Florent Rossi : « Au vu de la situation actuelle, mes activités d’élu me sauvent »

Elu le 5 juillet 2020, Florent Rossi est devenu le plus jeune adjoint au maire de France, à seulement 18 ans. Il se confie sur ses fonctions d’élu et son quotidien d’étudiant.

Florent Rossi, 19 ans, est adjoint à la mairie d’Auribeau-sur-Siagne (Alpes-Maritimes) et étudiant en 2ème année d’information-communication à Assas. Ayant eu l’occasion de s’exprimer en direct à la télévision pour LCI ou CNEWS, il raconte ce qui l’a poussé à s’engager en politique, ses responsabilités, ainsi que son point de vue sur la situation étudiante.

  • Vous êtes adjoint au maire d’Auribeau-sur-Siagne, ainsi que délégué à la communication, à la jeunesse, à l’environnement et au sport. Pourriez-vous expliquer vos responsabilités ainsi que vos projets ?

Je m’appelle Florent Rossi, j’ai 19 ans et je suis étudiant en 2ème année de communication à Assas. Engagé chez les Républicains depuis 2017, d’abord dans le Sud puis dans le 7ème arrondissement de Paris, aux côtés de Rachida Dati, je suis l’adjoint de Michèle Paganin depuis juillet 2020. En tant qu’élu, mes principales missions sont tout d’abord d’être proche de mes administrés et de ma commune, pour la maintenir en bon état. Je remplis également un rôle politique, où je peux poursuivre mes propres projets. Concernant les tâches à accomplir, chaque adjoint a des délégations. Les miennes ont été définies dans ta question. La communication est le domaine où j’ai le plus agi. J’ai remanié tous les réseaux sociaux de la commune et les ai actualisés au goût du jour. J’ai également créé un journal, « Auribeau & Vous » qui relate les informations locales. Le développement d’une application était une de mes promesses de campagne. Notre équipe s’est attelée à son développement dès notre élection le 5 juillet : en août, elle était complètement fonctionnelle. Elle permet aux habitants de pouvoir échanger en temps réel avec la mairie afin de résoudre leurs problèmes au plus vite. Cette appli nous a permis de moderniser la commune, qui avait au moins une décennie de retard sur le numérique. Pour la jeunesse, la Covid nous a quelque peu limité, mais nous avons maintenu l’aide au permis pour les Auribellois (250 euros par jeune/500 euros pour les boursiers) en échange de 20h de bénévolat. Je prévois également de créer un Conseil municipal pour les jeunes d’ici septembre prochain. Sur l’environnement, il y a du travail : fleurissement, refonte des ronds-points, réflexion autour des pistes cyclables, politique anti-mégots… Enfin sur le sport, un espace santé et un skate-park sont censés sortir de terre très bientôt !

Les élus de la mairie d’Auribeau le jour de leur élection en juillet 2020. Source : Twitter (@Florent_Rossi)
  • Comment s’est construite votre conscience politique ? Quelles ont été vos premières expériences ?

Je suis assez fier de pouvoir dire que je me suis construit politiquement tout seul. Pour anecdote, mes parents sont « allergiques » à la politique. Personne ne m’a donc influencé ou inculqué des valeurs. Petit, j’aimais regarder des débats à la télévision, je trouvais ça beau. J’ai eu très vite l’envie de m’engager et ai commencé à 16 ans pendant l’été avec la députée sortante Michèle Tabarot (ancienne secrétaire générale de l’UMP). J’ai dû faire du phoning et du tractage afin de convaincre les gens d’aller voter, quelque soit leur orientation politique. Je suis très reconnaissant que l’on m’ait fait confiance malgré mon jeune âge surtout dans les Alpes-Maritimes où la moyenne d’âge est assez élevée (rires). En 2020, j’ai été inscrit sur la liste de Michèle Paganin que je considère comme mon amie, au-delà des enjeux politiques. Nous avons remporté les élections municipales, et tu connais la suite.

  • Comment se sont passés les premiers mois de votre mandat ? Avez-vous rencontré des difficultés ? Comment avez-vous su vous adapter ?

