Le Street Workout, un partage sportif sur l’île aux Cygnes

Depuis la fin du premier confinement en mai 2020, un collectif de pratiquants le Street Workout a vu le jour sur l’île aux Cygnes à Paris. Nommé BAHA, celui-ci réunit débutants et confirmés autour de ce loisir sportif devenu de plus en plus populaire, au sein d’un lieu d’échanges et de partage.

C’est lors du premier déconfinement qui a fait suite à la pandémie du Covid-19 qu’Arnaud et Anousha ont eu l’envie d’abandonner leur salle de musculation afin de se mettre à la pratique de ce sport de plus en plus démocratisé, et ont décidé peu après de créer le collectif « BAHA ». Situés sur l’île aux Cygnes dans le 15èmearrondissement de Paris. Ces sportifs s’entraînent de manière quotidienne ou hebdomadaire au sein de ce cadre assez idyllique, face à la réplique de la Statue de la Liberté. Une brise vient caresser les visages et parties du corps à découvert des sportifs peu couverts. Il fait nuageux et la température y est plutôt clémente.

Anousha au Working Spot / Crédit photo : Arnaud

Les deux amis ont mis très peu de temps avant de trouver un parc d’entraînement adapté, aussi appelé « gymnase en plein air » ou bien « workout spot », possédant un minimum d’appareils de préparation comme des bancs d’inclinaison, des barres parallèles, des bars muscle ups ou encore des anneaux de gymnastique comme c’est le cas sur cette petite île. D’une petite centaine en 2017, on comptabilise désormais 1371 workout spots en France.

Carte des 1371 workout spots français, disponible sur calisthenics-parks.com

Le Street Workout, littéralement « entraînement de rue », est un sport se pratiquant essentiellement en extérieur, mêlant la gymnastique, la musculation et le parkour, tout cela avec le poids du corps. On l’apparente beaucoup avec la Callisthénie, pratique qui allie également un ensemble d’exercices physiques de gymnastique et de musculation avec pour objectif d’améliorer les capacités physiques et l’esthétique du corps.

Le Street Workout, littéralement « entraînement de rue », est un sport se pratiquant essentiellement en extérieur, mêlant la gymnastique, la musculation et le parkour, tout cela avec le poids du corps. On l’apparente beaucoup avec la Callisthénie, pratique qui allie également un ensemble d’exercices physiques de gymnastique et de musculation avec pour objectif d’améliorer les capacités physiques et l’esthétique du corps.

Assez méconnu du grand publique, ce sport ravissait déjà une communauté très soudée d’après mes interlocuteurs. Implanté aux États-Unis dans les années 90, il a commencé à se développer dans les années 2000 en France, mais c’est à partir de 2010 que des vidéos d’équipes d’entraînement comme BarBarians ou Barstarzz devenues assez virales ont participé à cette démocratisation. Ces dernières ont touché Anousha qui s’est pris de curiosité pour cette pratique, et a entraîné quelques amis à le suivre à travers cette découverte sportive. Ils sont aujourd’hui assez nombreux et comptent une soixantaine de membres plus ou moins actifs.

« Je fais ce que je veux et j’apprends des nouveaux tricks constamment »

Depuis tout jeune, Arnaud, 23 ans, a toujours été fan de sport en tout genre : basketball, escalade, parkour, etc… Il s’est mis à la musculation à partir de 2017, et c’est à partir du déconfinement, alors que les salles de sport étaient encore fermées, qu’il s’est tourné vers le Street Workout grâce à Anousha, 27 ans. En créant « BAHA », tous les deux souhaitaient édifier un lieu de rencontres et de partage de connaissances sportives pour que chacun puisse atteindre ses objectifs physiques personnels. « D’un point de vue physique et également neuro, je pense que c’est plus intéressant d’apprendre de nouveaux mouvements plutôt que de renforcer toujours les mêmes à la salle ad vitam aeternam, alors que là je fais ce que je veux et j’apprends des nouveaux tricks constamment. » nous confie Arnaud avant de nous effectuer une démonstration technique d’une figure appelée « la planche » qu’il est très difficile de maîtriser. Ce dernier apprécie énormément l’aspect esthétique de ce sport restant assez similaire à la muscu mais qui sait largement se diversifier par l’apprentissage de figures très techniques qu’il est difficile de maîtriser en peu de temps.

Arnaud en planche (figure) / Crédit photo : Lou Gandolphe
Nicolas aux anneaux / Crédit photo : Lou Gandolphe

« Ce sport m’apporte un sentiment de pure liberté et de bonheur »

Unique en son genre, le Street Workout reste un sport complet qui permet comme n’importe quel autre sport de maintenir une bonne condition physique, même si ce dernier est peu encadré. Effectivement, la particularité de ce sport est la liberté propre de sa pratique. Chacun choisit ses objectifs selon s’il veut travailler son endurance, sa souplesse, sa force, etc. Les deux mots qui sont revenus le plus en interrogeant tous les membres du groupe quant à ce que leur évoquait leur sport étaient « la diversité et la liberté ». Si certaines figures paraissent facilement réalisables, ces dernières deviennent encore plus impressionnantes lorsque l’on est mis à l’épreuve, sans expérience. Malgré les conseils de nos interlocuteurs, nos tentatives furent un échec et entrainèrent même de vives douleurs musculaires.  

