Dans les coulisses de la préparation du DauFilms Festival 2022

C’est dans le couloir des associations de l’université Paris Dauphine, derrière une porte ornée de collages expérimentaux, que nous découvrons une petite pièce aux murs envahis d’affiches de films. Cette pièce, c’est le local de l’Association Cinéma Dauphine, raccourcie aux initiales ACD.

Le local de l’Association Cinéma Dauphine. Crédit photo: Louise Rialland

Notre arrivée interrompt le temps d’une petite seconde la vive discussion d’un groupe de personnes dont nous entendions déjà les voix de l’extérieur avant que ces têtes, curieusement redressées, ne se baissent de nouveau pour se remettre au travail. Une écriture pressée sur les ordinateurs, un débat animé et alimenté d’un vocabulaire sérieusement cinéphile, un partage d’idées, de dates, d’horaires: quelque chose se prépare. Parmi toutes ces voix, une surpasse les autres et rythme les interventions: c’est Gaia Collart, la présidente de l’association. À la fin de la réunion, c’est vers elle que nous nous dirigeons. Nous lui demandons sur quel projet travaille le groupe. 

« Nous sommes en plein préparation du DauFilms Festival qui a lieu en février, donc dans moins d’un mois. Le Daufilms Festival est un festival étudiant organisé au sein de Dauphine qui se déroule en une semaine avec plusieurs événements. Généralement, nous arrivons à organiser une avant première de films dans un cinéma parisien gratuit pour tout Dauphinois ou non et une masterclass sur un sujet déterminé par l’association avec des invités professionnels. Par exemple l’année dernière, la masterclass portait sur la musique au cinéma et nous avions reçu le compositeur de Taken. Nous tenons également une conférence et l’événement souvent le plus attendu est le concours de courts métrages qui est un concours ouvert à tous les étudiants de moins de trente ans, francophones ou non. Nous en recevons un certain nombre chaque année et nous les notons, les mieux notés étant diffusés lors de la cérémonie de remise des prix devant un jury et un public qui attribuerons le classement final. »  

« C’est vraiment ici que se place notre légitimité »

A travers ce dernier événement, c’est une véritable promotion du cinéma étudiant qui est à l’honneur. Tous les ans, ce festival est un tremplin pour de jeunes étudiants qui n’ont pas forcément beaucoup de moyens de s’exprimer et d’atteindre une certaine visibilité. Noté par un jury composé de professionnels, ce concours, bien que non reconnu officiellement comme d’autres concours peuvent l’être, est aussi l’occasion de remporter une valorisation financière: « c’est vraiment ici que se place notre légitimité » ajoute Gaia. « Nous connaissons les enjeux de ce concours et nous tenons à l’organiser comme il se doit ». 

Pendant toute la durée du festival, ce sont des événements gratuits qui sont accessibles à tous et dont le but est de favoriser la culture à grande échelle.  Gaia précise : « Ce qui est assez encourageant, c’est de voir que les professionnels sont souvent très flattés d’être invités, très honorés, nous avions reçu Cédric Klapisch par exemple. Cela montre l’envie de transmission des artistes à la jeunesse. Souvent nos conférenciers ne sont pas rémunérés. » 

Aux mains entrepreneuses d’un groupe de jeunes passionnés qui ne boude pas devant l’immense organisation qu’il nécessite, ce festival à tout d’un grand. Tout ? Oui, à part les paillettes. En effet, de nombreuses contraintes universitaires viennent ponctuer ce long chemin abrupt. « il y a un énorme travail de l’ombre qui se fait avec l’administration de l’université: trouver des salles adaptées, gérer les entrées au sein du bâtiment…».

De plus, la mise en place d’un tel événement demande beaucoup d’énergie et surtout un investissement à plein temps, incompatible avec l’emploi du temps de cours déjà très complet des étudiants dauphinois : « Le DauFilms Festival mérite une assez grosse organisation mais heureusement, tout ça est assez bien réparti entre les différents pôles que sont les pôles communication, partenariat, conférence et rédaction. Mise à part le pôle rédaction qui est moins présent pendant le DauFilms Festival, les trois autres pôles sont fortement mis à contribution durant cet événement. » 

Nous sommes allés demander à Pierre Baisnée, le responsable du pôle communication, quel était le rôle de son pôle pendant le DauFilms Festival. 

« A la communication, le travail du DauFilms Festival se fait essentiellement en amont. Il consiste à rassembler un maximum de courts métrages pour le concours. Pour se faire, nous faisons des publications sur les groupes Facebook cinéphiles dans lesquels nous présentons le concours et nous invitons les gens à envoyer leurs travaux. Dans ces groupes, nous trouvons aussi bien des écoles, des réalisateurs, des comédiens, des passionnés…enfin bref, tous les gens qui sont susceptibles de nous envoyer un court métrage. Nous faisons aussi des publications sur un site qui s’appelle cinephile.org pour présenter le concours. La dernière étape est de vérifier que les travaux respectent les conditions d’inscription et enfin de les visionner. » 

Louizon Valette est responsable du pôle conférence. En charge de l’animation des différents évènements du DauFilms Festival, le pôle conférence est sans doute le pôle le plus actif pendant toute la durée du festival et surtout le plus déterminant quant à la qualité attendue du festival. Arrivant au terme de cette course contre la montre qu’est l’organisation d’un tel évènement et bénéficiant de ce lourd travail collectif, il se doit d’être à la hauteur des espérances aussi bien des gestionnaires, des intervenants négociés que du public. Louizon nous précise les enjeux de son pôle au sein de ce festival et particulièrement de cette édition 2022. 

« Nous allons choisir des intervenants qui ont un rapport direct avec le sujet, cela peut être des professionnels du cinéma comme des psychologues si le sujet en nécessite la présence. »

Louizon Vallette

« Cette année, la conférence porte sur le code Hays et nous allons choisir des intervenants qui ont un rapport direct avec le sujet, cela peut être des professionnels du cinéma comme des psychologues si le sujet en nécessite la présence. Le but est vraiment de s’attarder sur des sujets qui ne sont pas trop diffusés généralement et de pousser le public à s’interroger sur certains aspects du cinéma le temps d’un échange avec des questions libres. Les thèmes de la conférence sont généralement discutés et choisis par les nouveaux arrivants dans l’association. » 

Le DauFilm Festival semble être tout à fait sous contrôle. Malgré des délais serrés, une organisation sur mesure et des étudiants surmenés, c’est finalement assez joliment que leur passion pour le cinéma l’emporte. Une passion qui, nous l’avons compris, va au-delà d’une simple admiration pour le milieu : c’est un vrai message de partage, de transmission et d’accessibilité que nous avons reçu en les écoutant.  Alors, si l’ancienne génération s’inquiétait, elle n’a plus à la faire : des créateurs aux gestionnaires, la relève cinématographique est belle et bien assurée. 

Louise Rialland 

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