Les premiers mois ont été productifs et fructueux mais non sans obstacles. Quand nous avons pris nos fonctions, nous avons découvert que les comptes de la commune étaient au plus bas. Or, de nombreux investissements étaient à prévoir. Un de nos dossiers les plus difficiles était le PLU (plan local d’urbanisme) commencé il y a 12 ans et n’ayant jamais abouti. La commune n’était pas aux normes et il a fallu agir vite, avec des moyens très limités. J’en ai déjà parlé un peu plus haut, mais Auribeau était également très en retard sur tous les sujets, notamment au niveau digital. Le maire sortant est resté 40 ans en exercice et vers la fin de son mandat, il n’était plus à même d’amener le village vers la modernité.

  • Comment faites-vous pour concilier votre vie d’étudiant à Paris et vos fonctions à Auribeau-sur-Siagne ?

Il y a eu un avant et un après Covid. La campagne a débuté en mars 2020, juste avant le confinement. En temps normal, je retournais à Auribeau toutes les trois semaines, car mon emploi du temps me le permettait : je n’avais cours ni le lundi ni le vendredi. Quand la pandémie s’est déclarée, je suis allé me confiner avec ma famille et ne suis retourné à Paris qu’en octobre. J’ai donc passé l’été sur le terrain avec les autres élus. Il en a été de même pendant le second confinement, que j’ai vécu plus facilement que le premier, car je suis resté en contact avec des gens. Depuis le 30 décembre, je suis à Paris mais le télétravail ne me dérange pas, au contraire je suis plus productif. De plus, mes études se complètent bien avec ma fonction d’élu. A Assas, j’acquiers un savoir théorique et de la culture générale. Mais je suis convaincu que l’on apprend beaucoup plus (et beaucoup mieux) sur le tas. Depuis 15 jours, je suis stagiaire à temps partiel à l’Assemblée Nationale dans la communication. Au vu de la période actuelle, où la motivation vient parfois à manquer, mes activités d’élu et de stagiaire me sauvent.

  • Vous avez écrit une tribune en novembre parue dans Marianne pour alerter les pouvoirs publics sur la situation des étudiants. Vous dénoncez à l’intérieur le manque de solutions proposées par le gouvernement pour venir à bout de la crise. Trois mois plus tard, votre regard a-t-il évolué ? Que pensez-vous des déclarations des dernières semaines ?

Pour moi, la situation n’a pas changé aujourd’hui. Les annonces du gouvernement ont une efficience très limitée, si ce n’est quasi nulle. Le président et ses ministres sont tous fiers de nous présenter leurs mesures alors qu’elles ne mènent à rien. Permettre une capacité d’accueil de 20% des étudiants dans les amphis ne résoudra pas les problèmes de décrochage scolaire. Malgré la mise en place de cette mesure, la majorité des étudiants n’ont pas repris le chemin de la fac. Que ce soit à Assas, ou encore à Aix-en-Provence et à Nice, où des amis à moi étudient, aucun cours en présentiel n’a encore eu lieu. L’isolement social des étudiants s’accentue et notre chère Frédérique Vidal reste de marbre. J’ai l’impression d’avoir affaire à un glaçon plus qu’à une ministre. Son manque d’empathie me dépasse. Le Crous à 1 euro m’apparait également comme une carotte, un os à ronger. Une amie qui vit à Dreux m’a dit que le Crous le plus proche se situe à 1h30 de transport, soit « 3h de transport pour une PastaBox à 1 euro ». Mais habiter à côté n’arrange pas forcément les choses non plus : le prix intéressant attire des centaines d’étudiants chaque jour avec des queues pouvant durer 2 à 3h. Avec le couvre-feu à 18h, les conditions ne sont pas idéales. Le gouvernement s’est récemment félicité que 500000 repas ont été distribués depuis l’annonce de la mesure le 25 janvier. Mais si on rapporte ce résultat par jour, sachant que chaque étudiant doit pouvoir bénéficier de 2 repas à 1 euro par jour, cela fait moins de 50000 repas distribués. Sur 2700000 étudiants dans toute la France, ce résultat change peu les choses.

Lors de son intervention sur CNEWS (Source : Instagram) @rossiflorent

Pour finir, je ne critique pas ces mesures bien évidemment, mais je trouve qu’elles sont insuffisantes. Elles n’ont été mises en place que pour calmer la gronde étudiante. Seul le gouvernement a les moyens de venir à bout de cette crise, mais je pense que les étudiants doivent être plus écoutés car ils détiennent les clés permettant de déboucher sur des solutions plus concrètes.

Propos recueillis par Léna Stern

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