Il y’a un an jour pour jour, les étudiants de l’Université Dauphine n’allaient pas tarder à se rendre au centre Charenton pour passer leurs examens. Il en va de même aujourd’hui, à la différence que le semestre ne s’est pas déroulé de la même façon.
Au début de l’année scolaire 2020-2021, les étudiants arrivant en licence 1 à l’Université Paris-Dauphine ont vécu un premier semestre universitaire particulier. Entre le présentiel une semaine sur deux, les confinements et couvre-feux successifs ou encore l’isolement permanent, l’adaptation à l’univers post-bac n’a pas été des plus simples. Cela ne les a pourtant pas empêchés de passer leurs premiers examens en janvier 2021 en présentiel, dans un contexte d’appréhension et d’inconnu. On retrouve ces mêmes étudiants un an plus tard, en janvier 2022. Le semestre a été différent cette année, ils ont vécu leur premier semestre « normal ». De nouveau, les examens approchent mais comment, avec le retour du présentiel, les étudiants se sentent-ils cette fois ci ?

Au cœur des révisions
Jeudi 6 janvier 2022, cour de l’Université Paris-Dauphine. Les étudiants en 2ème année de licence LSO ont laissé leurs affaires à la bibliothèque universitaire afin de s’accorder 30 minutes de pause pour déjeuner. Les minutes sont comptées, les examens sont dans 4 jours et chacun est plus ou moins préparé. Les discussions au cours du repas ne sont pas réellement variées, rythmées par les révisions, les étudiants se questionnent en boucle malgré la pause : « Tu as terminé le chapitre de Microéconomie ? Cette après-midi je commence par les statistiques ou la HEG ? Bon, un café et on y retourne ? » Pour l’instant, l’atmosphère à tout d’une semaine de révision assez classique.
Il existe une distinction marquante avec l’an passé. Les révisions semblent être vécues complétement différemment grâce au semestre en présentiel. Beaucoup confient qu’ils se sentent plus préparés et confiants face aux examens. “Le fait de venir en cours nous rend plus serein pour les épreuves, il y’a une atmosphère de sérieux et de travail qui nous rend plus aptes à apprendre et comprendre » explique Max, étudiant en 2ème année de licence à Dauphine.
Un cadre plus adapté à l’enseignement
Ce même jour, dans les couloirs de l’université, les étudiants s’autorisent un peu plus de pauses, on les entend, malgré leurs yeux quelque peu fatigués, rire et discuter. Ils en profitent aussi pour s’entraider. Tous paraissent globalement préparés pour la semaine qui les attend et non sans raison. « Le distanciel était très limité dans les techniques d’apprentissage. Les professeurs avaient une seule façon d’expliquer et avaient du mal à se rendre compte si les élèves adhéraient cette façon d’apprendre. Maintenant on a un meilleur suivi » remarque Xavier Roullet à propos de ses révisions. Les révisions semblent moins compliquées psychologiquement pour les étudiants. Ils ont reçu un enseignement de meilleure qualité qui leur a permis de moins travailler par eux-mêmes.
(Pour comprendre la détresse des étudiants pendant le distanciel : https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/covid-19-confines-cours-en-distanciel-les-temoignages-d-etudiants-en-detresse-se-multiplient-7113287 )
Malgré tout, d’autres confient que quelques aspects du distanciel leurs manquent et qu’ils gardent des séquelles de ce fonctionnement. Ils ont appris à apprendre tout seul l’an passé et admettent préférer travailler seul plutôt que d’aller à certains cours. Ils se plaignent de perdre du temps dans certaines matières qui, comme dirait Xavier « ne servent à rien » à leurs yeux et sur lesquelles ils avancent plus vite tout seul.
Examens sous le signe de la préparation et de l’accompagnement
L’heurte des révisions est passée, nous retrouvons les étudiants en plein coeur de leurs examens pour les sonde. Nous sommes le Jeudi 13 janvier, à l’espace Charenton les étudiants se bousculent pour sortir de la salle d’où ils viennent de composer 2h sur leur copie de Macroéconomie. C’est le 4ème jour d’examen et ils commencent à voir le bout du tunnel. On les entend se raconter entre eux leur ressenti en priant pour que la prochaine épreuve soit moins difficile.

L’an passé les étudiants avaient subi beaucoup de stress, ils se sentaient très peu préparés en arrivant aux partiels. Louise, à la sortie de son examen de macroéconomie confie avec ironie : « Je ne dirais pas que j’ai réussi haha, mais j’ai eu beaucoup moins d’appréhension pour ces examens-là, je savais déjà tout ce que j’avais à faire car l’on en avait beaucoup parlé en cours ». Contrairement à l’an passé, les étudiants n’ont plus ce sentiment d’aller vers l’inconnu, les professeurs ont pu lire leurs angoisses et les rassurer, chose qui était bien plus complexe derrière un écran.
Par ailleurs les élèves savent ce que l’on attend d’eux. Ils savent aussi qu’il y’a des éléments qui seront plus durs et sur lesquels ils risquent de bloquer. Mais ce sont des éléments difficiles pour tous. Rassuré et riant, Édouard raconte en effet « Le présentiel nous montre qu’on est un peu tous dans la même « merde » et c’est plutôt réconfortant face au niveau que Dauphine nous demande d’atteindre ». Le présentiel a permis de créer un lien collectif entre ces jeunes, il est beaucoup plus facile de se rendre compte de son niveau et de ne pas se sentir livrer à soi-même ou seul dans cette situation.

Les limites du présentiel
C’est en pleine épreuve de comptabilité, les copies distribuées depuis près d’une heure, que l’on voit une jeune fille se lever angoissée et tremblante. À la sortie, la jeune fille en question, Mathilde ( nom a été modifié), très peu remise de ses émotions raconte la crise d’angoisse qui l’a touchée : « Le présentiel crée ce sentiment de devoir tout maîtriser, de devoir être à la hauteur, alors le seul petit bémol fait tout remettre en question et nous fait perdre nos moyens ». Son expérience prouve que, malgré un point de vue général assez positif, le ressenti reste à nuancer. Les étudiants ont en effet pris l’habitude du distanciel mais ce semestre implique un rythme différent et suscite une anxiété pour certains quand ils se retrouvent devant leur copie et ne parviennent pas à composer.
Clothilde Dano
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