Maéva Rondeau : « Il fallait quitter la Réunion et partir à la capitale pour vivre de nouvelles aventures »

Maéva Rondeau / CR : Clara Garnero Nguyen

«Autochtones» qui auraient gardé «leurs gênes de sauvages», coupables de «barbarie»… l’actrice Brigitte Bardot s’est lâchée sur les Réunionnais dans une lettre du 18 mars 2019, adressée au préfet de l’île de La Réunion. Ces propos, fermement condamnés, ne représentent en aucun cas la réalité. Originaire de la Réunion, Maéva Rondeau, habite depuis un an et demi dans le 16ème arrondissement de Paris. Venue pour étudier à l’université Paris-Dauphine, elle est passionnée de culture et de voyages. Loin de l’image revendiquée par Brigitte Bardot, elle témoigne aujourd’hui de son lien entre la Réunion et la France ainsi que son amour pour la culture.

Pourquoi avoir décidé de quitter la Réunion ?

La Réunion c’est une petite île, il y a environ 850 000 habitants ce qui fait qu’on tourne vite en rond. Après 18 ans à vivre là-bas je ne me voyais plus continuer le reste de ma vie ou du moins faire mes études là-bas et donc j’ai décidé de tenter l’aventure parisienne. J’ai quitté la Réunion pour une plus grande vie. L’idée de pouvoir visiter les pays frontaliers de la France m’a également plu.

Qu’entendez-vous par une « plus grande vie » ?

À la Réunion, les universités, les écoles ne sont pas d’un très bon niveau. Ce sont des universités assez récentes. Par exemple, il y a une fac à Saint Denis, la fac du Moufia qui est assez récente mais qui est connu pour avoir un bon niveau dans le domaine de la médecine mais ce n’est pas un domaine qui m’intéressait.  Sinon, il y a quelques prépas, qui commencent à avoir un bon niveau mais ce n’était pas le type d’école vers lequel je souhaitais me tourner. Il fallait quitter la Réunion et partir à la capitale pour vivre de nouvelles aventures.

Quelles sont les activités nouvelles que vous avez découvert à Paris ?

Le métro, c’est un gros changement. A la Réunion nous nous déplacions soit en voiture soit en bus. Les bus étant peu nombreux et souvent en retard j’ai dû rapidement passer mon permis. Le métro est un moyen de transport qui change la vie. Je peux aller d’un bout à l’autre de Paris en quelques minutes ! Je peux alors profiter de la vie culturelle parisienne.

Pouvez-vous citer quelques une de vos activités culturelles ?

Je me balade souvent dans les rues de Paris, à Montmartre. Cela me permet de contempler les façades, l’architecture parisienne mais je ne me rends pas souvent dans des musées de Paris.

Depuis un mois environ, tous les vendredis, j’essaye de sortir avec un groupe d’amis au théâtre, au cinéma. Récemment, j’ai vu la pièce de théâtre Sherlock Holmes et le mystère de la vallée de Boscombe avec ce même groupe d’amis. J’ai apprécié l’humour au sein de la pièce, il y avait également de l’improvisation liée à l’actualité. Je me rappelle de blagues sur la chandeleur ou encore le port du masque.  Surtout ce qui m’a plu c’est de voir les acteurs à la fin et de pouvoir les remercier, ce qui change du cinéma où il n’y a pas d’échanges.

Et ces sorties peuvent se réaliser également grâce au pass culture, par exemple j’ai pu bénéficier de certaines places de théâtre à 10€.

Mur de la chambre de Maéva Rondeau / CR : Maéva Rondeau

Dans un tweet publié le 31 janvier, Emmanuel Macron annonçait l’élargissement du pass culture aux jeunes de 15 à 17 ans. Que pensez-vous de cette mesure ?

Avant cette mesure, le pass culture, d’un montant de 300 euros était déjà donné aux jeunes de 18 ans. Sans ce pass culture, je n’aurais pas pu aller voir autant de pièces de théâtre. Je sais aussi que les amis avec lesquels je fais des sorties, ne seraient pas allés au théâtre. Il est fait de telle sorte qu’il y a un certain montant accordé à la lecture, aux sorties culturelles et une autre pour le digital. Cela permet de tester plusieurs domaines liés à la culture. Donc je pense que tout comme moi, sans cette aide, les jeunes n’auraient pas pu accéder autant au monde de la culture. Je trouve que c’est une très bonne mesure.

Les Français expriment un niveau élevé d’attentes en matière de réduction des inégalités culturelles : 55% d’entre eux partagent l’idée que les pouvoirs publics doivent favoriser l’accès à l’art et à la culture selon le Ministère de la Culture et de la Communication. La pass culture permet-il alors de diminuer les inégalités liées à l’accès à la culture ?

Logiquement, oui. En France quand nous sommes étudiants, il y a déjà certaines réductions pour visiter des monuments ou même la gratuité pour des musées célèbres comme le Louvre. Ce qui permet de gommer les inégalités liées à l’accès à la culture. Par contre, comme toutes les mesures, elle n’est pas parfaite. Certaines personnes peuvent acheter des instruments avec le pass culture pour les revendre par la suite. Mais globalement, je pense que cette aide permet un meilleur accès à la culture : nous pouvons acheter des livres, faire des sorties grâce à ce pass. Les jeunes les plus défavorisés peuvent alors se cultiver sans se ruiner. Cela permet selon moi à tous les jeunes d’acquérir un certain niveau de culture et de s’instruire. Et nous savons aujourd’hui, que l’éducation est un des facteurs d’ascension sociale.

Clara Garnero Nguyen

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