L’Exposition Universelle 2020 s’est installée à Dubaï. Sur le thème « connecter les esprits, construire le futur » elle accueillera 50 000 visiteurs par jour d’octobre 2021 à mars 2022 . 192 pays y sont représentés, dans autant de pavillons. Mais tous ces pavillons n’ont pas le même succès.

« Visitez le pavillon de l’Arabie Saoudite », « Volez avec Emirates et obtenez des places pour l’Expo 2020 ». Dès l’arrivée à l’aéroport de Dubaï, l’Exposition Universelle est partout. Sur les réseaux sociaux, des publicités pour certains pavillons. Le Maroc, les Émirats Arabes Unis ou l’Arabie Saoudite, à nouveaux, font la promotion de leurs pavillons sur Twitter.  Pour les pays présents, l’Exposition Universelle est une occasion de briller : les pavillons rivalisent de modernité.

Vidéo : publicité pour l’Exposition universelle de Dubaï

C’est un cadre futuriste de 438 hectares – deux fois la superficie de Monaco –, qui accueille l’Exposition. Des robots sur roues vérifient le port du masque. Les poubelles sont programmées pour dire « thank you » à chaque utilisation. Malgré les 28°C, des chants de Noël sont diffusés par les hauts parleurs. Les pavillons colorés attirent l’œil, on ne sait où donner de la tête.

Mettre l’accent sur la culture…

Certains pays font le choix de mettre en avant leur culture. C’est le cas de l’Inde, dont tout un étage du pavillon est consacré à l’architecture et aux monuments du pays. Sur les murs défilent des images de temples. Au centre de la pièce trône une maquette. Très visité, le pavillon reçoit 10 000 personnes chaque jour, selon une hôtesse d’accueil. Pour elle, la principale raison de cette affluence est l’importante communauté indienne à Dubaï.

Les pavillons du Pérou et du Pakistan mettent aussi l’accent sur la richesse culturelle des pays. On entre dans le pavillon du Pérou en traversant une reproduction d’un pont des Andes. Dans le pavillon pakistanais sont exposées des portes peintes traditionnelles.

…Et les opportunités d’investissement

Au-delà de la richesse culturelle, les pays souhaitent aussi montrer leur puissance scientifique et technique. C’est le cas de l’Inde et du Pakistan. Après une exposition sur les paysages et l’histoire, on met en avant les avancées technologiques. L’intérêt est de montrer à quel point le pays est moderne, et d’attirer entreprises étrangères et investisseurs. Dans le pavillons indien est présentée une chronologie des évolutions technologiques ainsi qu’une grande affiche « India today, changing every day ». Un diaporama de dignitaires indiens avec des présidents du monde entier permet de montrer les relations diplomatiques du pays. L’excellence scientifique et les liens entre pays participent au rayonnement international.

Des installations impressionnantes pour attirer

Certains pays font le choix de miser sur des pavillons hors normes, pour attirer les visiteurs. C’est le cas des États-Unis, qui présentent la reproduction d’une fusée SpaceX dans leur pavillon. Plus encore, il est possible d’y toucher un morceau de Lune.

Mais c’est le pavillon de l’Arabie Saoudite qui attire le plus l’œil. Avec son architecture atypique, semblant jaillir du sol, et sa façade couverte d’écrans, il est  facilement repérable. Son emplacement est stratégique : central, immanquable depuis l’entrée principale. Et l’originalité paye : le pavillon fait partie des plus visités et des plus recommandés. Quel que soit le jour, il faut compter au moins une heure de queue avant de pouvoir y entrer. D’après les agents d’accueil, le pavillon a atteint les 2 millions de visiteurs le 25 décembre. Chaque jour, environ 23 000 personnes le visitent.

Le pavillon français, délaissé ?

Le pavillon français est historiquement très visité. A l’Exposition de Shanghai, en 2010, c’est lui qui a reçu le plus grand nombre de visiteurs. En 6 mois, il avait reçu 10 millions de visiteurs. Mais cette année, le pavillon semble délaissé. Alors que de nombreux pavillons se visitent après une vingtaine de minutes de queue, il n’y a pas de temps d’attente. A l’intérieur, les visiteurs ne s’attardent pas. Les agents d’accueil du pavillon soutiennent tout de même qu’il est très visité, expliquant que « c’est le 6^ème plus grand pavillon, et il est très proche d’une des entrées ». Contactée, la direction du pavillon n’a pas souhaité répondre.

Site internet du pavillon français à l’Exposition Universelle de Dubaï

Est-ce le minimalisme des installations qui explique cette affluence ? Ou bien la situation du pavillon, excentré de l’entrée principale ? En tous cas, les français rencontrés sur place s’accordent pour dire que le pavillon les a déçus. Quant aux visiteurs étrangers, ils choisissent de visiter le pavillon « pour l’architecture provocatrice du bâtiment », « après être allés en France », ou encore « parce que la France est un pays connu, notamment pour la mode ».

Les petits Etats : briller à son échelle

Si les pays les plus riches ont pu investir dans des pavillons individuels et originaux, ce n’est pas le cas des 192 participants. Une majorité de pays est installée dans de petites maisons identiques, différenciées par des enseignes aux couleurs de l’État. Saint-Vincent-et-les-Grenadines présente une courte exposition de ses paysages et de ses avancées technologiques. Des œuvres d’artistes locaux et des spécialités culinaires sont aussi mises en avant. Selon l’hôte d’accueil, le pavillon reçoit environ 7000 visiteurs chaque semaine – autant que ce que le Pakistan reçoit en une journée –. Le pavillon est moins imposant et donc moins visible que ceux d’autres pays.

Les Expositions Universelles sont une occasion de faire découvrir sa culture et ses spécificités. Les pays y rivalisent d’ingéniosité pour attirer les visiteurs. Chaque édition se veut plus grandiose que la précédente. Il ne nous reste donc plus qu’à attendre l’Exposition d’Osaka pour découvrir de nouvelles innovations.

Iliana Fages-Gouyou