Si les mesures sanitaires se relâchent, de nombreux Français restent gravement impactés par le Covid-19. C’est le cas des patients du Covid Long, accueillis à l’Hôpital de l’Hôtel-Dieu, à Paris. Ils y sont accompagnés dans leur convalescence et, pour certains, sont même suivis par l’étude Recover-19. Reportage.
17 heures, un mercredi après-midi. Dans une petite salle de sport de l’aile de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu, un médecin fait passer des tests à une jeune patiente. Cette dernière est atteinte du Covid Long. Comme près de 20% des personnes ayant eu le Covid-19, ses symptômes ont persisté après le 20ème jour et malgré des tests négatifs. Le Covid Long fait partie des conséquences cachées et encore assez peu connues d’une infection au Covid-19.
Une étude menée par le CHU de Rennes
L’étude Recover-19 a pour but de tester les meilleurs moyens d’aider les patients du Covid Long à récupérer. Lancée et dirigée par le CHU de Rennes, elle a maintenant une antenne à Paris. L’Hôtel-Dieu, dans le 4eme arrondissement, accueille aujourd’hui une dizaine de patients, afin de soulager Rennes. En effet, il devient difficile de trouver des patients volontaires en Bretagne. L’étude n’ayant pas vocation à s’étaler dans le temps, il a fallu déléguer certaines missions pour être plus efficaces. “On fait vraiment ça pour les aider, c’est sur notre temps libre”, explique K. Bolloc’h, enseignante en Sport-Santé prenant part à l’étude à Paris.

A l’Hôtel-Dieu, l’étude Recover-19 s’est installée dans l’aile de psychiatrie. “Ça fait bizarre de se rendre ici”, confie un patient. Les couloirs de l’hôpital sont déserts. Seules trois secrétaires, travaillant en silence, et quelques médecins pressés animent ce tableau. Les patients sont reçus dans une toute petite salle de sport, avec vue sur le tribunal de Paris. Quelques espaliers, des élastiques et ballons ainsi qu’un panier de basket déplaçable constituent l’équipement. “Ça ne fait pas longtemps qu’on teste ce nouveau protocole alors on a un peu de mal à tout mettre en place”, dit K. Bolloc’h, alors qu’elle fait passer des tests à un patient.
Article : « Symptômes, lésions, prise en charge… Covid Long, la bombe à retardement. »
L’examen de santé commence par une prise de pouls. Puis, les patients effectuent une série d’exercices : se lever et s’asseoir sur une chaise le plus de fois possible, monter des marches en rythme et de plus en plus vite… Après chaque exercice, le rythme cardiaque des patients est analysé, et il leur est demandé de noter leur effort sur 10. Les patients prennent part à deux séances de test. Puis, les résultats obtenus sont comparés pour analyser les progrès et l’état de convalescence des membres de l’étude.
Étudier les impacts du sport sur la convalescence
Quelques 160 patients sont suivis sur un mois, avec des tests au début et à la fin de la période. Ils sont séparés en deux groupes : le groupe “contrôle” se contente de se rendre à 2 séances de suivi. Le groupe “intervention” suit quant à lui un programme sportif et nutritionnel personnalisé. Le but est de comparer l’évolution des patients selon leur activité physique. A terme, les résultats permettront de mettre au point un programme efficace pour accompagner le rétablissement.

A leur arrivée à l’hôpital, les patients remplissent un questionnaire sur leur état physique et leur santé mentale. Assis dans le couloir de l’hôpital, ils parcourent la vingtaine de pages du document. Pour avoir un résultat précis, plusieurs méthodes d’analyse sont combinées. Certaines pages contiennent des questionnaires à choix multiples, qui permettent d’évaluer le niveau d’anxiété. D’autres présentent des méthodes bien connues, comme l’échelle de Björg, pour analyser l’intensité d’effort.
Ce questionnaire détaillé permet, en plus d’un test sportif, d’estimer les progrès des patients. “C’est fou, le mois dernier j’avais obtenu des résultats très élevés pour la douleur et la fatigue !”, s’exclame une patiente. Elle explique que son état s’est beaucoup amélioré depuis le début de son suivi. Et pour cause, lors de sa séance de sport, les résultats sont sans équivoque. “Le mois dernier, j’avais du mal à finir, j’étais à bout de forces. Mais aujourd’hui ça va.”, confie-t-elle.
Un long chemin vers la reconnaissance
Même guéris du Covid Long, les patients gardent des séquelles : les petites rechutes sont fréquentes et n’inquiètent pas. Mais certains patients en souffrent. Une jeune femme, membre de l’étude, confie à un médecin qu’il est difficile de faire accepter sa situation. Elle explique que, depuis que sa convalescence est terminée et qu’elle a repris ses activités habituelles, il est attendu d’elle qu’elle soit aussi disponible qu’avant. Or, elle n’est physiquement plus capable d’être aussi active et dynamique.
L’association “Après J20”, dont le but est de lutter pour une plus grande visibilité du Covid Long, explique que la maladie commence tout juste à être reconnue. La mise en place d’un centre de soin au cœur de Paris et la mobilisation des chercheurs est un pas vers une plus grande reconnaissance de la maladie. Il ne reste maintenant qu’à savoir si ces infrastructures permettront de faire avancer la prise en charge des patients.
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