A l’heure où l’art vivant est endormi par la crise sanitaire, le manque des planches pèse le cœur des artistes. Pouvoir s’exprimer, c’est ce que veut Inès Chartois, étudiante et apprentie comédienne, alors que l’ouverture des théâtres semble encore lointaine. 

Inès Chartois, parisienne de 19 ans originaire de Picardie, se confie sur son amour du théâtre. Passionnée de la scène depuis le collège, elle oscille aujourd’hui entre des études à l’Université Paris Dauphine et une formation au Cours Florent. Dans cette école, reconnue pour son exigence, elle cultive sa personnalité créative bien loin de l’univers froid des mathématiques dauphinois. 

Depuis quand fais-tu du théâtre ? 

J’ai toujours eu une âme d’artiste, depuis petite je vis dans une bulle créative. Mais c’est seulement au collège que j’ai commencé le théâtre. J’ai rejoint le club de mon établissement sur les conseils d’une amie et dès les premiers instants passés sur scène, j’ai su que c’était ce que je voulais faire de ma vie. Aujourd’hui,j’étudie au Cours Florent pour suivre une formation professionnelle. J’ai pu intégrer ce cursus car dès la terminale je prenais, tous les samedis, des cours dans cette école. Cela m’a valu de nombreux allers-retours Picardie-Paris !

Avant d’être jouer, le théâtre est avant tout écrit. Lorsque tu dois rédiger une scène, d’où tires-tu ton inspiration ? 

En effet, jouer ne suffit pas. Il faut apprendre à écrire aussi. A Florent, il y a un exercice qui s’appelle « carte blanche ». On doit créer une scène de toute pièce, ce qui passe bien entendu par l’écriture. Quand j’invente une scène, il m’arrive souvent de faire des choses très abstraites mais j’essaie toujours d’exprimer ce qui me fait moi. Mon vécu est ma plus grande source d’inspiration. Je dis souvent que la plus belle des choses que j’ai à offrir, c’est mes émotions. 

Le corps et les mouvements sont essentiels au théâtre, est-ce qu’il y a des activités qui t’aident à développer ces aspects ? 

Souvent, on reproche aux artistes d’être trop dans leur tête. C’est pour cela que le Cours Florent propose de nombreuses options dont le but consiste à faire réfléchir avec le corps. Pour ma part j’en suis deux. La première, « corps en jeu », est une activité qui mêle dance et assouplissement. L’objectif n’est pas de savoir bien danser mais d’apprendre comment fonctionne son corps. La seconde propose de travailler sur la voix. Dans tous les cas ces options sont là pour nous permettre d’être plus à l’aise avec nous même, pour développer la confiance en soi. 

Jouer est un art, qu’est-ce qui fait prendre vie à un personnage au théâtre? 

Une de mes professeurs nous répète souvent cette phrase « Ne pense pas ce que tu dis, dis ce tu penses ». En fait, au théâtre il ne faut pas se regarder jouer, et surtout arrêter de se juger. Le mieux pour interpréter un personnage c’est de le connaître par cœur. Il faut éponger le rôle, en absorber tous les aspects et essayer de le rapporter à sa personne. Pour l’instant, le plus difficile pour moi, ce sont les rôles qui requièrent beaucoup de technicité. Au théâtre on joue, on ne sur-joue pas ! On cherche à offrir aux spectateurs le réel et cela demande une grande maîtrise du jeu. 

Une carrière dans le théâtre est souvent perçue comme un rêve inatteignable, un chemin sans avenir. Et toi, ton avenir, comment l’imagines-tu ? 

Cela on y pense peu au théâtre. On vit au jour le jour. D’autant plus que, en règle générale, l’entourage ne voit jamais cela d’un bon œil. Personnellement, je me donne toutes les chances de réussir en travaillant sans cesse et en croyant en moi. Et puis, même si finalement je ne réussis pas, j’aurais appris sur moi, sur l’humain. En fait, le théâtre c’est le meilleur moyen d’apprendre à se découvrir. Je suis pleine d’espoir pour l’avenir. Le fait de pouvoir m’exprimer par mon art serait pour moi le plus beau des futurs possibles.  

Propos recueillis par Léana Enjalbert