Paris. Le portrait d’une ville effervescente, siège de la rencontre hétéroclite d’adultes étouffés par une crise persistante des carburants et d’une jeunesse animée d’ardeur bravant le froid de l’hiver à moitié dénudée.
Le temps est blanc, froid comme l’automne l’amène. Le vent glacé cherche la peau. Des dizaines de passants s’agglutinent sur les trottoirs du XVIe arrondissement de Paris. Certains s’accrochent à leur manteau, leur pull, leur écharpe ou leur bonnet. D’autres laissent le vent balayer le tissu, mordre l’épiderme.
Leurs odeurs se mélangent. Leurs pas et leurs voix aussi. Certaines bribes de conversation s’élèvent au-dessus du brouhaha puis se rendorment dans cette symphonie criarde.

Une fraction d’un échange téléphonique nous parvient, celui d’une jeune femme blonde, sourcils froncés et emmitouflée dans une fourrure fauve. « Yoan n’a pas trouvé d’essence, c’est la deuxième fois cette semaine…». La voix tremblote. On n’entend pas la suite car ses pas trop rapides brouillent la fin de la phrase puis la distance noie le reste de la conversation.
Une jeunesse vaillante
Au détour de la rue, le vent souffle à travers les lambeaux du jean d’un adolescent. De larges fentes parcourent verticalement le tissu, ses poils se hérissent sous l’effet du froid. Il n’a sur les épaules qu’une polaire bleu marine, ouverte au col. Le jeune homme a le pas assuré, le torse bombé, un demi sourire accroché aux lèvres. Il lève le menton, ignorant autour de lui l’agitation de ses acolytes hilares.
L’adolescent se baisse pour ajuster l’ourlet de son pantalon. L’instant d’après, un des garçons, pantalon blanc, basket et veste noires, rompt l’espace entre eux en une enjambée impatiente. Il abat sa main sur le tissu fendu et tire sèchement dessus. Le craquement du jean et les rires gras du groupe font écho dans la rue, le nouveau trou découvre un peu plus l’arrière des cuisses du jeune homme.
Apparaît alors, en plein jour, une demi-lune, enveloppée d’un caleçon gris clair.
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