Mercredi 31 mars 2021. Les élèves de l’Institution Stanislas Nice vont en cours comme tous les jours…ou presque. Depuis le début de l’année, ils sont contraints d’alterner entre les bancs de l’école et leur domicile, sans transition. Le soir même, le Président Emmanuel Macron annoncera la fermeture des établissements scolaires pour 3 semaines dès le lundi suivant. A moins de trois mois des premières épreuves du baccalauréat, quel est l’état des lieux au lycée Stanislas ?

Il est 9h. En salle F11, les élèves de terminale ayant choisi l’option « Droits et grands enjeux contemporains » (DGEMC) suivent en présentiel le cours. « Une chance » selon leur professeure Mme Lecourt-Capdeville, qui considère que le maintien de l’ouverture des écoles est essentiel pour des raisons pédagogiques, même si cela est susceptible de ne pas durer. D’autant plus que la région PACA, avec un taux d’incidence de 346 cas pour 100 000 habitants, dépasse largement le seuil d’alerte fixé à 200. Pourtant, si quelques élèves anticipent la fermeture du lycée, certains, l’enseignante comprise, pensent que l’État choisira de maintenir les choses telles qu’elles sont.
Malgré le peu de temps accordé pour mettre en place un système « hybride », M. Faivre, le chef d’établissement, est satisfait de l’organisation de Stanislas. Pour assurer les cours en distanciel, le lycée a choisi de passer tous les élèves sur Teams (comme Dauphine 😉) avec la suite Microsoft 365 qui permet à tous d’utiliser les mêmes logiciels, et ainsi facilite la transmission des devoirs. Jusqu’à la semaine qui précédait ce reportage, les élèves de première et terminale étaient complètement en présentiel une semaine sur deux, respectant la jauge de 50% décidée par le ministère. Du fait du renforcement des restrictions dans la région, ils ont dû passer en co-modal (une partie de la classe en présentiel, l’autre sur Teams).

Une incertitude vécue par les élèves et les enseignants
Alors que M. Faivre doit répondre à un appel, je croise Mme Fièvre, directrice adjointe du lycée et professeure de la matière enseignement scientifique, qui m’accueille dans son bureau. Elle regrette que les établissements scolaires ne soient pas prévenus avant le grand public des mesures annoncées et des changements à mettre en place. « Ce qui me contrarie, c’est cette demande d’immédiateté. Nous avons pu limiter l’impact car le lycée compte peu d’élèves, mais nous ne pouvons improviser les cours en ligne. Cela nécessite une organisation qui ne peut se faire en une soirée pour être optimale dès le lendemain ». Le distanciel n’est également pas compatible pour certaines matières, comme la physique ou la SVT : « suivre les manipulations à distance est beaucoup moins ludique qu’en laboratoire ».
Conscients des limites de l’enseignement à distance, le lycée a décidé de garder les élèves présentant des difficultés en présentiel. Mais malgré tous les ajustements effectués, la pandémie complique sur tous les points la scolarité des lycéens. Les Terminale de cette année n’ont pas passé l’épreuve de français l’année dernière et obtiendront potentiellement leur baccalauréat grâce au contrôle continu, le tout en pleine réforme du lycée. Mme Lecourt-Capdeville souligne comment le distanciel influe sur la motivation des élèves et la préparation au grand oral prévu à la fin de l’année. Mais tous les enseignants interrogés insistent surtout sur le fait que les exigences du supérieur sont restées identiques à celles pré-COVID, malgré les difficultés psychologiques et matérielles engendrées par la pandémie.
« Nous sommes debout de 7h30 le matin à 22h le soir », déclare Mme Bertojo, professeure de français et de latin. L’investissement des élèves et des enseignants est décuplé depuis un an, mais « psychologiquement, il faut s’accrocher ». L’entretien se conclut sur cette déclaration : « j’ai fait prof pour être au contact des élèves, mais depuis un an je fais face à un écran noir ».
Propos recueillis par Léna Stern
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