Au cœur des cités Saussaie-Floréal-Courtille (SFC), la maison de quartier Floréal est un équipement de terrain au plus proches des habitants. Décrite comme un lieu d’expérimentation par la responsable du lieu Laure, la maison est un lieu où des tentatives de réponses aux besoins des habitants sont crée collectivement. Aujoud’hui les demandes d’aides se multiplient dans le quartier et la structure municipale voit son importance grandir.

Le quartier Saussaie Floréal Courtille se situe à l’est de Saint Denis, en bordure du Parc de la Courneuve dans le 93. La verdure côtoie le béton. Presque exclusivement constitué de logements sociaux (plus de 2000) SFC est le lieu de vie de plus de 6500 habitants (officiellement.) Les tours ont été construites progressivement dans les années 50-60 en lieu et place d’un bidonville. A quelques kilomètres au nord de la célèbre « cité des 4000 » à la Courneuve, SFC a tout de l’architecture des grands ensembles de cette époque. Pourtant ce quartier a une atmosphère particulière, les gens y sont très attachés. La plupart des habitants y habitent depuis longtemps et le quartier peut être considéré comme un village selon les agents d’accueil. Malgré son caractère très isolé : « lorsque les gens vont dans le centre ils disent qu’ils vont à Saint Denis » selon Karim (son nom a été modifié) habitant du quartier, le quartier reste très vivant et possède un tissu associatif est très riche.
Une maison de quartier
Officiellement une maison de quartier c’est un centre social implanté sur un territoire local. Il y en a environ 3000 en France et ceux-ci sont majoritairement de deux types : municipales ou associatifs. On trouve surtout ces structures dans des quartiers populaires urbain mais aussi dans des zones rurales. Elles prennent place dans des lieux qui ont des besoins d’infrastructures. Les maisons de quartiers fonctionnent grâce aux aides publiques, ce sont des structures qui sont agréées par la CAF (caisse d’allocation familiales). Elles fonctionnent à partir d’un projet social, qui est renouvelé tous les 4 ans (actuellement la Maison de quartier Floréal est à la fin du processus de renouvellement de son projet social et le nouveau devrait prendre place courant mars).
Le projet social détermine les actions de travail en fonction des demandes et des besoins du territoire et c’est à partir de ce projet social que la CAF agrée ou non la maison de quartier. Les missions d’une maison de quartiers sont diverses et elles doivent surtout répondre aux besoins des alentours.

Les actions seront différentes entre les maisons de quartier dans la campagne bretonne et celles des banlieues populaires du nord de Paris. L’ancrage de la maison de quartier est très local et Laure parle d’un lien très fort avec les associations locales, les professionnels et les individus. Beaucoup d’association utilisent les locaux afin d’exercer leurs activités
La maison de quartier Floréal a un panel d’action très variés. Elle propose des activités pour les enfants (éveil musical pour les tout-petits, judo…), mais aussi pour les adultes (comme une chorale kabyle qui permet aux femmes qui sont souvent âgées et qui sortent peu de se réunir), organise des sorties (à la plage mais aussi au musée) à un public qui n’en a pas l’habitude. Mais ce sont bien les démarches d’accompagnement qui préoccupent le plus les habitants du quartier. La maison de quartier organise des cours de français, du soutient scolaire mais fait aussi venir des écrivains publics pour aider dans les démarches administratives. Elle sert aussi de salle informatique et d’imprimantes pour les individus qui n’en n’ont pas tous chez eux.