« C’est jouissif : chaque nouvelle charge est une nouvelle figure, une variation nouvelle d’une autre, c’est tout un parcours qui se construit pour atteindre un objectif complètement soumis à ton libre arbitre. Ce sport m’apporte un sentiment de pure liberté et de bonheur, et c’est en grande partie grâce à BAHA. » nous avoue Anousha. D’autres membres, Nicolas et Pierre, âgés respectivement de 18 et 21 ans, nous ont raconté comment leur groupe était devenu à leurs yeux un refuge leur permettant de s’abriter de leurs tourments quotidiens, comme un jardin d’eden où tous les milieux sociaux se côtoient et s’apprécient. La diversité culturelle des membres est une des caractéristiques propres à BAHA, assez marquante aux premiers abords. Nous pouvions rapidement observer comment le mélange des cultures était propice aux échanges et au partage des connaissances, comme le mélange des différentes catégories socio-professionnelles également. Tout le monde semble se porter vers le haut, et c’est le but du « pôle Séniors » de BAHA, implicitement créé pour que les plus expérimentés puissent venir en aide aux novices. Ce pôle fictif a été pensé par Nicolas, jeune débutant qui avait besoin de réels conseils à son entrée dans le collectif : « Quand j’ai commencé le Street Workout, ce pôle m’a aidé à reprendre confiance en moi après une expérience personnelle douloureuse, avec des gens qui te veulent uniquement du bien, et t’apprennent aussi l’humilité car il y aura toujours quelqu’un de meilleur que soi » nous dit-il.

Photo d’une partie des membres du collectif BAHA, photo postée via leur compte Instagram @bahagang_official le 24 juillet 2020

« Le but c’est qu’il y ait à terme un savoir communiqué autour de ce sport »

Il n’existe pas encore à ce jour de réelle école de Street Workout avec des professionnels spécialement qualifiés donnant des cours réguliers, mais Il est possible de trouver des entraînement réalisés par des coachs sportifs sur Internet en particulier. BAHA s’est donné pour mission de s’agrandir et de s’inscrire dans un cadre dynamique afin de pousser chaque individu à se dépasser grâce à des conseils avisés. Arnaud nous a confié qu’il suit actuellement une formation de sciences et techniques des activités physiques et sportives (licence STAPS) afin de professionnaliser son activité et d’insérer BAHA dans quelque chose d’avantage ouvert et sécurisant. Effectivement, le Street Workout n’est pas une discipline encadrée et les blessures sont très récurrentes à cause d’une surcharge trop violente pour les muscles et tendons. Anousha nous a montré la cicatrice d’une de ses blessures qu’il qualifie d’assez rare dans le milieu, s’agissant d’une rupture complète du tendon du biceps due à un très mauvais mouvement qui l’accabla pendant 1 an. Arnaud donna ensuite aux quelques intéressés une petite leçon des mouvements à éviter lorsque l’on souhaite s’entraîner aux anneaux. « Le but c’est qu’il y ait à terme un savoir communiqué autour de ce sport, qui se développe comme une discipline à part entière avec des gens qui puissent coacher pour éviter ces blessures » affirme-t-il. De nombreux pratiquants athlètes vont avoir tendance à vouloir coacher d’autres pratiquants alors qu’ils n’ont pas forcément la connaissance requise, c’est un fléau qui entraîne beaucoup de préjudices au sein de la communauté de Street Workout me confient les membres de BAHA. Malgré l’aspect encore peu professionnel du collectif parisien, certains membres avec une plus grande expérience organisent des sessions d’apprentissages techniques dans un coin du workout spot, attirant une petite foule.

Une chose qui peut frapper quiconque lorsqu’on y met les pieds est la très faible présence de femmes au parc d’entraînement et même au sein de BAHA qui est pour Arnaud quelque chose auquel il faut y remédier. « La démocratisation de cette pratique passe par la non-stigmatisation des femmes au sein du milieu. » La société a souvent associé ce type de pratiques sportives au genre masculin, mais BAHA se bat en incitant les femmes à se joindre aux entraînements à travers leurs réseaux sociaux comme Instagram avec leur compte @bahagang_official. Ils organisent ainsi des sessions de renforcement, de souplesse ou d’apprentissages de techniques, à l’initiative de n’importe quel membre sur leur groupe WhatsApp de manière quotidienne ou hebdomadaire. Comme dit précédemment, les créateurs Arnaud et Anousha souhaitent agrandir le collectif et ont décidé pour ce faire de communiquer davantage sur les réseaux sociaux avec une meilleure organisation.

Lou Gandolphe

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