A L’Idéal des Gourmands, établissement mélangeant boulangerie, pâtisserie, épicerie et restaurant, le bal des livraisons commence dès que vient le soir. Depuis Orgeval jusqu’aux communes alentours, les voitures de service parcourent les routes de ce petit bout des Yvelines. Aperçu d’une soirée sous la casquette de livreur.
18h, début de quatre heures de travail, entre livraisons, nettoyage et service de la clientèle.
A l’intérieur du magasin, les clients sont encore nombreux. Une longue file indienne de visages masqués s’étire aux bords du comptoir en forme de « L ». Derrière, les employés – tous jeunes, la moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans – s’activent dans leurs tabliers rouges floqués en lettres blanche du nom de l’enseigne, « L’Idéal des Gourmands ».
« Bonsoir, désirez-vous du pain ou des pâtisseries ? », claironnent les vendeurs aux acheteurs les mains souvent déjà pleines d’articles de l’épicerie, de la cave ou bien du salad-bar du fond du magasin. A 18h30, les clients continuent d’affluer. Le couvre-feu ne semble pas vraiment faire partie des préoccupations : c’est le week-end de Pâques, tous viennent s’approvisionner en douceurs pour partager entre proches.
19h10, c’est l’heure de la première livraison. D’abord, un tour de la voiture – une fiat 500 grise – doit être fait pour vérifier son état. Cette nouvelle politique de vérification tient du nombre important de réparations sur les véhicules récemment. Après une rapide inspection, excepté le voyant de la pression des pneus, rien d’anormal. Le message est transmis au supérieur en charge : « Je suis au courant, ne t’inquiète pas ». Cela ira pour ce soir.

Départ en direction de Chapet, une petite ville qui se situe à une dizaine de minutes de l’établissement. Le téléphone branché pour le GPS et les sacs de la commande bien calés, le moment est venu de partir. Les musiques du groupe Odezenne rythme le trajet jusque dans la rue de la Vallée Barbe.
« Vous êtes la fille d’Hervé ? » demande le client en ouvrant la porte. Les livraisons se font dans les alentours du magasin, tomber sur des connaissances n’est pas chose rare. La remise des sushis se déroule sans encombre. Ces mets japonais font partis de la longue carte du restaurant allant du burger à la truffe au poké ball, sans oublier les sandwichs aux allures de kebabs de luxe.
Retour à « l’Idéal », comme le surnomment les employés, pour tout de suite repartir. Cette fois-ci ce sont deux livraisons, à Verneuil-sur-Seine. Un petit quart d’heure de route selon le GPS. Changement d’ambiance dans la voiture, les sons de techno viennent combler le manque de soirées, surtout en ce samedi soir. Le trajet se fait facilement et débouche sur un quartier très résidentiel, à l’écart du centre-ville. Les maisons se ressemblent. Le tout dégage un petit air de résidence à l’américaine. Trouver le bon logement est aisé. Le premier client ouvre sa porte le visage découvert. « Mince j’ai oublié mon masque ! » s’écrit-il. « Pas de problèmes, du moment que j’ai le mien. »

La première commande déposée, il faut rapidement enchainer avec la seconde. Les deux adresses sont assez proches, il n’y aura pas de retard. Toujours le même enchainement : rentrer la rue et le numéro, garer la voiture, sonner, parfois faire payer puis repartir.
Au magasin, l’étonnement est présent, le nombre de commandes se fait faible pour un samedi soir. Pas de livraisons pour le moment, l’occasion d’aider les employés chargés de la fermeture : nettoyage des vitrines, coup de balais, ou remplissage du stock de sacs de marchandises.

Finalement, le préparateur de commande annonce une nouvelle course. « Aubergenville, t’as de la chance ! », sous-entendu : c’est loin. L’aller-retour fait, il est déjà temps de remonter en voiture. Même ville, l’adresse est proche de la gare. Il est 21h20, la police tourne un peu près du domicile du client. A nouveau la livraison se passe facilement, avec en plus un beau pourboire de cinq euros. Certains sont généreux quand d’autres comptent leurs sous au centime près.
Sur le chemin du retour, au feu rouge rencontre avec les policiers croisés plus tôt. Une femme demande de baisser la fenêtre : « Qu’est-ce que vous faites dehors à une heure aussi tardive ? ». Montrant le tablier rouge « Je travaille, je fais des livraisons ! ». L’échange est cordial et se termine sur des « bonnes soirées » enthousiastes. L’attestation n’est pas demandée…
22h sonne la fin du service, d’autres resteront encore jusqu’au moins 22h30, voir plus tard. Signature du planning et rapide passage au vestiaire, avant de reprendre une dernière fois la route. Cette fois-ci pas besoin de GPS, l’adresse est connue : chez-soi.
Léana Enjalbert
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