Chaque fin de cycle est ponctuée d’une évaluation en conservatoire. A l’issue de celle-ci, les danseuses et danseurs passent au cycle supérieur, et se voient délivrer un diplôme attestant de leur niveau. Les élèves de deuxième cycle en danse jazz à Malakoff préparent assidûment la leur.

« Allez, on y va ? » Pas besoin d’explications supplémentaires, les quatre élèves savent ce qu’elles doivent faire. Elles se placent en quinconce sur deux lignes, face au miroir de la salle de danse du gymnase Duclos, à Malakoff. Le parquet grince par endroit, puis le silence se fait.
Presque toutes en pull, les danseuses se mettent en mouvement avec la musique. Les corps s’enroulent et se déroulent, les jambes se plient, se tendent et se plient encore. Le regard des élèves suit leurs mouvements. Elles répètent ces exercices depuis plusieurs mois déjà. La musique résonne dans la grande salle au parquet reflétant leurs mouvements. Les pieds s’étirent, les dos s’allongent, les « secondes » s’ouvrent. Après trois exercices, les pulls sont finalement retirés. Delphine Crombois, professeure de danse modern’jazz au conservatoire de Malakoff se réjouit : « oh ! des danseuses en justaucorps ! »
Etirements, battements, sauts, dégagés… rien n’échappe aux échauffements. Les minutes s’écoulent sur l’horloge du fond de la salle. Concentrées, les élèves écoutent les consignes d’un nouvel exercice de tours. Le but : faire au moins deux pirouettes, et ne pas s’arrêter face au miroir. L’enseignante fait la démonstration dans un exercice à la barre, puis les élèves l’imitent. Les pieds glissent, les bras s’élèvent, les jambes s’élancent, les corps se propulsent, et les respirations se font plus fortes.

Enfin le silence. Il est temps de boire. Delphine Crombois en profite pour leur faire remarquer en cette rentrée de Noël : « c’est maintenant que vous allez savourer le fruit de votre repos, c’est maintenant que ce que vous avez travaillé et qui était difficile va se mettre en place. » Les élèves ont confiance en leur professeure, mais aussi en elles. « On est un peu stressées, mais très contentes, car c’est ce travail qui nous permettra d’atteindre le troisième cycle », explique Océane, 17 ans. Le dernier cycle du cursus, semi-professionnel, en fait rêver plus d’une à l’entrée au conservatoire. Leur enseignante se dit « confiante, d’abord car ce sont elles qui ont sollicitées ce travail, elles en avaient réellement envie. Une confiance règne dans ce groupe. Cela leur permet de baigner dans une ambiance très sereine, précise-t-elle. Les progrès se sont vus semaines après semaines, et les élèves l’ont aussi remarqué. »
19h45, travail de la variation imposée.

Les élèves se répartissent loin des barres, face au coin opposé de la salle, et tournent presque complètement le dos au miroir. Elles vont refaire une fois la chorégraphie qu’elles apprennent depuis le mois de septembre. Les enceintes grésillent et un piano se lance dans un jazz endiablé, accompagné par des percussions au rythme percutant.
Cette année, Delphine Crombois a mis en place une méthode bien précise pour la leur enseigner : les éléments techniques travaillés en échauffement se retrouvent tout le long de la chorégraphie. Les élèves ont pu acquérir des réflexes, et s’imprégner de mouvements essentiels. Apprendre la chorégraphie partie par partie leur a permis de la mémoriser rapidement. Il s’agit désormais de travailler les détails, avant l’étape finale : l’interprétation.
Mais ça ne sera pas pour aujourd’hui. Durant les dernières secondes du premier essai, les réactions ne se font pas attendre : « j’ai trop mal aux jambes ! ». La bienveillance entre les danseuses leur permet de se soutenir : « pareil, mais il faut penser à finir votre choré ». Place aux compliments, mais aussi aux corrections : « tous les sauts étaient mieux. Ça c’est la bonne nouvelle. Les pieds étaient pointés, les jambes tendues. J’ai encore une petite liste de choses à travailler. Pas beaucoup, mais quand même. »

S’enchainent alors les répétitions techniques : s’il manque de jambes chez l’une des danseuses, toues recommencent. On les lève haut, on les tend. Dans un « snake », la tête entraîne le corps. Les contractions, doivent être réussies, même dans un saut. Les danseuses se lancent dans un travail précis du piqué, « une montée sur jambe tendue, directement en demi-pointe, sans plier ». Elles s’agitent, montent et redescendent, réessayent certains sauts, se prodiguent des conseils, en demandent à leur professeure, puis elles font un deuxième essai de la chorégraphie dans son intégralité.

Des auto-critiques se font entendre tandis qu’elles dansent « j’ai oublié de pointer », « j’ai pas les bras ». Donc elles recommencent, encore et encore. Pour achever le travail de la journée, chacune présente individuellement les passages techniques, jusqu’à l’approbation de leur enseignante. Cette dernière confie qu’elles ont pris confiance en elles, puisqu’elles ne pensaient pas être capables de réussir la chorégraphie imposée en début d’année. Elles le confirment. Les mouvements s’enchaînent et se multiplient, la musique est rapide. Elles y sont pourtant parvenues, et en sont très fières. Cela les rend encore plus enthousiastes à l’idée de présenter leur évaluation en mars.
Inès Benarab
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