Covid-19 pour la directrice de la Tour d’Auvergne: « cela fait trop à gérer »

La directrice de l’école élémentaire de la Tour d’Auvergne, situé dans le Nord de Colombes, revient sur ses conditions de travail dégradés par les derniers protocoles annoncés et tandis que depuis la dernière vague, « il y a tous les jours de nouveaux élèves positifs ».

À 16h30, la cloche de l’école élémentaire retentit. La majorité des élèves du CP au CM2 gagnent la sortie. Sur le papier, l’heure de fin est la même pour les enseignants et la directrice. Pour autant, ce mercredi 20 janvier, elle restera jusqu’à 20h à l’école, ce qui n’est pas inhabituel.

L’école primaire de la Tour d’Auvergne vue de la rue
crédit : http://www.ec-tourdauvergne-colombes.ac-versailles.fr/spip.php?article108

Tout le personnel interrogé s’accorde à dire que ce sont les directeurs qui assument le plus de difficulté. Surtout car leurs tâches sont devenues majoritairement administratives, nous indique une des enseignantes de CE1.

En effet, dès que l’on rentre dans le cadre scolaire, ce qui normalement est prise en charge par la Sécurité sociale est géré par les directeurs d’école. La directrice de la Tour D’auvergne doit gérer le traçage des cas contacts et prévenir les familles pour qu’elles effectuent également des tests. Tout ce processus est très chronophage.

Cela l’empêche de réaliser un certain nombre des tâches qui lui sont normalement incombées, comme le suivi pédagogique des élèves en difficulté. Tout est fait « rapidement, pour être casé en une journée de 24 heures ». Et comme l’équipe enseignante, trop nombreuse, ne peut plus se réunir dans la salle commune, le lien est dur à maintenir.

Il en est de même avec les parents. Ces derniers sont « excédés de faire des tests à leurs enfants en permanence ». Et la remise des bulletins par exemple, qui se faisait sur un samedi banalisé, devra être réalisé par téléphone ; elle sera courte et impersonnelle.

Ce mercredi, la directrice a été prévenu à 16h45 d’un cas positif dans une classe d’une vingtaine d’élèves. Les parents doivent être prévenus par mail le soir même, et cela par courrier nominatif. Mais au niveau des outils informatiques, rien n’a été fait pour simplifier le processus. Chaque courrier doit donc être édité à partir de la base de données et le mail envoyé manuellement une vingtaine de fois.

Les parents doivent impérativement se procurer des autotests en pharmacie et une attestation sur l’honneur qui devra être présenté au retour de l’enfant. Autre difficulté, le personnel se rejoint sur le fait que certaines familles manquent d’honnêteté dans lesdites déclarations. En effet, ils sont censés attester du résultat négatif de 3 autotests successifs (réalisés à J0, J+2 et J+4). Comment faire par exemple quand un élève soutient ne jamais avoir fait d’autotest tandis que la mère affirme le contraire.

L’ensemble de l’équipe pédagogique, à l’image de beaucoup d’enseignants français, est également atterré par la gestion du gouvernement. Le dernier protocole annoncé a été changé à deux reprises depuis le 3 janvier. Et les informations n’arrivent pas par la voie hiérarchique mais bien dans les médias, nous a confirmé la directrice. Les parents sont donc au même niveau d’informations qu’elle et ne lui facilite pas la tâche. Surtout car les mesures annoncées ne sont pas forcément effectives sur le champ, ce dont ces derniers n’ont pas toujours conscience.

Cet établissement fait partie du réseau d’éducation prioritaire, ce qui implique que les familles peuvent avoir plus de mal à assurer le suivi de la scolarité des enfants isolés.

Mais plus généralement, chaque école est confrontée à des problématiques différentes. En théorie depuis la dernière vague, une limitation du brassage devrait être respecté. Mais dans le cadre d’un cours d’arabe organisé le soir, la directrice a « laissé tomber. Cela fait trop à gérer. Les élèves de CM1 et CM2 qui y participent sont donc regroupés. Si un cas est découvert, c’est la classe classique et celle du cours d’arabe qui deviennent cas contact. », nous explique-t’elle pendant sa pause.

L’établissement accueille également une classe ULIS, un dispositif pour les élèves en situation d’handicap qui n’ont pas la capacité de suivre une classe ordinaire à plein temps. Les derniers protocoles imposent de choisir entre en placement à 100% dans une classe ou bien dans le dispositif. Résultat, sept des neufs enfants du programme ne rejoignent plus les autres élèves pour une partie des activités. Pour la directrice, on a une « perte totale de l’inclusion ».

Malgré tout cela, les personnes interrogées, que ce soit la gardienne de l’école, les enseignantes ou encore la responsable du centre aéré, se disent maintenant habituées à ce rythme de travail. Certaines commencent à voir la fin de cette pandémie. Et toutes attendent l’allégement du protocole, en particulier la levée de l’interdiction du port du masque à l’école, attendue pour la rentrée des vacances de février.

Laetitia Plaisance

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