Sur un trajet quotidien qui semble banal, il suffit de prêter attention pour rendre compte de l’originalité de certains individus.
Un cinquantenaire aux cheveux oranges levés avec du gel, jean slim noir et t-shirt rose vif passe, sac-à-dos sur l’épaule. Une femme au visage mate et ridé sied par terre, les genoux recroquevillés, un gobelet devant. Elle sourit, son châle autour de la tête lui fait office de voile, elle porte un manteau bleu marine. Un ouvrier attend la pelleteuse. À Neuilly-sur-seine, l’avenue Charles de Gaulle est en chantier. Le feu est vert, tout le monde démarre, les moteurs vrombissent. La police circule sans gyrophare, derrière un camion de dépannage contenant douze voitures.
Un contraste entre le calme immobile des uns et le rythme effréné des autres
Cinq personnes sont assises au Sequoia Café sur l’avenue, dont une femme aux cheveux châtains clairs et un haut beige qui allaite un enfant. Un quarantenaire en anorak gris, les cheveux poivre et sel, marche les yeux rivés sur son portable, pressé, évitant la bousculade au dernier moment. Vingt secondes plus tard, un chien errant qui boîte, couleur caramel, surgit au coin de la rue. Le jardin d’acclimatation semble silencieux. Une Porsche carrera verte du même ton que le bois attend au feu rouge. Un dog-sitter promène quatre chiens. L’herbe du bois est verte et les feuilles commencent à tomber. Un groupe de quatre personnes anglophones erre avec une valise. Le chemin reste vide ensuite.
Le bois de Boulogne, croisement entre travailleuses, clients potentiels, passants
Une femme en robe à motif léopard vert pin, transporte à vélo un chien dans un sac à dos. Une brise se lève, un homme en chemise hawaïenne et en jean fixe son GPS. Il scrute autour. Des voitures et des camionnettes stationnent jusqu’à la Porte Dauphine. Une prostituée brune est enfoncée à droite dans le bois. Elle porte un legging rouge, une fourrure noire et un sac à main. Un petit homme, soixantenaire, en costume bleu-gris se dirige vers une camionnette, hésite puis reste sur le sentier. En face, un groupe d’hommes joue aux cartes et à la pétanque. Un fleuve d’étudiants évite les travaux et transite vers la station de métro. La Porte Dauphine s’offre à nous, dans toute sa nuisance sonore.
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