examens en présentiel pour les étudiants dauphinois . C’est pour bon nombre d’entre eux la première fois qu’ils reviennent à l’université depuis sa fermeture du jeudi 12 mars. Mais Dauphine n’est plus ce que c’était avant la pandémie, et cela se ressent. 

« Une ambiance morose ». C’est ainsi que la responsable du planning central pôle examen décrit l’atmosphère régnant dans l’Université depuis le vendredi 20 octobre, date du reconfinement de la France. La cour, habituellement semblable à la ligne 13 aux heures de pointe, est désespérément vide. Quelques rares étudiants, venus suivre leur cours à distance en présentiel, traînent dans les couloirs. Mais ils ont pour la grande majorité déserté l’université, et conformément aux indications gouvernementales, une grande partie de l’administration est passée en télétravail.

Une grande mobilisation de l’Université pour s’adapter au contexte sanitaire

Ce n’est pas le cas pour le planning central, dont l’université a plus que jamais besoin pour organiser la semaine d’examens en présentiel. « On ne compte plus le nombre d’heures supplémentaires non-payées que l’on fait » nous explique notre contact de l’administration.

Il faut revoir toute l’organisation qui était jusqu’alors établie. Une place sur trois, une rangée sur deux, désinfection des salles lorsque les étudiants qui composent changent… D’imposants flacons de gels hydroalcooliques trônent à l’entrée de l’Université et sur les bancs des salles dans lesquelles se déroulent les épreuves. Autant de nouveautés qui entraînent une logistique massive à gérer. 

« Un grand malaise psychologique » des étudiants


Du côté des étudiants, on ne semblent pas réaliser l’investissement fourni pour organiser cette semaine en présentiel. Un délégué d’un groupe de TD de deuxième année, nous confie relever surtout « le manque de communication » de l’administration et la nature « changeante et paradoxale » des informations fournies. Il souligne également le manquement à l’équité que représente cette semaine d’examens en présentiel en plein confinement : « 10% de mon TD n’ont pas pu se rendre à l’Université et seront donc uniquement évalués sur la semaine finale de partiels, ce qui représente une importante source de stress ».

Il a également été déçu par le manque d’écoute de l’administration. « Nous étions conviés à des réunions dont l’issue semblait déjà actée, et où nos temps de parole était très limités. Cela ressemblait plus à un moyen pour l’administration de justifier ses décisions, de montrer qu’ils s’intéressent au bien-être étudiant, qu’à une réelle consultation des représentants étudiants ». Le délégué nous explique qu’il a relevé un grand malaise psychologique au sein des étudiants de son groupe.

Les grands oubliés de la crise

Au delà du sort que leur réserve le gouvernement, ils se sentent les grands oubliés dans la gestion de la crise sanitaire. Le retour en présentiel pour les collégiens ? Oui. Pour les lycéens ? Oui. Pour les salariés ? C’est également possible. Mais pour les étudiants il n’en est pas question, eux qui sont bien trop souvent présentés comme les grands propagateur du virus qui sévit depuis plusieurs mois.

Du côté du planning central, on comprend parfaitement le désarroi des dauphinois. Notre contact, qui a un fils dans le supérieur, insiste sur le fait que ce n’est pas le rôle des étudiants que de réaliser le travail fourni par l’administration. « La situation est déjà suffisamment difficile pour eux » insiste-t-elle. On est bien loins de l’euphorie qui régnait dans l’Université le jeudi 13 mars 2020, lorsque le Président Emmanuel Macron annonçait la fermeture des Université. « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », rien n’est moins sûr.

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