Un public de cinéma contraint : la Covid complique encore l’accueil des visiteurs

Entrée du Cyrano à VersaillesLe Cyrano de Versailles

En pleine cinquième vague, alors que les fréquentations des cinémas sont en baisse, les restrictions sanitaires encadrent strictement l’accueil du public. Les visiteurs, qu’ils soient seuls, en famille ou entre amis, s’astreignent aux règles de distanciation, au port du masque et au pass sanitaire. Les équipes UGC mettent tout en place pour offrir aux visiteurs la meilleure expérience possible.

La prochaine à droite, c’est la rue Rameau, la rue du cinéma. Tout le monde marche vite dehors. On entend les frottements des doudounes plastifiées au rythme des pas sur le trottoir d’en face. Le froid de janvier est sans pitié. Il est 18 heures, la nuit est tombée il y a déjà une heure. On aperçoit enfin l’entrée du cinéma, annoncée « UGC Cyrano » par la pancarte bleue néon.

En poussant la porte vitrée, l’air chaud des souffleries fait s’envoler les cheveux. Les rires d’enfants et les discussions d’adultes résonnent dans le grand hall. Il y a une famille, deux couples ayant la trentaine sûrement et une bande de jeunes qui se retrouvent joyeusement. Ces derniers ne se sont pas encore mis d’accord sur le film à voir et pointent le panneau d’affichage des séances. The King’s Man ou Spider-Man ? Cela fait débat. Selon Maxime, « le dernier Marvel est exceptionnel ». Il l’a déjà vu la semaine dernière et aimerait bien le revoir une seconde fois. Les quatre autres suivent son conseil et prennent finalement leurs tickets à la borne. Ils dégainent ensuite leurs téléphones portables pour la vérification des pass sanitaires et avancent dans le couloir sans passer par le stand de popcorn. Catherine et Lou se retournent et rappellent que « mettre un masque, ça ne sert à rien si on l’enlève toutes les deux secondes pour manger ». À l’entrée du cinéma, l’hôtesse d’accueil avait effectivement prévenu que le port du masque était obligatoire tout au long de la séance. Le groupe d’amis se dirige vers l’escalator de gauche et chacun tend son ticket à la dame habillée en noir qui s’occupe de les vérifier. « Salle 3, en haut au fond du couloir » leur dit-elle, avant d’ajouter de manière automatique « bonne séance ». 

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Les files avec ou sans billet permettent une meilleure circulation des visiteurs dans le hall
Les files avec ou sans billet permettent une meilleure circulation des visiteurs dans le hall,
© Taolina Davy

Une odeur de sucre envahit soudain le hall. Deux petites filles demandent à leurs parents une grosse portion de popcorn. La mère, une petite brune en mocassins vernis noir, accepte de leur en acheter à condition qu’elles finissent le paquet, un sourire en coin. Les deux enfants lui répondent d’une seule et même voix : « Oui ! ». La carte bancaire fait le petit « bip » traditionnel d’un paiement sans contact et la caissière tend les popcorns aux deux jeunes filles. C’était le moment tant attendu de la semaine : elles allaient enfin voir Tous en Scène 2. En leur demandant s’ils ne craignent pas de déroger au protocole sanitaire, les parents répondent qu’ils ne s’inquiètent pas. « Le pass sanitaire est obligatoire à partir de 12 ans, et les enfants ne sont pas à risque ». Le père ajoute d’un ton rassuré « Puis il n’y a pas l’air d’avoir grand monde ce soir. On sera sûrement très espacé des autres personnes dans la salle ». Il n’a pas tort, le hall est plutôt vide. On entend les bande-annonces qui tournent en boucle en fond sonore. Les écrans de l’entrée repassent en continu les mêmes images des derniers films à l’affiche. Dehors il fait toujours aussi sombre, mais au moins on est bien au chaud à l’intérieur. 

Le cinéma UGC Cyrano à Versailles, © Taolina Davy

Une fois les derniers clients partis dans leurs salles, Stéphane et Loubna reprennent derrière les caisses leur discussion sur les cadeaux de Noël qu’ils iraient revendre dès le lendemain. Quant aux ventes de popcorn et de confiseries, cela marche bien en période Covid ? Stéphane étouffe un petit rire gêné et répond d’un ton amusé « Plutôt bien oui ! Je travaille ici depuis l’année dernière et honnêtement je n’ai pas vu de différence. Il y a juste moins de monde qu’en temps normal. Mais les gens respectent bien les distanciations et les gestes barrières en général, donc tout se passe bien ». Loubna, elle, ne travaille au Cyrano que depuis 1 mois : « J’aime bien l’ambiance, les gens viennent surtout pour passer un agréable moment ensemble et oublier ces problèmes de pandémie le temps d’un bon film ». Son collègue sourit derrière son masque et s’écrit « J’aimerais bien voir enfin le dernier Spider-Man moi aussi ! ». Les deux employés s’assoient sur les canapés en similicuir gris foncé en attendant la prochaine vague de visiteurs. Les popcorns sucrés baignent toujours dans le bac transparent en plexiglas. Leur odeur caramélisée ne cesse d’envahir le hall d’entrée qui devient soudainement très calme. C’est inhabituel pour un week-end. 

L’entrée du cinéma, © Taolina Davy

On entend une porte s’ouvrir et un bruit de couloir qui se rapproche. La séance de Matrix est terminée et la salle 7 se vide. Les visiteurs masqués se démasquent une fois sortis du cinéma : « C’était super. Mais qu’est-ce qu’on respire mieux sans ce truc » déclare un homme aux cheveux courts et grisonnants. Un jeune couple traverse la route et se dirige vers la crêperie d’en face pour finir la soirée. Les autres suivent la rue Rameau et rentrent chez eux. On entend les discussions s’éloigner sur les trottoirs : « et toi, tu prendrais pilule rouge ou pilule bleue ? »

Taolina Davy

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