Depuis 2016, Broadway s’invite à Dauphine, et en cette période difficile, on en a besoin. Telma Foucaut, étudiante en deuxième année à Paris-Dauphine, se confie sur son expérience en tant que membre de l’association de comédie musicale Do’s Musical.
A l’université Paris-Dauphine, le tissu associatif est si riche qu’il est facile de se concentrer sur les plus noms les plus connus, quitte à passer à côté de certaines perles. Mais Telma Foucaut, membre de la troupe de Do’s Musical depuis deux ans, est bien décidée à nous faire apprécier à sa juste valeur une association dont la créativité et l’adaptabilité forcent l’admiration.
Peux-tu nous raconter ton entrée dans cette troupe de comédie musicale ?
Étant passionnée de comédie musicale, Do’s Musical m’a tout de suite attirée, même avant que j’intègre Dauphine. Après avoir rencontré des membres lors du forum des associations, je me suis inscrite aux auditions pour intégrer la troupe en majeur chant, mais sans trop y croire. J’avais appris le chant en autodidacte, donc je n’avais aucune compétence « certifiée ». Je n’avais même pas fait de théâtre ou de danse ! J’ai failli ne pas venir à l’audition, mais ma mère m’a poussée à le faire, en m’assurant que j’aurais des regrets sinon. Alors je me suis retrouvée sur scène, devant le jury. Ma première déclaration : « Ne vous attendez pas à un truc de fou ». Je chante, tout en tremblant comme une feuille. Pour la partie théâtre, je suis censée insulter le jury : devant ses potentiels futurs responsables, je peux vous dire que c’est difficile de rentrer pleinement dans le jeu ! Et cerise sur le gâteau : lorsqu’on me demande de danser, je réponds « Je ne sais pas danser ». Je crois que cette audition était une comédie à elle-seule. C’est peut-être pour ça que j’ai été prise. Quand j’en ai reparlé avec les membres, elles m’ont dit : « S’il te plait Telma, si tu repasses une audition, ne dis pas que tu ne sais pas danser ! ».
Do’s Musical a vu le jour en 2016, sous l’impulsion d’étudiants Dauphinois. En quoi consistent les activités au sein de cette association, et ont-elles évolué depuis ?
Chaque année depuis la création de l’asso, le projet est le même : nous avons pour objectif de reprendre un classique de la comédie musicale. Nous montons cette comédie de A à Z, et nous nous produisons dans une salle de spectacle entre mars et avril. Jusque-là, nous avons repris Chicago, Grease, Hairspray et Anything Goes, et cette année, ça sera The Pajama Game. L’association en elle-même se scinde en quatre équipes : le chant, la danse, le théâtre et l’orchestre. Courant octobre, les responsables organisent des auditions pour former les équipes, et à partir de là, on se met au travail. Nous menons des répétitions de chant et de danse tous les vendredis de 18h45 à 21h30. La plupart du temps, elles ont lieu dans la salle de sport de Dauphine. Les musiciens s’entraînent juste en-dessous, dans la salle réservée aux « Talents ». En février, nous passons même trois ou quatre jours à répéter de manière vraiment intensive. C’est donc un programme assez chargé ! Nous avons aussi l’occasion de présenter un spectacle de mi-année intitulé « Le Do’s fait son show », où nous reprenons quelques œuvres de manière beaucoup plus libre. Ce spectacle a généralement lieu en janvier dans l’amphithéâtre Edgar Faure, et l’entrée est gratuite.
Depuis mars 2020, les mesures liées au COVID-19 ont énormément fragilisé le monde du spectacle. Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté votre routine ?
Les derniers mois ont été particulièrement difficiles. Je me souviens que le premier confinement avait été une énorme source de frustration pour nous, parce que nous étions censés produire le spectacle de fin d’année au théâtre Marigny, sur les Champs Élysées… rien que ça ! Pour autant, nous n’avons pas baissé les bras cette année, et nous avons tout fait pour nous adapter. Les auditions se sont déroulées en visioconférences via Teams. A la place des répétitions, les responsables nous envoient régulièrement des scripts ou des vidéos de chorégraphies. Nous disposons d’un tableau de bord qui établit le programme de chaque semaine, histoire de garder la cadence, et nous nous retrouvons chaque vendredi sur Teams pour un debrief. Surtout, pour continuer à faire vivre l’asso, nous avons eu l’idée de faire un « calendrier de l’avent » sur nos comptes Facebook et Instagram : tous les jours pendant le mois de décembre, nous publiions un à trois clips de chant, de danse ou d’orchestre liés à des comédies musicales. Ça a beaucoup plu, et ça nous a permis de montrer que l’asso était toujours là. Bien-sûr, nous avons dû faire de nombreux sacrifices, à commencer par le Do’s fait son show qui n’aura pas lieu. Mais nous essayons de nous réinventer, sur les réseaux sociaux notamment. Même si le spectacle de fin d’année ne pourra probablement pas se faire dans les conditions habituelles, tout le monde continue de se donner à fond.
Que t’a apporté cette association d’un point de vue personnel ?
J’ai très peu confiance en moi, et je me fixe constamment des limites. Faire de la scène m’a forcée à sortir de ma zone de confort. D’un coup, j’ai été mise « sous les feux des projecteurs », et ça m’a donné beaucoup d’assurance. Mon expérience associative est d’autant plus gratifiante qu’étudier à Dauphine peut être difficile : Do’s Musical est une association remplie d’entraide, où l’on se soutient psychologiquement, et ça fait du bien. D’ailleurs, beaucoup de membres considèrent qu’ils n’auraient pas tenu le coup à Dauphine sans elle. Nous sommes des étudiant.e.s de tous horizons – L1, L3, LSO, MIDO – avec des parcours de vie très différents, mais réunis par la passion du spectacle, et c’est quelque chose de très fédérateur. Avant d’intégrer Dauphine, je jouais de la flûte traversière, et chaque fois que je jouais en orchestre, j’avais cette impression indescriptible d’être en phase avec les autres musiciens, d’être portée par les instruments autour de moi. C’était un sentiment génial, et je ne l’ai jamais ressenti ailleurs que sur scène, avec le reste de la troupe. Il faut reconnaître que s’investir dans cette association est particulièrement chronophage, mais le jeu en vaut la chandelle. Do’s Musical est comme une seconde famille !
Te vois-tu toujours faire partie du monde du spectacle d’ici quelques années ?
Pour être honnête, je n’ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard. Je ne dirais pas que je me destine à continuer dans la comédie musicale, dans la mesure où je ne pense pas forcément avoir les compétences nécessaires pour « briller » dans ce monde. Les deux endroits les plus réputés dans le domaine sont Broadway (Manhattan) et West End (Londres), et même les comédiens les plus talentueux de France n’y parviennent que rarement ! J’ai aussi des amies dans des écoles de comédie musicale pour qui c’est très difficile de s’épanouir professionnellement, et encore plus dans le contexte actuel. Alors en faire mon métier, probablement pas. Je continuerai certainement à chanter, mais de mon côté, pour la passion de le faire. Cependant, j’envisage tout à fait un métier parmi l’éventail de ceux « dans les coulisses ». Dans tous les cas, je ne me restreints pas. J’aime l’art sous toutes ses formes : la musique, la littérature, le théâtre… L’art est quelque chose qui me touche, tout simplement. Alors je ne compte pas m’arrêter là !
Propos recueillis par JM
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