Coller des affiches pour Zemmour, un militantisme tout en discrétion…

Militant au meeting d'Éric Zemmour - Trocadéro / Crédits : Nicolas

Difficile d’être colleur d’affiche pour un candidat aussi clivant d’Eric Zemmour. Pour ne pas se faire prendre à parti, les militants collent de nuit, le plus discrètement possible. Reportage.

En ce vendredi 1er avril, j’ai eu l’occasion d’accompagner deux jeunes militants du parti « Reconquête » dont Éric Zemmour est le candidat aux élections présidentielles. Nicolas*, étudiant de 19 ans et Robin*, ingénieur de 22 ans, étaient en mission d’affichage devant les multiples bureaux de vote du 17ème arrondissement à quelques jours du premier tour des élections présidentielles. 

C’est aux alentours de 18h30 dans le rue du Docteur Heulin que le rendez-vous m’a été donné. Le point de ralliement est un appartement au rez-de-chaussée de l’un des militants, plus précisément du responsable du 17ème arrondissement. Le lieu est rempli d’affiches, de goodies et matériel en tout genre.

Ils sont un peu moins d’un dizaine, répartis par équipe de 2 ou 3, à se lancer de l’une de ces nombreuses missions d’affichage dans l’arrondissement. Trois équipes ont été formées : l’une se charge du quartier des Épinettes, une autre des Batignolles et enfin celle que j’ai suivie, du quartier des Ternes. 

« Si on vient nous embrouiller, il faut dire qu’on est employés de mairie »

Grandes affiches et sceau de colle à la main, Nicolas et Robin s’empressent de prendre le Bus n°31, direction Wagram. Ils doivent contrôler l’état des affiches de leur candidat devant chaque bureau de vote de leur zone. Ils m’expliquent qu’il ne s’agit pas d’une opération de collage sauvage mais bien d’une opération « dans les règles ». Très souvent vandalisées quelques heures après leur collage, les affiches doivent être soumises à un contrôle régulier. 

Sur le trajet vers le premier bureau de vote, les deux jeunes militants discutent du dernier rassemblement du candidat « Reconquête » au Trocadéro. Bien que sujet à plusieurs controverses et critiques, il semble avoir été vivement apprécié. Au passage, Robin profite du trajet pour coller quelques stickers sur des poteaux et des tuyaux de canalisation. 

Militant « Reconquête » au Trocadéro / Crédits : Nicolas

Par la suite, ils m’avertissent du comportement à adopter en cas de conflit avec d’autres militants ou d’autres riverains : « Si on vient nous embrouiller, il faut dire qu’on est employés de mairie ». Ils me confient alors qu’être militant pour le parti « Reconquête » attise les tensions, ils y sont habitués. En effet, lors des opérations de tractage, ils m’expliquent être souvent pris à parti par des passants. Les missions d’affichage sauvage se déroulent donc de nuit, comme l’explique Nicolas : « J’ai fait des missions d’affichage 4 fois de nuit, parfois jusqu’à 2-3h du matin ». La peur des tensions qui pourraient survenir avec les militants d’autres partis est là. La discrétion est donc de mise, bien que Robin n’hésite pas à m’exposer sans filtre son point de vue sur le programme de son candidat au milieu des passants de l’avenue Jouffroy d’Abbans. 

Vidéo d’une opération de collage sauvage de nuit – Crédits : Nicolas

« Oui, on y croit un petit peu pour le premier tour »

Au premier bureau de vote le constat est clair : certaines affiches ne sont pas restées indemnes. Celles de Marine le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et enfin Éric Zemmour ont été endommagées. Le recollage est donc nécessaire. L’action est simple : une couche de colle est étalée sous l’affiche, et une au dessus pour la consolider. Enfin, Nicolas se charge de la photographier afin d’effectuer un suivi précis. 

Tout deux ont partagé avec moi leur ressenti et leur motivation quant à l’échéance présidentielle à venir. Robin est engagé depuis ses 12 ans en politique et il milite pour le parti Reconquête depuis 8 mois. Il me confie voir en Éric Zemmour le candidat qui le représente : « Il peut révolutionner le monde, il a tout compris, lui il fera les choses contrairement aux autres ». Éric Zemmour ne semble pas être en voie de passer le premier tour : les sondages les plus récents, en effet, le positionnent aux alentours de 11% et en quatrième position derrière E.Macron, M.Le Pen et J.L Mélenchon. L’excitation, malgré tout, se fait sentir à une semaine de ce 1er tour : « Impatient ? Oui, on y croit un petit peu. Mais il faut avoir espoir. ». Pour eux, la menace n°1 est bien le président sortant, surtout depuis la mise en lumière de l’affaire McKinsey.

*Les noms ont été modifiés pour le reportage 

 Julien Massart 

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