Il est 18 heures à Boulogne. La journée du samedi 20 novembre touche à sa fin dans le centre commercial Les Passages et la rue commerçante attenante. L’animation de la deuxième journée du « Black Friday » se ressent encore dans cette partie de la ville.

Il fait nuit. De nombreuses personnes déambulent encore dans la rue. Un vieux couple se penche sur les étalages colorés d’un fleuriste. Le vent soulève les mèches de cheveux des passantes s’exposant au froid. L’odeur des pots d’échappement des voitures bruyantes remplit leurs narines. Une femme au manteau rouge s’extasie avec son amie devant la vitrine d’une chocolaterie. Les arbres sont déjà ornés de guirlandes de Noël, mais elles restent éteintes.

Un homme entre dans la partie couverte du centre commercial en sifflotant un air léger. Près de l’entrée, les effluves d’un café se rependent dans l’air chaud. Les pleurs d’enfants en bas âge se distinguent de la rumeur des badauds. Au loin, un portique antivol sonne avec insistance.

Dans cette partie du centre, les décorations festives sont déjà allumées. Entre les guirlandes clignotantes, un haut sapin étoilé se dresse. A ses pieds s’étalent un camion rempli de cadeaux, des animaux en peluche et des familles dispersées. Une passante souriante photographie un garçon en bonnet devant l’arbre. D’autres, plus lasses, attendent leurs enfants près de poussettes et trottinettes colorées. Une mère tente de consoler son fils en pleurs. Elle l’attire vers le sapin illuminé malgré ses plaintes répétées :

« je veux pas, je veux pas ! »

Le centre se vide. Deux hommes à l’air fatigué consultent leur téléphone, assis sur des chaises à l’entrée d’un magasin. Le plafond en verre au-dessus de leurs têtes laisse transparaître le ciel sombre.

Tina Hokayem