Le covid a changé beaucoup de choses
A l’instar de beaucoup de structures les maisons de quartier ont été particulièrement touchés par la crise sanitaire. Les habitudes se sont substantiellement modifiées. Alors qu’auparavant il n’était pas rare de croiser des jeunes qui passaient le temps en soirée dans l’une des salles à côté d’une machine à café.
Dorénavant les habitants ne viennent plus que lorsqu’ils ont quelque chose à faire à la maison de quartier. Cela n’empêche pas les aller et retour incessant à l’intérieur de la structure. Au cours des 10 minutes des conversations avec les agents d’accueil plus de 4 personnes sont passées pour diverses raisons. « A l’accueil on ne passe pas 10min sans voir personne » Haliette Belcacemi (son nom a été modifié).
Le covid a été accompagné d’une dématérialisation des démarches administratives. Or une grande partie de la population du quartier ne parle et surtout n’écris pas le français. Inès (son nom a été modifié) agente d’accueil indiquait que le nombre de rendez-vous avec les écrivains public s’étaient démultipliés depuis le covid et qu’un nouvel écrivain public (bénévole) venait à présent le jeudi après-midi.
« La maison de quartier floréal a eubeaucoup de chance et elle n’a fermé que durant le premier confinement. Depuis ses horaires ont été aménagées, on ferme a 18h au lieu de 21h et on fait une plus grosse pause le midi. Mais on a pu continuer à exercer ses activités. Les ateliers sont toujours remplis et la demande reste très forte » indiquait Laure Lasserre, la directrice de la maison de quartier.
A l’échelle du quartier le covid-19 a fortement renforcé la précarité. Beaucoup d’individu travaillaient au noir, sans contrat de travail. Il y a beaucoup de familles nombreuses dans de petits appartements. La demande d’aides alimentaires a explosé et deux séances de distribution de nourriture sont organisées chaque semaine par les associations.
Un lieu parlé mais qui ne s’exprime pas
Alors que la précarité s’est multipliée et que les élections approchent on pourrait s’attendre à ce que la campagne occupe une place importante dans les discussions du quartier. Pourtant lorsque j’ai évoqué le sujet tous m’ont répondu : « ici on ne parle pas de politique ».
Les habitants de SFC font face à de nombreux obstacles qui leur entrave le champ politique. Tout d’abord, une grande partie des habitants ne possède pas la nationalité française et ne peut pas voter. Mais par ailleurs, le taux d’abstention dépasse les 70%.
Les habitants font face à une absence quasi totale de représentation. Alors qu’ils subissent les effets de la crise plus forts que les autres, le débat national semble toujours les marginaliser. Si on ne parle pas politique la maison de quartier anime des temps discussion et remarque que les propos d’ERIC Zemmour ont une résonnance auprès de la population. Avec la polarisation des débats et la façon dont les étrangers sont décriés, beaucoup d’habitants commencent à se renseigner quant aux procédures pour avoir la nationalité française.
Les banlieues populaires sont souvent au cœur de nombre de débats politique, pourtant la plupart des habitants de ces zones urbaine n’exprime pas de suffrage. Les habitants de ces quartiers ne semblent être que des pions sur l’échiquier politique.
Un autre exemple de ce genre de traitement est la gestion des maisons de quartiers à Saint-Denis. Alors qu’auparavant il existait 14 quartiers à Saint Denis la mairie a décidé de redécouper administrativement la ville en seulement 6 quartiers. Ce qui fait qu’officiellement la maison de quartier Floréal est responsable du quartier Allende-Mutuelle-Floréal. Pourtant Laure nous assure que la fréquentation du lieu n’a pas changé et que seuls les habitants de floréal (SFC) viennent à la maison de quartier. Cela est dû d’une part aux habitudes des habitants mais aussi à la position excentrée de la maison de quartier (SFC est tout à l’est de Saint-Denis). Les habitants de Mutuelle et Allende n’ont donc plus de structure de proximité comme l’était une maison de quartier ;
Quelles perspectives de futur ?
Saint-Denis fait partie du projet Grand Paris et est un organisateur des JO de 2024. La ville est donc en train d’être rénovée. La piscine de Marville à proximité de SFC est remise à neuf et de nouvelles infrastructures sont en cours de construction. Alors que le métro va arriver à la Courneuve 6 Routes (quelques kilomètres au sud de SFC) le quartier espère toujours sa propre station de métro qui couperait un peu son isolement.
« Les jeux olympiques à Saint Denis c’est super. Ça va permettre aux jeunes de sortir un peu et d’arrêter de traîner. J’espère juste que les Dyonisiens seront privilégiés pour le travail que cela va créer » Fatia (son nom a été modifié) habitante du quartier.
Il y a quelques années les bâtiments ont été rénovés par la mairie mais malheureusement beaucoup reste à faire. Un budget participatif a été organisé par la Mairie pour répondre aux envies des habitants, pourtant le quartier de SFC est l’un de ceux qui a reçu le moins de propositions.
La maison de quartier floréal va bientôt s’grandir et continue de s’atteler comme elle peut pour satisfaire les besoins des habitants et espère que ce genre de situation aura des résonnance à plus grandes échelles.
Louis Langrenne
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