Ses inspirations, ses souvenirs, ses plans d’avenir, ses rencontres, ses expériences. Ariane Million s’exprime sur son rêve de devenir journaliste.
Ariane Million, originaire de l’Essonne (91), étudie en licence Sciences des Organisations à l’Université Paris Dauphine. Depuis son adolescence, elle a un projet en tête : devenir Journaliste Reporter d’Images (JRI). Du haut de ses 19 ans, elle est prête à tout pour qu’il se réalise.
D’où te vient l’envie de devenir journaliste ?
Question simple, réponse simple. Quand j’étais au collège, j’ai fait un test d’orientation. C’est ma mère qui me l’a proposé, à l’époque, elle s’occupait de l’orientation des jeunes. J’ai répondu très honnêtement et le résultat est tombé : j’avais 46% de compatibilité avec le métier de JRI. Je ne connaissais pas du tout mais en regardant la fiche métier je me suis dit « Putain, je veux faire ça. ». J’avais 0% pour tous les autres métiers aux tests que j’ai faits par la suite, je n’avais plus que celui-là en tête. Ma mère s’énervait, je faisais exprès de répondre aux questions pour que ce soit « JRI » qui apparaisse à chaque fois. J’ai réalisé que j’avais toujours été curieuse de savoir ce qu’il se passait. Petite, je regardais le journal de 20 heures de David Pujadas. Je m’en souviens très bien, je l’appelais « David » quand je le voyais à l’écran. A chaque fois que je les voyais, lui et les autres journalistes, je me disais « Waouh ! Ces gens ont une vie incroyable ! ». Je voulais faire comme eux et partir loin de chez moi.
Comment as-tu vécu les atteintes à la liberté de la presse lors des attentats ? Est-ce qu’ils ont accru ou diminué ton envie de devenir journaliste ?
Pour être honnête, j’étais en Quatrième pour Charlie Hebdo, je n’en avais pas conscience donc ça n’a pas eu d’impact sur mon projet. Bien sûr je voyais que les gens étaient tristes mais je ne faisais pas le lien entre cet attentat et l’atteinte à la liberté de la presse et d’expression. Pour moi, ce n’étaient pas des journalistes qui se faisaient attaquer, c’étaient des personnes.
Quels sont tes plans d’avenir pour devenir journaliste ?
D’un côté, mes plans d’avenir me paraissent un peu compromis… J’ai choisi d’aller à l’Université Paris Dauphine et je ne pense pas que c’était une bonne décision. Je ne fais que trois heures de journalisme par semaine et ça ne me suffit pas. Mais, d’un autre côté, jusqu’à présent j’ai eu des professeurs de journalisme exceptionnels, ils me donnent envie de continuer. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer des étudiants de Dauphine qui sont passionnés par le journalisme, tout comme moi, et j’adore être en contact avec eux. Au final, je sais que les disciplines que je n’apprécie pas dans cette université me permettent de rester concentrée sur mon projet, même si elles me prennent trop de temps. A l’avenir, j’aimerais intégrer une école de journalisme comme l’IPJ [Institut Pratique de Journalisme] pour devenir journaliste évidemment et surtout JRI. Récemment, j’ai entendu dire que ce métier était sous-payé et qu’il n’y avait pas d’embauche… Sur le coup, j’ai eu peur et puis je me suis dit « Tant pis, je veux réaliser mon objectif ». Je veux être JRI, je serai JRI. Je ferai tout pour y arriver.
As-tu eu l’occasion de te mettre dans la peau d’un journaliste ?
J’ai fait mon stage de Troisième à France Télévisions. Nous étions beaucoup de stagiaires donc je me sentais un peu moins privilégiée. Là-bas, ils nous ont montré une vraie caméra et j’ai même pu la porter ! Six kilos, c’est lourd… J’ai énormément suivi l’actualité durant cette semaine. Puis, je suis allée faire des reportages aux côtés des JRI. Nous en avons fait un sur le burn-out dans les entreprises et le soir j’ai assisté à son montage pour qu’il passe au JT. Je suis également allée à l’Elysée après le Conseil des Ministres. Nous étions tous serrés dans un petit carré de journalistes, il y avait du vent et il faisait froid, mais François Hollande nous a salué ! C’est comme ça que j’ai appris à faire du terrain. Depuis l’année dernière, j’ai réalisé des projets en classe : écrire des articles et interroger des personnes. Le problème c’est que ce n’était pas spontané, j’avais juste l’impression de faire mes devoirs, au milieu des exercices de macroéconomie et de microéconomie.
Quelle facette du métier de journaliste préfères-tu ?
L’aspect terrain, j’adore. Prendre ma voiture – quoique… à France Télé ils prenaient tous des taxis –, ma caméra, mon micro, et partir. Aller là où il se passe quelque chose. Avoir l’impression d’être le premier à filmer quelque chose. Puis, le montrer au monde. En fait, pour moi, être journaliste, c’est être les yeux du monde.
Comment imagines-tu le métier de journaliste dans une dizaine d’années ?
Dans dix ans, j’espère que ce sera exactement comme maintenant sinon je ne voudrais plus le faire. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir des changements radicaux en l’espace de quelques années. Par exemple, je ne crois pas qu’on va passer le cap du 100% numérique. Mais, il est certain qu’il y aura des petites évolutions. J’espère que les caméras seront moins lourdes ! J’imagine aussi que l’information circulera encore plus vite. Depuis six ans, mon rêve n’a pas changé donc je ne veux pas que le métier change en dix ans.
Propos recueillis par Enza Michaux
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