Si le jour de noël est traditionnellement passé en famille, le soir de la Saint-Sylvestre est quant à lui un rendez-vous annuel souvent entre amis. En ce 31 décembre 2021, la troisième vague du Covid-19 semble tout de même freiner les festivités. Rencontre avec une bande d’amis bien décidée à fêter malgré tout l’année qui s’annonce.
Pénélope Lerouge est une étudiante en science politique en deuxième année à l’université Paris Assas. Elle a organisé une fête ce soir, à l’occasion du nouvel an. Elle a pris la décision de ne pas céder à la peur du virus et d’inviter une vingtaine d’amis étudiants chez elle. Cependant, elle a demandé à tous les convives de se faire tester avant leur réunion, soit avec un autotest, soit avec un test antigénique en pharmacie. Il est déjà 18h et l’étudiante n’a pas encore reçu la confirmation d’un test négatif de chacun d’eux. Prise d’une légère panique à ce sujet, elle justifie son choix : « J’accepte de faire une soirée mais tout le monde doit se faire tester, c’est du donnant-donnant. Il est hors de question que je laisse entrer chez moi des gens sans test négatif ».
L’arrivée des invités et le peu de respect des gestes barrière
Le lieu de l’évènement est un grand appartement du premier arrondissement. Il est haut de plafond et décoré dans un style moderne et design, essentiellement noir et blanc. La jeune hôtesse est assortie à sa décoration, elle porte une robe géométrique noire à traits blancs. Elle a les cheveux détachés, un maquillage très léger et est chaussée d’une paire de bottes noires. Elle est occupée à préparer l’arrivée de ses invités et ne cesse de faire des aller-retours dans la cuisine. Le salon a été préparé à recevoir : les meubles les plus encombrants ont été poussés contre les murs. Une ball chair tournée contre un angle de la pièce et des fauteuils ont été retirés de la pièce. Un grand canapé de cuir blanc occupe le centre de la pièce, il est accompagné d’une table basse ronde, blanche également. Aucune musique ne détonne encore et on n’entend aucun bruit venant de la rue. Enfin, on perçoit des voix dans la cour de l’immeuble : les premiers arrivent, il est 21h.

Deux filles passent le pas de la porte, ce sont des amies proches de Pénélope. Instinctivement, les trois jeunes s’embrassent pour se dire bonjour. L’une des deux filles lance même d’un ton ironique : « C’est pas très Covid mais on s’en fout ! ». Aucun autotest ou test antigénique n’est évoqué. Après avoir posé leurs manteaux, les deux invitées s’assoient. Elles portent toutes les deux des robes noires, l’une assez courte et l’autre très longue. Leurs chaussures sont à talons et leurs cheveux sont attachés. Elles sont assises assez proches et ne respectent en rien les gestes barrière, on observe déjà un mépris des mesures de précaution face au virus.
Peu après, la majeure partie des convives arrive. On observe à peu près autant d’hommes que de femmes. La plupart des filles sont en robe et quelques garçons en chemise. Le niveau sonore a nettement augmenté et de la musique rythmée meuble la pièce. Tout le monde s’embrasse ou se prend dans les bras en guise de salutation, personne ne se soucie réellement des gestes de prévention, comme la distanciation physique, le port du masque lors de rassemblements ou encore le remplacement de la bise par une tape de coudes.
Le point de vue des convives sur le Covid-19
Un quart des invités n’ont pas fait de test. Prise par l’engouement de la soirée, Pénélope les laisse entrer sans réelle remontrance. Plus tard, elle accepte d’accueillir des « incrustes ». C’est ainsi qu’elle qualifie certaines personnes qui n’étaient pas invitées au départ mais dont elle accepte finalement la présence. La question des tests négatifs n’est même pas soulevée.
Une autre étudiante, Alice Randazzo, cette fois en première année à l’école du Louvre, exprime un avis très prononcé sur les mesures conseillées par le Gouvernement. Elle explique d’une façon très directe que les étudiants en ont marre : « je refuse de gâcher encore une nouvelle année alors qu’on a tous accepté de se faire vacciner déjà trois fois ! Je vais continuer à sortir et à voir mes amis tant que je le pourrai, et si on dit encore se faire vacciner, j’irai ». Cette opinion assez paradoxale semble être partagé par l’ensemble des convives. En effet, la plupart ont reçu trois doses de vaccin contre le Covid-19 et ne se privent pas en termes de sorties et de rencontres avec d’autres étudiants.
Un dernier invité nous confie qu’en réalité, tous sont vacciné dans le but d’avoir un pass sanitaire valide, leur permettant alors d’aller dans des bars, des restaurants et d’autres lieux de rassemblements. Il s’appelle Edgar Puigvert et est en première année de droit à la faculté de Nanterre. Il fait partie d’une association étudiante et déclare que la période d’intégration des nouveaux arrivants à l’université a été rudement compliquée par les mesures sanitaires, et notamment à cause de la fermeture des boites de nuit et à cause de « la quasi obligation d’avoir un pass sanitaire pour pouvoir faire la fête autre part que chez soi ».
Be the first to comment on "Réveillon et Covid-19, les dilemmes de l’organisation"