La manifestation pour le climat du 25 mars 2022 : le climat, la jeunesse et l’avenir

Le 28 février dernier, le 2ème rapport du GIEC était publié. Au même moment, la guerre en Ukraine se déclarait. Le rapport se voit complétement ignoré tandis que Total tente de lancer l’un des plus gros projets pétroliers en Ouganda, destructeur pour l’environnement. De la même manière, en plein cœur des présidentielles, les citoyens remarquent que seulement 3% du temps de parole des politiques est consacré à l’environnement. Alors que les experts du GIEC dénoncent les conséquences désastreuses pour l’humanité auxquelles la planète va faire face dans les 20 prochaines années, la question climatique est noyée dans la spirale politique. Dans un pareil contexte, le vendredi 25 mars, les jeunes, inquiets pour leur avenir, se réunissaient donc pour rendre compte de cet enjeu et de l’importance à réagir rapidement.

L’arrivée devant le Panthéon

Vendredi 25 mars 14h, place du Panthéon. Devant ce monument symbole de la République, des centaines de jeunes sont réunis et brandissent déjà des pancartes aux intitulés multiples. Parmi celles-ci, on retrouve les classiques : « La planète est plus hot que toi », « Et 1, et 2 et 3 degrés ! » mais également d’autres plus originaux et frappant « Les bronzés ne feront plus de ski» ou encore « Quelle poubelle pour ces déchets ? » accompagné de portraits de quelques politiques particulièrement appréciés par les jeunes présents. Il fait beau, un peu trop d’ailleurs 21° pour un mois de mars, et chaque étudiant, sourire aux lèvres, témoigne une réelle volonté de défendre cette cause. On retrouve des mouvements de contestation déjà bien connu tels que « Place publique » le mouvement de Raphaël Glucksmann ou encore le parti NPA.

Devant le Panthéon une imposante installation retient l’attention. Une citerne sur laquelle est inscrit en majuscules rouges le projet « EACOP », autour de l’installation, de nombreuses affiches sont placardées, on peut y lire « Total, don’t cross the red line ». Justine et Lola-Brune deux étudiantes ayant participé à ce projet nous raconte son ambition « Nous sommes là pour faire pression pour que le projet d’Eacop, un gazoduc monté par Total et une entreprise chinoise en Ouganda et Tanzanie, n’ai pas lieu ». Ce projet est opposé aux volontés environnementales que les jeunes peinent à défendre depuis maintenant plusieurs années. En ne condamnant pas un tel projet comme l’a fait l’Europe, ils estiment tous que le gouvernement français ne prend pas suffisamment en considération leur situation et leurs revendications.

Un avenir flou et effrayant

En plein cœur de la manifestation, peu de temps après avoir dépassé l’Île de la Cité, les jeunes racontent leur vision du futur. Le bilan est similaire pour tous : si les choses ne changent pas dès maintenant, le constat sera désastreux. Ils qualifient leurs perceptions avec des termes peu rassurants. Emma, étudiante, raconte en effet que pour elle « c’est hyper flippant de regarder l’avenir », Samuel, étudiant en biologie, complète ces propos en insistant sur un point : « C’est très compliqué de parler de l’avenir, parce qu’aujourd’hui on ne peut pas savoir si des actions vont aboutir et si l’on a donc des chances de s’en sortir ». De façon générale, les jeunes racontent la peur qu’ils ressentent en regardant cet avenir incertain et insistent sur l’idée que la vie sera forcément compliquée.

D’autres, expriment quant à eux une réelle colère envers les dirigeants du pays. C’est le cas de Victorien, membre actif de l’association Youth For Climate , « Pour l’instant l’avenir il est pas joli. L’avenir c’est subventionner le pétrole russe et des projets comme l’Eacop. Si l’on continue comme ça, l’avenir c’est des jeunes qui vont supporter les conséquences d’un gouvernement qui ne les a pas écoutés » nous dit-il. Si ces propos restent très accablants pour l’État, on retrouve un grand nombre d’étudiants exprimant les mêmes plaintes envers l’État.  Beaucoup réclament une plus grande considération et la mise en place d’actions rapides et significatives. Sans celles-ci, le changement sera difficile malgré les actes individuels de chacun. Comme le rappelle Justine en effet, « Moi j’aimerais agir, j’essaie d’agir, mais ce n’est pas moi qui dispose des caisses nécessaires pour élaborer une action qui fait vraiment la différence. »

Une marche vers l’espoir ?

Malgré cette perception floue du futur, un réel vent d’espoir se fait ressentir tout au long de la manifestation. En effet, si les étudiants se sont rassemblés et manifestent collectivement, c’est qu’ils croient en cet avenir meilleur, ils ont de l’espoir pour que les choses changent. Pour beaucoup d’entre eux le sujet est primordial autour d’eux, de plus en plus de personnes en parlent et y réagissent, alors que ce n’était pas le cas avant, les générations précédentes s’en préoccupaient moins. Alors, dans un contexte pareil, l’action collective pourrait selon eux mener à de réelles avancées.  Maël, étudiant à la Sorbonne, explique en effet : « On est aujourd’hui une génération de mobilisés alors on n’a pas le choix d’avoir de l’espoir. Ce sont nos paroles, nos actions et donc notre espoir qui feront une différence. ».

Les jeunes présents remarquent que la question environnementale est un sujet qui passe sur le plan secondaire pour les politiques. Ainsi, pour Victorien par exemple, « Ça a du mal a fonctionner aujourd’hui en partant d’en haut, donc nous on manifeste d’en bas et on espère que par le nombre et l’action collective on puisse faire changer les choses. ». Pour un grand nombre d’entre eux, leur participation à la manifestation témoigne d’un optimisme et d’une réelle croyance en leur action. Celle- ci ne pouvant qu’avoir des conséquences positives sur les prochaines années. Garder de l’espoir est une façon de croire et d’agir pour rendre effectif ce changement.

Des actions individuelles pour un impact mondial

Motivation et optimisme sont les mots d’ordre qu’il faut retenir de cette marche. Alors qu’ils célèbrent tous ensemble la fin de la marche place de la Bastille au milieu d’une fanfare organisée pour l’occasion, les étudiants nous racontent les actions qu’ils effectuent eux à leur échelle et dont chacun est capable de faire preuve. Limiter sa consommation en général, de viande, de vêtements sont celles qui reviennent le plus avec le recyclage. Mais également, beaucoup nous racontent qu’ils agissent en s’entourant des bonnes personnes, en parlant autour d’eux et en se renseignant sur le sujet : « C’est par des faits concrets, des chiffres significatifs ou encore des images que l’on faire prendre conscience de l’urgence dans laquelle on se trouve » nous raconte Axelle, étudiante à l’Université Paris-Dauphine. Rien qu’en se rendant à cette marche beaucoup de jeunes estiment d’ailleurs faire un petit pas qui pourrait changer la donne.

Les étudiants en profitent par ailleurs pour parler de leurs conditions. S’ils paraissent les plus ambitieux quant aux actions pour l’environnement, ils sont aussi généralement les plus précaires. Emma explique en effet que « Même si l’ont fait le maximum, c’est difficile pour nous étudiants d’avoir le temps et l’argent de faire tout ce que l’on souhaiterait pour l’environnement ». De ce fait, l’objectif est aujourd’hui d’étendre leurs revendications aux plus grandes instances de l’État afin que leurs revendications soient entendues, comprises et respectées par toutes les générations. Que les actions individuelles pour l’environnement deviennent une norme pour les sociétés.

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