Le Parc zoologique de Paris, ou Zoo de Vincennes, recouvre 14 hectares du Sud-Est parisien. Fermé en 2008 pour une grande rénovation, il rouvre ses portes en 2014. Il se lie alors au Museum d’Histoire Naturelle de Paris. Son nouvel objectif : respecter l’environnement et le bien-être de la faune. Derrière les tramways sales de la Porte Dorée, cohabitent ainsi plus de 2 800 animaux, venus du monde entier.
Il est 10 heures quand le parc ouvre ses portes. Peu d’affluence, phénomène normal pour un jour de semaine en fin d’hiver. Les animaux, eux, sont toujours présents, qu’importe le nombre de visiteurs. Le soleil tape sur les vitres des enclos, une forte odeur se dégage des animaux. Des restaurants, des airs de repos, de jeux se fondent dans l’atmosphère presque irréelle du parc.
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Une féérie mise en scène
Cinq biozones proposent des chemins différents aux visiteurs. L’Europe, L’Amazonie-Guyane, Madagascar, la Patagonie et l’Afrique, s’accompagnent d’une grande volière et d’une serre tropicale. C’est tout un monde entièrement créé. Un puzzle façonné pour respecter les normes du bien-être animal. Nathalie Machon, responsable du département d’écologie et gestion de la biodiversité du Museum, explique que l’implantation de parcs zoologiques respectueux de l’environnement favorisent la trame verte urbaine. Un sentiment partagé par Élodie, cliente régulière du parc, qui affirme se rendre au zoo pour se vider l’esprit et oublier la rapidité de la vie parisienne.
Quelques éléments trahissent pourtant la féérie du parc. Un lion est allongé dans son enclos extérieur de 1 900 mètres carrés. Il est immobile et silencieux. Derrière lui s’impose un grand rocher, inoccupé. Face à la grille, une enceinte diffuse des cris d’animaux. Comme pour faire croire à une vie excitée de cette faune. Pourtant, dans les enclos environnants, aucun animal ne bouge.

Quelques mètres plus loin un autre spectacle commence. Une grille s’ouvre au fond d’un enclos vide et se laisse discerner un rhinocéros blanc. L’activité des hommes a entraîné l’extinction de l’espèce dans son environnement naturel. Elle subsiste dans quelques milieux protégés. Ici, Wami, un des rhinocéros blancs du parc, s’apprête à rentrer dans son enclos extérieur. Comme un comédien pris de trac, il s’arrête net à l’entrée de sa scène. Aucun mouvement. La minute de suspens s’arrête après les agitations des travailleurs de l’autre côté de la grille. Wami rentre en scène, et les enfants, attroupés devant l’enclos, applaudissent.

Volonté de protection de l’environnement
Depuis sa réouverture en 2014, le parc zoologique de Paris s’efforce de respecter les conditions nécessaires au bien-être animal. Il s’applique même à informer les visiteurs de la réalité dangereuse dans laquelle vivent les animaux. Devant chaque enclos est planté un panneau rappelant le statut UICN de l’espèce. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a élaboré un diagramme permettant de classer les espèces de « risque faible » à « espèce éteinte ». Une partie des animaux du zoo se classent dans la catégorie « quasi menacée » ou « en danger ».
Quelles espèces sont menacées ? – Liste UICN
Christelle Hano, cheffe soigneur au Museum d’Histoire Naturelle explique que les animaux sont choisis en fonction du caractère menacé ou non de l’espèce. Un animal « en danger » sera favorisé à celui « quasi-menacé ». Ainsi, le parc accueille depuis peu cinq pécaris du Chaco. Ce mammifère « en danger » a été supposé éteint pendant plus de 10 000 ans. Des scientifiques l’ont retrouvé en 1971 et l’ont reconnu à partir de fossiles étudiés. Au zoo de Vincennes, ils vivent dans un enclos sec et chaud, imitant le Gran Chaco au Paraguay. Les pécaris sont classés sur la liste rouge de l’UICN, et le Zoo de Vincennes assume fièrement son rôle de conservateur de l’espèce menacée.
La descendance des espèces est surveillée par le parc, et cela permet d’assurer leur maintien. La cheffe soigneur assure ainsi que la reproduction se fait toujours naturellement. La préservation des familles d’animaux est instinctive et authentique.

La conservation au prix de la liberté
Une autre des fiertés du parc est la grande volière. Elle s’étend sur deux milles mètres carrés. À l’intérieur sont nichés vanneaux, calaos, hérons, cigognes, aigrettes… et dix-huit autres espèces d’oiseaux. Des arbres et plantes tentent de recréer l’environnement naturel des animaux. Mais à douze mètres de hauteur, des filets se dressent. Les oiseaux n’iront pas plus loin. Certains volent en rond, d’autres restent perchés sur une branche.

Le bassin des otaries s’impose comme la meilleure attraction. Comment résister au spectacle que donnent ces mammifères marins ? Nora, Ela, Portos, Aramis, Naya, Quito et Jaci, les sept otaries du parc, n’ont pas d’autres choix que de ravir les spectateurs. Pendant dix minutes, elles ne feront que des aller-retours entre la vitre, où des visages d’enfants ébahis se collent, et le fond de leur bassin.
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Le parc zoologique accueille aussi des espèces non menacées. Nathalie Machon, la responsable de la gestion de la biodiversité, déclare que certains animaux intègrent le parc pour contribuer à aider les espèces en danger. Ainsi, sur les 130 espèces au total, nombreuses sont celles caractérisées comme « à risque faible ». C’est le cas du loup ibérique. Cachés dans une tanière au fond de leur enclos, les deux loups n’approchent pas le public. Des clôtures électriques contournent le côté intérieur de l’enclos. Leur vie est loin de celle dans les forêts de la péninsule ibérique. Cette vie, pourtant non menacée, leur échappe. Deux enfants s’approchent de la vitre et s’émerveillent devant « les gros chiens tout doux ». Les plus innocents sont conquis par le travail de reconstitution du parc.

Écrit par Jeanne Poëncin-Burat
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