C’est désormais à Villepinte en Seine-Saint-Denis que s’est déroulé le rendez-vous incontournable des passionnés de la pop culture, ce 3 et 4 décembre 2022. Malgré la mauvaise organisation du festival l’année dernière à la Porte de Versailles, les fans étaient au rendez-vous…

Samedi 3 décembre. 10h30. Et déjà des milliers de passionné(e)s attendent devant le grand parc d’exposition de Paris Nord Villepinte. Après avoir affronté de longues files d’attente, il est dorénavant l’heure du rendez-vous tant attendu. A l’instant où les individus franchissent le seuil de l’entrée du Hall 5, ils accèdent à cette 32^ème édition de la Paris Manga & Sci Fi Show, ce lieu tant privilégié par les fidèles admirateurs de la culture pop.

Ce sont plusieurs groupes d’ami(e)s ou de familles qui déambulent dans cette grande salle, certains étant déguisés. Cette convention assure la rencontre de plusieurs cosplayers originaires de toute la France. Ils souhaitent partager leurs passions pour le cinéma, les séries internationales ou l’animation japonaise au travers de leur déguisement. Qu’ils possèdent un seul accessoire ou bien un costume complet de la tête au pied, ils prennent plaisir à prendre des photos avec d’autres visiteurs, admiratifs de leurs efforts. C’est par exemple le cas d’un homme de quarante et un ans, déguisé en Luke Skywalker, personnage emblématique de la série américaine Star Wars ou bien celui d’un groupe d’ami(e)s d’une vingtaine d’années, qui apprécie se vêtir en personnages de la franchise japonaise One Piece.

Et ce sont loin d’être les seules séries concernées. Léa, une jeune femme de vingt-cinq ans, déguisée en la mariée défunte Emily dans le film d’animation Les Noces funèbres, explique que « c’est l’un des moments dans l’année où je prends plaisir à me déguiser avec mon copain ». Certains individus vont même jusqu’à participer aux défilés cosplay afin d’exhiber leurs plus beaux costumes sur scène – avec ou sans prestation théâtrale.

L’heure avance et une ambiance conviviale et décontractée règne parmi les visiteurs, seuls ou entourés de leurs familles ou de leurs ami(e)s. Des individus se distinguent de la foule en détenant des pancartes « Free Hugs » : ils offrent quelques secondes de chaleur humaine et d’affection à d’autres passionné(e)s de la convention.

ENTRE STANDS ET ANIMATIONS DIVERSES

Les visiteurs découvrent une multitude de stands qui sont parsemés dans le Hall 5. Certains emplacements proposent un large choix de vêtements, allant d’un sweat à un déguisement entier – comprenant masque, perruque, accessoire et costume – alors que d’autres soumettent des figurines, des coffrets cadeaux, des (faux) sabres, des pins, des DVD, des posters ou encore des peluches à la disposition des individus. Ces objets dérivés proviennent de différents univers : de mangas avec les populaires shônen – cibles des adolescents masculins –  My Hero Academia et Naruto, de jeux-vidéos avec Genshin Impact ou encore de la K-Pop avec BTS, le boys-band le plus connu en Corée du Sud. Cet ensemble culturel s’adresse à tout public, d’enfants à adultes. L’abondance de ces objets est telle que plusieurs emplacements offrent exactement les mêmes produits afin d’en satisfaire la demande. Manon, une étudiante de 19 ans en première année de psychologie, grande, blonde et vêtue d’un sweat révèle que : « ce qui est bien c’est qu’il y a beaucoup de choses que tu ne trouves pas forcément dans Paris que tu peux acheter directement ici ».

13h. Les stands de nourriture sont déjà envahis de toute part par des centaines de visiteurs. Une odeur de nourriture se répand constamment dans l’ensemble de la salle et happe tous les visiteurs, les incitant à découvrir des mets traditionnels japonais tels que les yakitoris, les ramens et les onigiris. Ils s’assoient après sur le sol, dans un coin du Hall, pour apprécier tranquillement leurs repas, loin de la foule. Il y a également quelques brasseries ou restaurants tels que Paul ou Hippopotamus qui accueillent que très peu d’individus comparés au monde qui se promène dans la convention.

15h. Après la digestion, il est désormais temps d’aller regarder les conférence des invités de cette 32^ème édition, composée d’acteurs, de doubleurs et plus encore. Elle est marquée par la présence de l’acteur Mark Williams, notamment connu pour avoir joué dans les productions britanniques Harry Potter et Doctor Who, de Richard Dean Anderson, acteur emblématique des séries télévisées MacGyver et Stargate SG-1. Ce n’est pas tout : la comédienne de doublage Dorothée Pousséo, voix française de l’actrice australienne Margot Robbie et celle de Vanellope dans Les Mondes de Ralph, demeure parmi les invités au côté, entres autres, de Julien Chatelet, voix française de All Might dans l’animé My Hero Academia et de Battle dans la série One Punch Man. Ces conférences sont l’occasion de faire la connaissance des artistes faisant partie intégrante du monde du cinéma et de l’animation. De plus, des zones de dédicaces sont réservées à la rencontre de stars du web tels que le youtubeur franco-japonais Louis San ou le groupe de musique Starrysky.

