Selon l’INSEE, 6,8 millions d’immigrés vivaient en France en 2020, soit 10,2 % de la population totale. Les conflits en Amérique latine ont poussé une partie de sa population à fuir et se réfugier à l’étranger. La congrégation des Religieuses de Marie Immaculée (RMI) s’est donnée pour mission de les aider à travers son « Centre de promotion sociale ».
Cette congrégation catholique a été fondée en 1876 par la religieuse espagnole Vicenta María López Vicuña, à Madrid. Elle est née en réponse aux besoins des jeunes filles qui émigraient des campagnes vers les villes à la recherche d’un travail, et qui se retrouvaient sans domicile et sans moyens de subsistance.
Aujourd’hui, les religieuses sont présentes sur 4 continents : Afrique, Amérique, Asie et Europe, dans 21 pays et 123 communautés. C’est à Paris, dans le 16e arrondissement qu’une de ces communautés a été fondée en 1926. A travers son centre social, cette communauté aide bénévolement chaque année des centaines de femmes immigrées.
Site de la communauté parisienne : Paris – Religieuses de Marie Immaculée

Apprendre le français pour s’intégrer
A leur arrivée en France, beaucoup d’entre elles ne parlent pas français, n’ont pas de logement ni de revenu. Intégré dans une paroisse hispanophone, le centre propose grâce à ses membres bénévoles des cours de français à des migrantes de tous âges, venues d’Amérique latine.
Sœur Begoña Mata est responsable du centre social depuis son arrivée à Paris en 2017. « D’août 2017 à juillet 2018, nous avons aidé 600 femmes dont 203 ont été élèves dans nos cours de français », raconte-t-elle. Le centre propose du lundi au jeudi, deux cours de français par jour.

Ana (son prénom a été modifié), jeune Vénézuélienne de 25 ans, a pu bénéficier dans le passé de l’aide du centre social. Quand elle est arrivée en France en 2018, elle a rencontré une fille qui habitait au « Foyer de la jeune fille ». Cette structure qui fait aussi partie de la congrégation RMI, loue des chambres à des jeunes travailleuses et étudiantes. C’est comme ça qu’elle a demandé de l’aide au centre social.
« Lorsque je suis arrivée en France, je ne savais même pas dire bonjour. »
Ana, ancienne élève du centre social
Ana a participé à plusieurs cours de français. Elle se rappelle avec nostalgie de sa venue au centre. « Lorsque je suis arrivée en France, je ne savais même pas dire bonjour. Je me suis donc inscrite aux cours de français du centre social auxquels j’ai participé pendant 6 mois. Ce sont des cours pour apprendre des choses basiques, pour pouvoir aller au supermarché, dire qu’on est malade… C’est grâce à ces cours que j’ai pu parler un peu français et mieux comprendre la langue ».
Le centre dispose de trois salles de cours. Elles contiennent chacune une dizaine de places. Le matériel est rustique mais complet, et l’essentiel des objets sont des donations.

Un travail d’accompagnement et d’orientation
Le centre met aussi en contact des jeunes femmes migrantes qui recherchent un emploi comme « collaboratrices familiales », avec des familles qui ont besoin d’aide à domicile, pour le ménage, la cuisine, l’attention à des personnes âgées ou aux enfants (baby-sitting). C’est Sœur Begoña qui se charge d’accueillir les femmes : « Les personnes qui recherchent une travailleuse ou du travail viennent à l’accueil et écrivent leurs coordonnées. Après, je reçois les femmes migrantes et leur pose des questions sur les raisons de leur venue en France, la situation dans leur pays d’origine, ce qu’elles savent faire (ménage…) ». Ensuite, elle appelle la famille qui recherche une travailleuse puis la met en contact avec une des femmes.

Le centre social se situant à l’intérieur du « Foyer de la jeune fille », certaines femmes sont logées sur place pendant un moment et y apprennent à repasser, nettoyer et cuisiner. C’est notamment le cas de Géraldine, jeune migrante péruvienne. Pour elle, le centre est un lieu « sécurisé » qui lui permet de s’adapter à la vie en France dans « les meilleures conditions ».
Une autre mission des RMI consiste à aider les migrantes administrativement, surtout en ce qui concerne le médical et la sécurité sociale. Mais dernièrement, la pandémie de COVID-19 a fait chuter le nombre de personnes aidées par le foyer. « En 2020 et 2021, avec les frontières qui se sont fermées, nous avons accueilli beaucoup moins de femmes : elles ne sont qu’une soixantaine depuis août dernier », constate Sœur Begoña.
Selon le World Inequality Report 2022, l’Amérique latine est l’une des régions les plus inégalitaires au monde. Cette situation a été aggravée par la pandémie : « La Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) estime que la crise sanitaire a plongé plus de 20 millions de personnes dans la pauvreté » (Sciences Po). Pour les bénévoles du centre social, cela laisse présager un regain d’activité dans les prochains mois.
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