La Réserve Naturelle des Étangs de Bonnelles a été sauvée par la commune et le Parc Naturel Régional (PNR) de la Haute Vallée de Chevreuse dans les années 1980. Depuis, cet écrin de nature à 50 kilomètres au sud-ouest de Paris est devenu un lieu de découverte et de préservation de la faune et de la flore.
Quelques pas à peine dans la Réserve et le ton est donné, un panneau se dresse afin d’avertir les promeneurs des consignes à respecter : interdiction de sortir des sentiers battus, obligation de tenir les chiens en laisse, circulation exclusivement à pieds et défense de prélever la faune et la flore. Olivier Marchal, chargé d’études environnement du PNR, explique au téléphone « Nous avons saisi le projet car la biodiversité était intéressante, il était essentiel de mettre un règlement à l’entrée pour la préserver ».

Les consignes sont données, la promenade peut démarrer. Un étroit chemin de terre sinue entre les arbres, à droite un marécage, à gauche une rivière et une famille de canards qui la remonte. Plusieurs centaines de mètres laissent défiler ce paysage à l’allure sauvage, préservée de l’activité humaine. Et puis, une surprise se dessine entre les arbres : un pont de pierre revêtant des arcades en brique et un toit en ardoise enjambe la rivière. Une promeneuse arrive au niveau de celui que l’on surnomme le « Pont des Amoureux », s’exclame « C’est superbe ! » et le mitraille avec son téléphone portable. La restauration du patrimoine historique s’inscrivait, avec celle du patrimoine naturel, parmi les premières missions du PNR lors de la récupération de la Réserve.

Olivier Marchal confie « Pendant 20 ans, la gestion était très peu régulière, il y avait deux chantiers par an, en novembre et en décembre. Le PNR réalisait des actions ponctuelles comme couper des arbres, créer des mares, épurer les étangs et installer des clôtures pour les pâturages ». Après plusieurs années d’aménagement, « Le PNR a convenu qu’il fallait créer une animation récurrente avec les habitants, un rendez-vous pour prendre soin de la réserve. ». Ainsi sont nés les « Mercredis de la Réserve » regroupant un à quinze bénévoles, « Ça dépend de la météo » ironise Olivier Marchal. Tous les troisièmes mercredis du mois, à 14 heures, ils entretiennent les chemins, dégagent des arbres, fabriquent pontons, barrages et barrières.

« Notre objectif est très ambivalent, nous souhaitons aménager un site d’accueil et de pédagogie, tout en préservant la biodiversité » révèle Olivier Marchal. Concernant le public, le but premier est de faciliter l’accès avec l’aménagement de l’espace, le traçage d’itinéraires et l’installation de pancartes. L’objectif est également de sensibiliser à l’environnement, notamment avec des animations scolaires ou grand public. Selon une étude réalisée par des étudiants de l’Institut Supérieur Environnement (ISE) et portant sur l’ancrage territorial de la Réserve, 92% des personnes interrogées dans le village de Bonnelles connaissent l’existence de cet espace mais 48% estiment ne pas prêter attention à son règlement. Au cours de la promenade, un groupe de cyclistes double les promeneurs à toute allure, semblant oublier ou méconnaitre le panneau à l’entrée.
Quant à la pérennisation de la biodiversité, le PNR aurait recensé 135 espèces animales (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons en tout genre) et 384 espèces pour la flore. Les principaux enjeux de cette organisation sont le maintien des espèces de libellules et de la roselière où nichent des oiseaux.

Une fois le pont passé, le chemin mène à une immense étendue d’eau. L’ombre des arbres a laissé place au ciel bleu, l’endroit est particulièrement agréable en ces premiers jours de printemps. La roselière se dresse sur la rive opposée. La promenade continue en longeant le bord du lac. Très vite, une étrange barrière constituée de branchages barre le sentier. Mathis, jeune bénévole à ses heures perdues, la présente « C’est une haie plessée vivante, cela consiste à plier des arbustes pour créer une barrière naturelle. Certains promeneurs avaient pris l’habitude de passer dans une zone où il faut laisser la nature au repos ». Derrière, un héron gris au long cou semble narguer les promeneurs, laissant comprendre qu’il s’agit de son territoire. Le bénévole, contemplatif, continue « Nous avons construit la haie il y a deux mois, je suis content de voir qu’elle a tenu, que personne ne l’a cassé et que des bourgeons sont en train d’éclore. ».

La suite de la promenade est rythmée par ces petites touches laissées par les bénévoles pour préserver les lieux. Un ponton en rondins de bois permet la traversée d’une zone marécageuse et un pont fabriqué à partir de tables de pique-nique recyclées, celle d’un ruisseau. La découverte de la Réserve touche à sa fin, trois petits bancs en troncs d’arbres encerclent une mare d’eau, l’occasion parfaite de faire une pause au soleil.
Enza Michaux
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