« Pendant longtemps j’étais énervée et inquiète qu’on oblige mon père à travailler pendant la pandémie »

Paola est une boulonnaise de 19ans et est étudiante à l’université Paris-Dauphine. Ses deux parents sont médecins, et donc en première ligne pour faire face au virus. Elle nous raconte comment elle vit cette situation.  

Quel est le métier de tes parents ? 

Mon père est médecin biologiste dans le 16ème arrondissement de Paris et ma mère est enseignante chercheuse en pharmacie et en data science.

As-tu remarqué un changement dans votre vie quotidienne de famille depuis le début de la crise ?

Au début mes parents étaient complètement paniqués par le Covid. Chaque jour nous avions droit à un discours sur le nombre immense de nouvelles entrées. C’était assez anxiogène je dois avouer,  car ma mère a tendance à tout exagérer alors elle profitait de ces données pour nous empêcher de sortir en utilisant l’argument que nous finirions à l’hôpital comme tous les autres ! Le premier confinement était alors vraiment dur, car je ne suis pas sortie pendant deux mois, autant dire qu’à la fin je suis devenue folle. En plus mon père devait continuer de travailler et il était au contact de patients Covid. Du coup à la maison nous devions garder le masque et diner à 3 mètres d’écart. 

Comment vis-tu le fait de vivre avec des personnes sans cesse exposer au virus ? Est-ce une situation angoissante ? 

Mon père est le plus exposé au virus et c’est vrai que ça nous a beaucoup stressé car c’est une personne à risque. Au début il a eu le droit de ne pas travailler en raison de sa situation mais au bout d’un mois il a dû reprendre en plein milieu du premier confinement. Comme nous n’avions pas encore beaucoup d’informations sur le virus à ce moment, à chaque fois que mon père partait travailler j’avais peur qu’il l’attrape et que je le perde. Pendant longtemps j’étais énervée et inquiète qu’on l’oblige à travailler, je trouvais ça injuste qu’il s’expose plus que les autres alors qu’il risque plus. Mais maintenant il s’est fait vacciné alors je suis moins inquiète.

Mais du coup globalement, oui c’est assez inquiétant mais ce n’est pas vraiment pour moi que ça l’est, cela l’est plus pour mon père. 

Ressens-tu plus de stress à la maison, et quel impact cela a sur ton mental ?

Oui, pendant le premier confinement mes parents étaient en boucle sur le virus, ils me faisaient des scénarios catastrophes. Nous avions l’impression que c’était la fin du monde. Finalement ma mère, qui avait accès aux données, a fini par se rendre compte qu’il y avait quand même beaucoup d’exagérations dans les médias et cela m’a rassuré. Elle s’est rendu compte qu’il y avait en fait un taux de mortalité assez faible et que même si pendant le premier confinement son hôpital était envahi de malades, il y en avait beaucoup moins cet été et pendant le deuxième confinement. Donc quand j’entendais à la télévision que l’épidémie repartait de plus belle, je pouvais demander à ma mère si son hôpital était vraiment débordé comme on pouvait l’entendre dans les médias. Finalement, la vérité était quand même généralement moins dramatique. Mais comme je l’ai dit précédemment, mes parents sont sur le terrain et ont des vrais arguments pour m’obliger à faire attention ou pour m’empêcher de sortir. Et évidemment cela a beaucoup joué sur mon mental car j’aurai aimé avoir des parents plus détendus sur la situation. Je vois bien aujourd’hui que je suis un peu paranoïaque sur le virus et que je m’empêche de faire beaucoup de choses à cause de toutes les mises en garde de mes parents

Propos recueillis par Solène Gautier

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