En se promenant dans la Paris Manga, les visiteurs peuvent également observer des animations florissantes entre des jeux vidéo, du karaoké, des ateliers d’art créatif, des concerts ou encore le Manga Quizz ou le Le Sci-Fi Quizz destinés à fournir de nombreux cadeaux. La convention offre alors une variété de choix pour divertir l’ensemble du public et ne mettre aucun individu à l’écart. Et pour finir, le Hall 5 est ponctué par des expositions de décors de films et séries américains tels que Ghost Buster, Stranger Things ou Les Animaux fantastiques, rien de tel que pour s’immerge dans ces différents univers fantastiques qui séduisent les fidèles admirateurs de la culture pop.

Un changement de lieu inattendu

Chaque année, la Paris Manga & Sci Fi Show se déroule à la Porte de Versailles à Paris 15^e. Cependant, la 32^ème édition de ce festival a finalement eu lieu à Paris Nord Villepinte, au même endroit que la Japan Expo. Cette décision n’est pas hasardeuse ; elle résulte des conséquences désastreuses de la convention l’année dernière. Deux ans après la pandémie de Covid-19, le salon a été « victime de son succès » et a connu une affluence telle qu’il a été impossible pour les organisateurs de gérer les milliers de visiteurs présents.

« On a fait 4-5 heures de queue pour au final rester pas très longtemps parce qu’il y avait énormément de monde. On n’arrivait pas à marcher, tout le monde se collait, c’était vraiment insupportable » affirme Manon. C’est également l’avis que partage Élodie, une exposante d’une trentaine d’années, de petite taille, brune, portant des lunettes : « C’était une catastrophe pour nous les exposants parce qu’il y avait beaucoup trop de monde dans les allées donc beaucoup de casses et de vols. Je me suis fait voler mon téléphone ! ».

Cette année, le changement géographique de l’évènement divise le public : d’un côté, Élodie explique que « Ça va mieux ; c’est beaucoup plus aéré, les allées sont énormes c’est génial » et de l’autre côté, Mathilde, 22 ans, une visiteuse portant une tenue noire avec une veste rouge, désapprouve cette idée : « Je trouve que c’est dommage qu’ils aient déplacé l’événement ici plutôt qu’à Paris Porte de Versailles. C’est plus difficile d’accès et c’est vraiment loin de chez moi ».

Une montée progressive de tensions

La Paris Manga & Sci Fi Show est également dédiée à la découverte de nouveaux exposants ! Tout au long de la journée, des visiteurs circulent parmi les stands de jeunes créateurs, des éditeurs de magazines, fanzines et webzines. Tous participent à la convention afin de se faire connaître directement auprès d’un public plutôt que par les réseaux sociaux, et de vendre leurs créations. Entre posters, dessins et créations manuelles, l’originalité et la créativité sont au rendez-vous !

Elodie est la fondatrice de Kawaii Gamer’s Life et expose ses dioramas élaborés à partir de figurines officielles. Elle déclare : « Je fais la Paris Manga tous les ans et j’adore ! C’est une convention que j’apprécie aussi pour vendre ». A l’inverse, une autre illustratrice, d’une vingtaine d’années, grande, qui dessine sous divers formats : cartes postales, calendriers, stickers, précise que c’est sa première Paris Manga : « Ce n’est pas du tout décevant et ça marche bien ; il y a de bonnes ventes ».

Cependant, il existe des difficultés qui contrarient autant les exposants que les admirateurs de la culture pop. Élodie soutient que « C’est devenu commercial. C’est dommage parce qu’il y a plus du tout l’esprit de tout le monde qui se réunit autour le fait d’être fan de manga. C’est devenu fric fric fric que ce soit au niveau du prix des stands ou au niveau du prix des entrées : 18€ alors qu’à une époque c’était 11€ ! ». C’est une idée que l’étudiante Manon rejoint en soulignant que : « Le problème de la Paris manga c’est que son but c’est vraiment d’acheter. Si tu viens alors que tu n’as pas forcément d’argent pour acheter, ce n’est pas forcément l’endroit où tu dois venir ».

Toutefois, malgré les contestations, la Paris Manga & Sci Fi Show a réussi à se réinventer en améliorant son organisation, en fidélisant son public et en proposant toujours plus de nouveautés pour attirer de nouveaux visiteurs. Le pari est réussi !

Lisa Tarlet