Un dimanche soir, depuis une fenêtre d’une maison derrière la Place d’Italie, Paris 13eme. 

Deux immeubles comblent la vue. Vêtus d’une brique orangée et de fenêtres en bois blanc, ils s’élèvent sur neuf étages. Une cour de cinq mètres de large les sépare. Un arbre y est planté au milieu. Il se hausse à plus de sept mètres et atteint les fenêtres du sixième étage de l’immeuble de droite. De la lumière s’échappe de douze fenêtres. Elle laisse entrevoir la décoration de chaque appartement éclairé. À gauche, de fins rideaux aux motifs rectangulaires cachent de moitié la vie de ses habitants.

Deux étages plus haut, une lumière violette s’échappe d’une fenêtre aux volets de cette même couleur. Sur le rebord de cette fenêtre, des bouteilles sont disposées près de la gouttière. Juste en haut de l’immeuble de droite se tient un grand corbeau, noir comme la nuit, qui ne bouge pas. Il regarde longuement l’arbre bouger avec le vent. La nuit semble froide. Seuls les moteurs des quelques voitures passantes retentissent. Ils se mêlent au bruit du vent de novembre. Sur les vitres noires des appartements endormis, se reflète la vie du côté opposé du trottoir. Au pied de l’immeuble de gauche, face à la cour, se dresse un lampadaire. Il illumine le pied de l’arbre et les buissons environnants. Le ciel est noir, et n’est rempli d’aucune étoile.

L’atmosphère semble vide. Une lumière s’allume à la fenêtre du rez-de-chaussée de l’immeuble de droite. Elle laisse se dessiner l’ombre de l’arbre sur le bas de l’immeuble. Trois minutes passent et rien ne bouge. Enfin, au dernier étage, un homme ouvre sa fenêtre et s’accoude au rebord. Il allume une cigarette et la fume. Il a les cheveux courts bruns et des lunettes remontées sur son crâne. Il regarde le vide et finit sa cigarette sans faire de bruit. L’homme dépose son mégot dans le cendrier à sa gauche et ferme ses volets. Le cadre est maintenant désert. Seul le corbeau bouge, il s’est envolé.

Jeanne Poëncin-Burat